Le Testament Des Templiers
comment dire, motivé.
– Il n’est pas parvenu jusqu’au village. S’il a quitté votre camp à 23 h 30, l’accident a dû se produire vers 23 h 40, dit l’officier d’un ton laconique. Apparemment, il roulait assez vite. Il n’a pas freiné. On ne relève aucune trace de pneu. Il s’est envolé dans les arbres jusqu’à ce qu’un plus haut ne l’arrête. Dites-moi, professeur Simard, avait-il bu hier soir ? »
Luc avait l’air pitoyable. Il entendait bien assumer sa culpabilité. Mais avant qu’il ait pu répondre, Sara s’interposa.
« Nous avons tous bu un peu de vin pendant le dîner, sauf Luc. C’est Luc qui a conduit pour rentrer de Domme. Le temps de revenir, je crois que nous étions tous dégrisés.
– En tout cas, dit Boyer, le médecin légiste a déjà fait des prélèvements sur le corps. Nous saurons bientôt combien il avait bu.
– Je n’aurais jamais dû le laisser y aller seul, s’étrangla Luc. J’aurais dû l’emmener. »
Ayant obtenu sa réponse, l’officier les laissa seuls.
Sara ne savait visiblement pas quoi faire ni quoi dire. Elle posa doucement la main sur l’épaule de Luc, et il ne la repoussa pas.
Une autre voiture arrivait, en provenance du village. Un couple en descendit, c’était Odile et son frère. Elle regarda Luc et Sara, et courut vers le lieu de l’accident, mais un des hommes de Boyer l’arrêta et lui dit quelques mots.
Elle se mit à hurler.
Sara se préparait à aller la soutenir, mais elle n’en eut pas le temps car un des pompiers sortit de derrière son camion et saisit Odile par le bras. C’était son père, le maire, en uniforme de pompier.
Bonnet tira sa fille en arrière, et Sara en fit autant avec Luc, l’entraînant en direction de sa voiture.
« Viens, dit-elle, tu n’as pas besoin de rester ici. »
La lumière de l’après-midi pénétrait difficilement par les fenêtres de la caravane de Luc. Étendu sur sa couchette, il était presque dans le noir. Sara avait rapproché une chaise, et ils se partageaient la dernière bouteille de bourbon d’Hugo.
L’alcool lui avait rendu la bouche pâteuse et l’élocution difficile. Il retira ses mains de derrière sa nuque et fit craquer ses articulations.
« Tu as beaucoup d’amis ? demanda-t-il.
– Quel genre d’amis ?
– Des amis du même sexe. Des filles, en l’occurrence. »
Elle se mit à rire devant cet excès de précision.
« Oui, pas mal.
– Moi, je n’ai pas d’amis hommes, dit-il avec tristesse. Hugo était le seul. Pourquoi à ton avis ? Tu me connais, toi.
– Je te connaissais avant. »
Elle avait bu un peu, juste assez pour compatir.
« Non, non, tu me connais encore, s’entêta-t-il.
– À mon avis, tu passes trop de temps avec les femmes et avec ton travail pour pouvoir avoir des amis hommes. Voilà ce que je pense. »
Il se tourna sur le côté pour lui faire face, avec l’air de quelqu’un qui vient d’avoir une révélation.
« Je crois que tu as raison ! Les femmes et le travail, le travail et les femmes. Ce n’est pas sain. Un tabouret a besoin de trois pieds, non ? Je croyais qu’Hugo allait devenir ma troisième jambe, continua-t-il. Nous étions en train de renouer, de vraiment bien nous entendre, et voilà qu’il disparaît. Le salopard a percuté un arbre. »
Il tendit les deux bras vers elle.
« Non, Luc, dit-elle en se ressaisissant, puis elle se leva. Tu es perturbé. En ce moment, tu as besoin d’un soutien affectif, pas d’amour physique.
– Non, je… »
Elle était déjà à la porte.
« Je vais demander au cuisinier de t’apporter quelque chose à manger, et ensuite je vais aller emballer la Thermos pour le faire partir par le courrier express de l’après-midi. Je veux qu’il arrive à Cambridge demain après-midi. Ils l’attendent chez PlantaGenetics.
– Tu reviendras ? »
Il était pathétique à présent, comme un enfant.
« Quand tu dormiras ! dit-elle d’un ton apaisant. Ferme les yeux et laisse-toi aller. Bien sûr, je reviendrai. Juste pour voir si tout va bien. »
Après son départ, il se redressa sur ses jambes flageolantes et s’aspergea le visage avec l’eau du lavabo.
Il s’approcha du lit vide d’Hugo et se mit à trembler sous l’effet de la rage qu’il avait réprimée toute la journée. Il ferma les yeux et vit rouge. L’heure était à la violence, quelle qu’elle soit. Il donna un coup de poing dans la cloison entre la zone
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