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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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répéta-t-elle. Qui est là, Maîtresse Swinbrooke ?
    La sœur du prêtre poussa alors un hurlement en voyant une flèche voler au-dessus de sa tête et s'enfoncer profondément dans le montant de la porte en bois. Elle s'enfuit au moment même où Kathryn entendait un bruit de course en direction de la sacristie. La jeune femme attendit un peu, se releva et fit avec calme le tour du pilier. Elle regarda du côté du maître-autel et, prenant son courage à deux mains, s'élança vers le portail. Elle fit irruption dans la lumière du soleil, dévala les marches en trébuchant, suivit l'allée et s'effondra près d'une pierre tombale.

    Amabilia et un père Clement blême survinrent en toute hâte de l'autre côté de l'église. Le prêtre s'était muni d'une épée rouillée et sa sœur avait ramassé une hache.
    — Maîtresse Swinbrooke !
    Ils s'accroupirent près d'elle. Le visage d'Amabilia était écarlate et moite. Elle desserra le col de sa robe, laissa tomber la hache et s'essuya la figure avec un linge humide.
    — Qu'y a-t-il ?
    Kathryn se redressa et essaya de se calmer. Amabilia lui prit la main.
    — Que s'est-il passé, Maîtresse Swinbrooke ?
    —
    Je ne sais, répondit-elle en s'adossant contre la pierre tombale.
    J'étais dans la crypte. On m'a appelée par mon nom. Je suis remontée dans l'église et il y avait un archer.
    Elle s'interrompit et crut un instant qu'elle allait vomir.
    — Voulez-vous un peu d'eau ? proposa Amabilia.
    Kathryn refusa d'un signe de tête.
    — Il a dû tirer peut-être sept ou huit fois.
    — Un homme ? s'enquit le prêtre.
    —
    Je l'ignore, avoua la jeune femme. Je n'ai aperçu qu'une ombre.
    Dieu merci, vous êtes arrivés. Je vous croyais partis en visite.
    — Nous étions partis, en effet.
    Amabilia se releva avec difficulté et tapota l'épaule de son frère.
    — Mais Clement a eu un malaise. Non, non, rien de sérieux : c'est juste quelque chose qu'il a mangé. Nous avons fait demi-tour. Je me suis dit que j'allais inspecter l'église : il arrive que les enfants s'y amusent, surtout Hawisa.
    — Hawisa ?
    — Oh, vous finirez bien par la croiser. On la dit folle. En tout cas, j'ai entendu un cri, continua Amabilia. La porte latérale était fermée, aussi me suis-je précipitée au portail de l'église, quand cette flèche a sifflé au-dessus de ma tête. J'ai cru que je faisais un cauchemar. Je me suis enfuie et suis allée alerter le père Clement.
    — Notre agresseur a déguerpi par la sacristie, expliqua Kathryn.
    — Je croyais avoir fermé l'huis, confessa Amabilia, mais lorsque je suis revenue avec Clement, j'ai constaté qu'il était grand ouvert. Ce malfaisant a dû traverser le cimetière et franchir le mur. Venez, Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn agrippa sa main et se releva. La tête lui tournait un peu et elle avait le corps trempé de sueur tandis qu'elle suivait Amabilia dans l'église. Cette dernière en fit le tour pour ramasser les traits brisés.
    Neuf en tout, chacun de trois pieds de long, empenné de plumes d'oie grises et pourvu d'une cruelle pointe barbelée. Le père Clement les quitta en maudissant à voix basse le forban qui avait osé violer la sainte demeure de Dieu.
    — Je ferais mieux de rentrer au château, déclara Kathryn.
    Amabilia lui serra la main.
    — Voulez-vous que je vous accompagne ?
    Kathryn lui pressa les doigts.
    — Non, je ne risque rien.

    Elle montra du doigt un tas de solides bâtons de frêne sur le seuil.
    —
    Si je pouvais en emprunter un... je ne suis pas très ferme sur mes jambes.
    Elles se dirigèrent vers les marches. Kathryn allait prendre congé quand une belle voix claire entonna :
    Le soleil a tourné
    Et mon cœur avec lui.
    Le jour meurt mais pas mon amour.
    Vous illuminez les ténèbres qui tombent.
    Le froid devient chaud quand je me souviens de vous.
    Les saisons changent mais onc mon amour !
    —
    J'ai déjà entendu ces paroles ! s'exclama Kathryn en descendant les marches. J'en reconnais le style.
    Elle se tourna vers Amabilia.
    —
    Nous avons des chanteurs qui viennent à Cantorbéry. Ils récitent de la poésie sur des cadences mélodieuses. J'ai cru comprendre que c'est tout à fait à la mode chez les érudits des collèges d'Oxford et de Cambridge.
    Elle scruta le cimetière et distingua un mouvement près du mur, l'éclair d'une robe bleue et de cheveux blancs comme neige.
    —
    C'est Hawisa, expliqua Amabilia. Il faut que vous la rencontriez.
    Certains prétendent qu'elle est

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