Le Testament Des Templiers
d’une feuille amère qui soulageait ses gencives douloureuses et d’une écorce forte en tanin qui rafraîchissait son corps lors des grandes chaleurs.
Dès que le garçon avait été en âge de marcher, il avait accompagné sa mère pour récolter des spécimens dans la forêt et dans les pâturages, et il l’aidait à les rapporter au camp dans des sacs en peau de renne.
Il avait toujours eu une mémoire prodigieuse. Il lui suffisait d’entendre une seule fois un cri d’oiseau ou le chant d’un clan pour s’en souvenir à jamais. Il pouvait sentir un pétale de fleur, voir une trace d’animal ou un bouquet de feuilles ne serait-ce qu’une seule fois, ou écouter une seule fois l’explication d’un phénomène – il ne l’oubliait plus jamais.
Et il n’avait pas seulement l’esprit vif. Dès son plus jeune âge, il avait toujours été très habile de ses mains. Il apprit à tailler des silex. Avant même d’atteindre sa majorité, il était le meilleur fabricant d’outils du clan. Il était capable de sculpter le bois et l’os avec autant d’habileté que ses aînés, et il était expert dans la fabrication de lances qui partaient droit et de propulseurs parfaitement équilibrés. Nago avait passé des années à ruminer sa colère devant autant de talents, mais Tal n’avait jamais cessé de respecter son frère, car il avait toujours été persuadé qu’un jour Nago deviendrait le chef du clan.
La mère de Tal lui avait également enseigné à peindre. Le Peuple de la Montagne de l’Ours avait depuis toujours l’habitude de décorer les abris de rochers et les grottes en dessinant au charbon et à l’ocre les contours de grands animaux. Elle traçait des silhouettes réalistes d’ours, de chevaux et de bisons, dans la boue ou la poussière solidifiée, et le garçon lui prenait le bâton des mains pour en faire autant.
Plus âgé, il ramassait des rochers et des argiles de couleur et les écrasait pour en faire des pigments dont il s’enduisait le corps, au grand amusement des adultes.
Il ne restait jamais inactif et cherchait perpétuellement à s’occuper.
À présent, il avait peine à respirer sous le coup de l’effort. Il n’avait pas beaucoup de temps. Le sang s’écoulait du corps de Nago à chacun de ses pas.
Sa mère lui avait enseigné de nombreux cataplasmes. Il y avait ceux pour les coliques, ceux pour le flux, pour les plaies, pour les furoncles, pour les maux de tête et les maux de dents. Il y en avait d’autres pour les blessures anciennes qui suintaient et sentaient mauvais, comme celles de son père, et certains pour des blessures récentes qui saignaient, comme celles de Nago.
L’ingrédient-clé pour étancher le sang frais était une plante grimpante vert vif qui s’enroulait autour de l’écorce de jeunes arbres. Sa mère lui avait expliqué que, de la même façon qu’elle étouffait les arbres, elle arrêterait l’écoulement du sang. Il savait où la trouver, dans une clairière près de la rivière.
Il lui fallait aussi une certaine sorte de baie, connue pour nettoyer les blessures. Il y en avait en quantité sur des buissons non loin de cette clairière.
Et pour bien fixer le cataplasme et lui permettre d’envelopper la blessure et de rapprocher ses bords, il avait besoin de beaucoup d’herbes jaunes. Il y en avait partout autour, toujours en abondance.
Comme le temps était chaud, le clan des bisons avait établi son campement en plein air. À deux jours en direction du soleil couchant, se trouvait un refuge dans les rochers propice à la saison froide, mais la seule protection dont ils avaient besoin pendant cette période était des appentis faits en peau de renne et en arbrisseaux qui s’agitaient dans la brise de l’après-midi.
On étendit Nago à l’ombre d’un de ces abris. Il grinçait des dents de douleur. Sa chemise qui lui servait de bandage suintait de sang.
Tal courut jusqu’à lui. Il avait enlevé sa propre chemise pour y mettre les plantes et les baies dont il avait besoin pour faire le cataplasme.
Les vingt-deux membres du clan, hommes, femmes et enfants, se rassemblèrent autour, mais ils s’écartèrent quand le père de Tal s’avança en boitant. Il implora son fils de sauver son autre fils.
Tal se mit au travail. On alla lui chercher l’ancien bol en calcaire que sa mère utilisait pour faire ses mélanges, et il commença à hacher la plante grimpante avec un silex taillé. Une de ses tantes
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