Le Testament Des Templiers
été rendues glissantes par la pluie, il progressait rapidement. Des années auparavant, un ancien lui avait enseigné une vieille astuce utile pour l’escalade, et, suivant son conseil, il avait resserré ses bottes souples en peau autour de ses pieds avec des liens en cuir.
Il ferait encore jour quand il atteindrait le sommet, si bien qu’il ne se pressait pas. Il portait deux sacs à sa ceinture, l’un avec des lambeaux de viande de renne séchée, et l’autre avec des outils pour faire du feu. La nuit tombée, il ferait un feu de camp, chanterait et écouterait le chant venu en réponse des feux de camp célestes dans le lointain. Et peut-être même, si son cœur était assez pur, entendrait-il l’incantation provenant du feu de camp de sa mère.
Il ne s’était pas encombré d’une outre. Il savait qu’il y avait une chute d’eau le long des falaises et il l’atteindrait en temps utile pour étancher sa soif.
À mi-chemin du sommet de la falaise, il s’arrêta sur une avancée propice et se retourna en direction de la rivière puissante. Vue de cette hauteur, elle ne paraissait pas aussi fougueuse. La terre s’étendait à perte de vue, comme une mer d’herbes à l’infini. Au loin, deux silhouettes brunes se déplaçaient à travers la savane, un couple de mammouths hirsutes. Tal se mit à rire en les voyant. Il savait que c’était les plus gros animaux de la terre, mais du haut de la falaise il avait l’impression qu’il pourrait les prendre avec ses doigts et n’en faire qu’une bouchée.
À la cascade, il but et lava sa sueur.
Il chercha la meilleure voie pour arriver au sommet et traça un sentier avec ses yeux.
Il se dirigea vers une autre saillie, et, quand il se hissa dessus, il s’arrêta et scruta la falaise.
Un signe !
Il n’y avait aucun doute !
Devant ses yeux, une crevasse obscure s’ouvrait dans la façade rocheuse.
Une grotte ! Il ne l’avait jamais remarquée.
Il s’en approcha lentement. Certaines créatures étaient à craindre. Des ours. Le Peuple de l’Ombre.
Il pénétra prudemment dans l’obscurité fraîche et inspecta l’embouchure de la grotte jusqu’à la limite de la lumière du soleil.
Le sol était dans un état parfait. Les murs étaient lisses.
Il était le premier à y entrer. Il jubilait.
Ce serait la grotte de Tal.
J’étais destiné à devenir le chef !
Quand mon temps sera venu, j’amènerai mon clan ici.
Le lendemain, quand le soleil fut haut, Tal revint à son camp.
Il annonça à son peuple qu’il avait entendu leurs ancêtres chanter, et qu’il avait trouvé une nouvelle grotte dans les falaises. Il ne comprenait pas pourquoi ils paraissaient préoccupés, tous montrant quelque chose sur le sol près du feu de camp. Les femmes pleuraient.
Uboas courut vers Tal et le tira par la manche.
Son frère, Gos, était étendu par terre : il vociférait comme un fou et gesticulait en tous sens, essayant de frapper tous ceux qui voulaient s’approcher de lui.
Tal demanda ce qui était arrivé et Uboas le lui dit.
Le bol de calcaire de sa mère était resté posé près du feu, et le soleil brûlant ajouté à la chaleur du feu en avait fait bouillonner le contenu. Gos était passé par là ce matin-là et, toujours aussi curieux, il avait trempé son doigt dans le liquide rouge et l’avait goûté.
Il était alors devenu comme possédé, hurlant des mots incompréhensibles. Puis il avait continué à raconter des inepties et à se débattre pendant un moment, mais à présent il commençait à se calmer.
Tal s’assit à côté de lui, prit la tête du garçon sur ses genoux et lui toucha la joue. Le contact l’apaisa et ses petits yeux s’ouvrirent.
Tal lui demanda comment il se sentait et lui dit de ne pas avoir peur. Il resterait avec lui jusqu’à ce qu’il aille bien.
Le petit garçon mouilla ses lèvres avec sa langue et réclama de l’eau. Peu après, il s’assit et montra le bol.
Tal lui demanda ce qu’il désirait, et la réponse du garçon provoqua un choc à ceux qui avaient assisté à sa crise.
Il voulait encore du liquide rouge.
18
S AMEDI SOIR
L a maîtresse du général Gatinois allait bientôt atteindre l’orgasme, ou tout au moins lui signifiait-elle à sa manière qu’il était temps de penser à conclure pour passer à autre chose.
Il comprit le message et redoubla d’efforts. Des gouttes de sueur tombaient des fins poils blancs de sa poitrine et se mêlaient à la moiteur de
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