Le Testament Des Templiers
d’ailleurs.
– Je vais bien.
– Non, je ne le crois pas. Une fois rentré à Bordeaux, tu devrais peut-être voir quelqu’un.
– Quoi, un psy ? Tu plaisantes.
– Certainement pas. Tu as beaucoup souffert. »
Il haussa le ton.
« Je t’ai dit que j’allais bien ! »
Mais il vit que les lèvres de Sara tremblaient et il continua plus doucement.
« Écoute, dès que je retournerai à l’université et que je reprendrai ma routine, tout ira très bien. Vraiment. Et merci pour ta bienveillance. »
Elle préféra changer de sujet en lui faisant part des nouvelles qu’elle avait apportées.
« J’ai reçu un message de Fred Prentice ce soir, mon contact chez PlantaGenetics. Ils ont terminé leur analyse.
– Ah bon ?
– Il paraît assez excité, mais il ne voulait rien communiquer par mail – il a dit qu’il y avait des questions de propriété intellectuelle et de brevets à régler. Il veut que nous venions nous-mêmes à Cambridge.
– Quand ?
– Il a proposé lundi. Tu viendras avec moi ?
– Il faut que je ferme le chantier.
– Pierre, Jeremy et les autres en sont tout à fait capables. Je crois que tu devrais venir. Ça te fera du bien. »
Luc laissa échapper un petit rire.
« Si j’ai le choix entre un psychiatre et un voyage en Angleterre, alors je viens avec toi. »
Au lieu de dormir, Luc fit une entorse à sa propre règle et se rendit à la grotte pour une dernière visite.
Prérogative du directeur, se dit-il.
En descendant l’échelle dans le noir, son casque de mineur éclairant la paroi de la falaise, il imagina un instant Zvi glissant sur un barreau et projeté dans la mort, puis il chassa cette image sinistre et continua sa descente.
Sur la corniche, plongée dans l’obscurité, il enfila sa combinaison protectrice en Tyvek, ouvrit la serrure de la lourde grille et actionna l’interrupteur. Les lampes halogènes rendaient la grotte brillante et dure, bien différente de ce qu’elle devait être des milliers d’années plus tôt.
Il marcha lentement vers le fond, son endroit préféré, la dixième salle. Les chauves-souris étaient toutes parties et la grotte était plongée dans le silence.
Au point le plus éloigné, il se plaça juste en face de l’homme-oiseau grandeur nature debout dans le champ d’orge sauvage. Il avait une bougie. Il l’alluma avec son briquet jetable et éteignit l’électricité. C’est ce qu’avait voulu faire Zvi Alon, connaître la grotte au naturel. Un désir légitime.
À la lumière vacillante de la bougie, l’orge parut osciller tandis que le bec de l’homme-oiseau semblait bouger.
Que disait-il ?
Luc tendit l’oreille.
Je donnerais tout, pensa-t-il, pour pouvoir être à côté de l’homme qui a peint ces images, le regarder, le comprendre, lui parler.
Il souffla la bougie pour passer quelques instants dans le noir le plus total qu’il ait jamais connu.
17
G ROTTE DE R UAC,
30 000 ANS AVANT NOTRE ÈRE
L a première lance ricocha sur la robe dure de l’animal, ne servant qu’à exacerber son courroux sans lui faire de mal.
Les chasseurs l’entourèrent.
La bête était un mâle de bonne taille. Pour eux, le fait qu’ils aient pu l’isoler aussi facilement de la harde traduisait son acceptation d’être sacrifié. L’énorme animal les avait certainement entendus chanter la nuit précédente et s’était résigné à se soumettre à leur volonté.
Mais il était trop noble pour se rendre sans combattre.
Nago, le frère de Tal, s’avança pour lui porter le coup de grâce.
Le bison était acculé sur la rive de la rivière au courant rapide et ses sabots s’enfonçaient dans la boue. Ses naseaux palpitaient et fumaient. Il allait devoir charger. Il n’avait pas le choix.
C’est ainsi que les hommes meurent, pensa Tal.
Il avait dix-sept ans, et c’était un homme mûr, déjà le plus grand de son clan, ce qui lui valait la méfiance de son frère, car, depuis des générations, le chef du clan des bisons était toujours le plus grand. Leur père était encore le chef, mais sa jambe fracturée n’avait jamais guéri. Elle puait comme de la charogne. La nuit, il gémissait pendant son sommeil. Il y aurait bientôt un nouveau chef. Tous les membres du clan savaient que quelque chose arriverait forcément à l’un des frères. Nago, le plus petit, ne pouvait pas devenir leur chef, si Tal, le plus grand, était encore en vie. Tal, le plus jeune, ne pouvait pas
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