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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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tués...
    —
    Paix à leurs âmes, Maîtresse Swinbrooke. Aimeriez- vous vous restaurer ? Une cruche de petit-lait, peut- être ?

    Kathryn refusa d'un signe de tête. La porte des morts s'ouvrit et Roger le médecin, suivi du sergent, entra. Ils firent mine de ne pas la voir, descendirent la nef pour examiner le mur près des fonts baptismaux, à l'entrée de l'église, et se mirent à chuchoter entre eux.
    —
    Qu'y a-t-il ? s'enquit Kathryn.
    —
    Oh, l'ignorez-vous ?
    Amabilia approcha son visage de celui de la jeune femme. Elle avait l'haleine fraîche.
    —
    Notre physicien et notre sergent ont un don particulier : ils sont peintres.
    —
    Quoi ? s'exclama Kathryn en se relevant.
    —
    Je sais que c'est curieux, commenta Amabilia avec un petit rire.
    Oui, ils ont tous deux ce talent. Ils ont brossé maintes fresques à la demande de mon frère. C'est-à-dire avant de commencer à se quereller.
    Elle conduisit Kathryn vers les deux hommes. Roger et Walter se retournèrent et Kathryn les entendit grogner de conserve.
    —
    Je vous croyais occupés, dit-elle.
    —
    Nous le sommes, rétorqua Roger.
    Il désigna la fresque à moitié achevée qui représentait le Christ enfant, séparé de ses parents, et assis parmi les docteurs du Temple.
    Kathryn avait déjà vu ce genre de peinture. Celle-ci, moins minutieuse que la miniature d'un manuscrit, révélait pourtant une force particulière grâce à ses vives couleurs. Le temple était en fait une église, Jésus était vêtu comme n'importe quel enfant du village, Joseph tenait les outils d'un charpentier et Marie était une ménagère affairée.
    —
    Où avez-vous appris à peindre ? s'enquit la jeune femme.
    —
    Nous n'avons pas appris, répliquèrent les deux hommes d'une seule voix, comme des jumeaux.
    Gêné, le sergent gratta le sol du pied.
    —
    J'ai été apprenti, autrefois. J'ai travaillé dans des villes comme Ely et Norwich jusqu'à ce que la guerre éclate.
    —
    Dans ma jeunesse, déclara le médecin, j'enluminais des manuscrits, mais les grands de ce monde ont préféré s'entre-tuer que faire adorner leur livre d'heures. J'ai découvert le don de Walter, ajouta-t-il sans pouvoir masquer une note de sarcasme.
    —
    Que nenni ! corrigea le sergent. J'étais ivre lorsque...
    Amabilia s'entremit avec adresse.
    —
    En tout cas, quand le père Clement les en a priés, ils ont peint maintes choses jusqu'à...
    —
    ... jusqu'à ce que nous ne puissions plus nous entendre, compléta Walter en reniflant. A cause de la peinture, vous comprenez, Maîtresse Swinbrooke. Je pense qu'elle doit être mélangée avec de l'huile. Ces trépas, marmonna-t-il, nous ont fait réfléchir. La vie est trop courte.
    Il s'interrompit. Le physicien voulait s'en aller, aussi tous deux s'excusèrent-ils et partirent.

    —
    Moi aussi, je dois vous laisser, dit Amabilia en effleurant la main de Kathryn. Le père Clement et moi devons aller porter des provisions dans une ferme. Restez ici si vous voulez.
    Elle disparut dans la sacristie.
    Kathryn se remémora les tombes et retourna au cimetière.
    Le soleil de l'après-midi baissait, refroidissant le vent marin qui arrachait les feuilles des arbres et les faisait tourbillonner.
    —
    L'automne ne va pas tarder, murmura Kathryn.
    En voyant voler les feuilles or et vert, elle fut saisie par la soudaine nostalgie de son foyer. Elle se demanda comment Thomasina se débrouillait avec ses malades. Saint-Swithun était une belle église, le ciel au-dessus de sa tête était limpide, le soleil brillait et l'été n'avait pas encore tout à fait disparu, mais les ruelles de Cantorbéry lui manquaient. Elle se dirigea vers le coin des indigents et s'agenouilla devant les trois tombes anonymes.
    — Vous avez péri, déclara-t-elle à voix haute, et moins d'un an après les meurtres ont commencé.
    Elle s'interrogea : comment en était-elle venue à cette conclusion ?
    « Il y a deux raisons, songea-t-elle. La première, c'est que ces horribles empoisonnements n'ont pas de motif. La seconde... la seconde ? Ah oui ! »
    Elle enfonça les doigts dans l'un des monticules de terre.
    « Avant qu'on vous assassine, il n'y avait ni crime ni poison. »
    Elle retira sa main et se signa. Peut-être se trompait- elle.

    Et, soudain, elle découvrit une troisième raison. Seuls des membres du conseil paroissial avaient été frappés. L'assassin, ou les assassins, les tenait-il pour responsables d'un méfait ? De l'exécution de ces trois

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