Le Testament Des Templiers
se mit à fulminer ouvertement. Il avait étouffé sa colère pendant la visite d’Abenheim mais, à présent qu’il était loin, il se retira dans sa caravane et claqua la porte. La première chose qui attira son attention fut le creux dans le mur qu’il avait fait la nuit après la mort d’Hugo.
Il avait bien envie de recommencer et d’en finir en traversant complètement le mur taché de sang avec son poing, mais, en refermant les doigts, il se souvint que c’était une mauvaise idée. L’articulation s’était infectée, était devenue rouge et boursouflée, et des marques sombres striaient le dos de sa main. Il n’avait eu ni le temps ni le désir d’aller trouver un médecin. Un des étudiants avait un flacon d’érythromycine qui lui restait après une infection pulmonaire, et Luc s’était mis à avaler les cachets quelques jours auparavant. Il ouvrit son poing douloureux et donna un coup de pied dans une chaise pour se soulager.
Quant à Sara, si Luc avait eu la moindre envie de renouer avec elle, il l’avait enfouie, oubliée, ou peut-être même cette envie n’avait-elle jamais existé. Il n’en avait aucun souvenir.
Elle le laissa tranquille et n’insista pas pour qu’il fasse son deuil. Plus il s’effaçait, plus elle montait au créneau, toujours omniprésente, s’inquiétant avec Jeremy et Pierre pour sa santé et son bien-être. Elle s’y connaissait en matière de dépression nerveuse.
Il lui avait donné l’occasion de l’expérimenter.
La soirée d’automne était froide et les gens s’étaient rassemblés autour du feu, à la manière de leurs ancêtres préhistoriques. Luc savait qu’il devait s’adresser au groupe une dernière fois, même s’il n’avait aucune envie de faire un discours.
Il les remercia pour leurs efforts et cita rapidement la liste de ce qu’ils avaient fait. Ils avaient dressé une carte précise de tout le complexe, depuis la première jusqu’à la dixième salle. Ils en avaient photographié chaque centimètre. Ils avaient obtenu une première datation par radiocarbone à partir du tracé au charbon d’un des bisons, qui confirmait l’hypothèse que la grotte datait de 30 000 ans avant l’ère paléolithique. Ils avaient commencé à comprendre les forces géologiques qui avaient formé la grotte. Ils avaient intégralement fouillé le sol dans les salles 1 et 10. Dans la salle 1, ils avaient trouvé des preuves de la présence d’une fosse qui servait à faire du feu, ainsi que des os de rennes en abondance et des signes d’une longue période d’occupation de l’entrée de la grotte. Dans la salle 10, ils avaient découvert d’autres silex taillés aurignaciens, ce superbe bison en ivoire et, chose incroyable, le bout du doigt d’un enfant. Bien que ce soit le seul os humain qu’ils aient déterré, ça n’en était pas moins une trouvaille miraculeuse qui serait soigneusement analysée au cours des semaines à venir. Sara Mallory avait également recueilli pléthore d’échantillons de pollen à étudier pendant l’hiver. Il omit de mentionner leur cueillette de plantes et leurs expériences culinaires. Pour l’instant, personne n’avait besoin d’être au courant de ce travail marginal.
Il conclut en rappelant à tout le monde que c’était seulement le début, pas la fin. Les fonds étaient déjà prévus pour trois autres campagnes, et ils se reverraient au printemps pour comparer leurs notes rédigées pendant la morte-saison. Il estimait que, même lorsqu’ils seraient vieux et auraient des cheveux gris, ils reviendraient à la grotte de Ruac. Craig Morrison répliqua avec son fort accent écossais que certains d’entre eux étaient déjà vieux et avaient des cheveux gris, merci pour eux !
Puis Luc leva son verre à la mémoire de Zvi Alon et d’Hugo Pineau, et les supplia tous de faire attention en rentrant chez eux.
L’équipe resta à boire et à bavarder jusque tard dans la nuit, mais Luc se retira dans sa caravane. Sara cherchait une excuse pour aller le voir. Elle la trouva en consultant ses e-mails.
« Salut, dit-elle doucement lorsqu’il ouvrit la porte. Je peux venir te tenir compagnie ?
– Bien sûr, entre. »
Il n’y avait qu’une petite lumière. Il n’était pas en train de lire ni de boire. On avait l’impression qu’il était resté simplement assis, les yeux dans le vague.
« Je me suis fait beaucoup de souci pour toi, dit-elle. Tout le monde s’en est fait,
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