Le Testament Des Templiers
vitesse excessive et peut-être un peu de vin, on pouvait imaginer le résultat.
Le point d’impact était situé à dix bons mètres au-delà de la route, impossible à voir par d’autres véhicules. On aurait dit que la forêt s’était ouverte pour recevoir la voiture, puis s’était refermée après la collision. Peu après 9 heures du matin, un motocycliste avait remarqué les branches cassées et trouvé le véhicule.
La voiture et l’arbre ne formaient plus qu’un seul nœud de bois et de métal, une masse de débris tordus. La force de l’impact avait été telle que l’arbre avait pénétré l’habitacle, délogeant le moteur de ses supports. Les roues avant s’étaient détachées du châssis. Le pare-brise avait complètement disparu. Malgré la puissante odeur d’essence, le feu ne s’était pas déclaré, bien que cela n’eût plus d’importance pour le conducteur.
Un pompier arrosait la chaussée pour enlever l’huile qui s’écoulait lentement dans la descente. Deux gendarmes orientaient la circulation sur une seule voie.
Le lieutenant Boyer et Luc passèrent un triste moment à parler à l’intérieur de la voiture du policier. Contraint et forcé, Luc suivit l’officier jusqu’à l’endroit de l’accident. Avant qu’il n’y arrive, Pierre s’arrêta à bord de sa voiture et Sara descendit précipitamment. Après l’appel téléphonique, elle s’était dépêchée de terminer son travail dans la cuisine. On lui avait seulement dit qu’Hugo avait eu un accident.
En voyant Luc, elle comprit aussitôt.
« Luc, je suis tellement désolée pour toi. »
Le voir pleurer la fit pleurer à son tour, et ils sanglotaient tous les deux en s’engageant dans la pente mouillée.
En tant qu’archéologue, Luc avait l’habitude de manipuler des restes humains. Mais les squelettes avaient quelque chose de propre, d’aseptisé ; sans le côté désagréable de la chair et du sang, on pouvait rester parfaitement scientifique et froid. Il fallait bien chercher pour trouver de l’émotion dans un squelette.
Durant cette brève période, Luc s’était retrouvé confronté à la mort, pas une fois mais deux, et il n’était pas armé pour y faire face, surtout celle-là.
Hugo était horriblement déchiqueté. À quel point, Luc ne le saurait jamais avec certitude, parce qu’au bout d’une seconde il détourna la tête. Il lui avait suffi de regarder à l’intérieur du véhicule par la vitre du conducteur pour reconnaître l’élégante veste vert olive d’Hugo ainsi que ses cheveux raides, soigneusement coupés et coiffés autour de son oreille gauche ensanglantée.
De l’autre côté de l’épave, Luc aperçut soudain un visage derrière la vitre côté passager. C’était un homme d’un certain âge avec des yeux perçants, celui de l’homme soigneusement vêtu qu’il avait rencontré quelques semaines plus tôt dans le café de Ruac.
Luc et l’homme se redressèrent en même temps et se dévisagèrent par-dessus la voiture endommagée.
« Ah, c’est le docteur Pelay, dit Boyer. Vous le connaissez, professeur ? C’est le médecin de Ruac. Il a eu la gentillesse de venir constater le décès.
– Il est mort sur le coup, dit sèchement Pelay à Luc. Le cou cassé bien proprement, C1/C2. Aucune chance de survie. »
L’expression de Pelay et le ton de sa voix mirent Luc hors de lui. Ils étaient d’une dureté extrême, sans la moindre compassion. Hugo aurait mérité une oraison funèbre un peu plus chaleureuse.
Lorsqu’il se redressa complètement et voulut marcher, il chancela. L’officier et Sara vinrent à sa rescousse et l’adossèrent à une camionnette de la gendarmerie pour qu’il retrouve son équilibre.
« Nous avons contacté sa secrétaire. Elle nous a dit qu’il habitait avec vous, dit Boyer, cherchant quelque chose de neutre à dire.
– Il devait rentrer demain, dit Luc, en s’essuyant le nez avec sa manche.
– Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
– Vers 23 h 30 hier soir, au camp.
– Il a quitté l’abbaye à ce moment-là ? »
Luc acquiesça.
« Pour aller voir une femme à Ruac.
– Qui ?
– Odile Bonnet. Nous avions dîné tous les quatre ensemble hier soir, dit-il, en montrant Sara. Il avait insisté pour aller la retrouver.
– Savait-elle qu’il devait venir ?
– Il n’avait pas son numéro de téléphone. Je crois qu’il n’avait même pas son adresse. Mais Hugo était,
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