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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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trémoussant un peu. Elle avait les yeux grands ouverts, le regard perdu et apeuré mais pas encore désespéré, comme si elle se disait que tout se passerait bien parce que, dans le fond, les gens étaient gentils.
    L’espace d’un instant, Knox imagina qu’il s’agissait de sa sœur, Bee.
    Il secoua la tête avec colère. Cette fille n’avait rien à voir avec Bee. Elle était adulte. Responsable de ses choix. La prochaine fois, elle saurait à quoi s’en tenir. Il se retourna pour s’assurer que la voie était libre. Puis il mit le détendeur dans sa bouche, serra les dents et se jeta en arrière pour aller se réchauffer dans les eaux utérines de la mer Rouge.
    Il imposa un rythme modéré et ne descendit pas au-delà de quatre mètres pour que Roland puisse remonter rapidement à la surface en cas de problème. Des poissons tropicaux divers et variés les regardèrent nager vers le récif, sans la moindre crainte. Parfois, il était difficile de dire où était le spectacle et qui étaient les spectateurs. Un poisson Napoléon, entouré de poissons anges et de labres, passa devant les plongeurs avec une nonchalance royale. Knox le montra à Roland avec une gestuelle de plongée extravagante, car les débutants apprécient toujours d’être traités en initiés.
    Ils atteignirent enfin le récif. Plus bas, la roche ocre et mauve se perdait dans des profondeurs vertigineuses. L’eau était immobile, limpide, et la visibilité, exceptionnelle. En regardant autour de lui, Knox aperçut loin au-dessous d’eux la silhouette menaçante d’un gros poisson. Soudain, il eut un flash. Il se revit au chevet de sa sœur dans un hôpital de Thessalonique. Il fut si secoué par ce souvenir douloureux qu’il s’arrêta.
    Dix ans auparavant, alors qu’ils traversaient le nord de la Grèce en voiture, ses parents et sa sœur étaient sortis d’une route de montagne. Sa mère, son père et le conducteur avaient été tués sur le coup, mais sa sœur avait survécu. Knox avait pris le premier avion. Sur place, il avait été accueilli par un policier plein de sollicitude, qui l’avait emmené d’abord à la morgue, puis à l’hôpital. Un médecin l’avait conduit le long des couloirs blancs jusqu’à sa sœur, admise au service des soins intensifs, où se mêlaient le halètement du respirateur artificiel, le souffle régulier des ventilateurs, le battement monotone et précaire des moniteurs, et les murmures du personnel et des visiteurs, aussi respectueux que dans un funérarium. Le médecin était une femme. Elle avait essayé de le préparer mais, lorsqu’il avait vu Bee reliée à une sonde gastrique et à tout un tas d’appareils, il était resté sous le choc. Bouleversé, il avait eu l’impression d’être le spectateur d’une pièce de théâtre plutôt que l’acteur d’un événement réel. Il avait été frappé par la pâleur bleue de Bee et se souvenait encore de son teint cireux, de cette mollesse qui ne lui ressemblait pas. Jusqu’à ce jour-là, il n’avait jamais remarqué toutes les taches de rousseur qu’elle avait autour des yeux. Il n’avait pas su quoi faire. Il avait regardé le médecin, qui l’avait invité à s’asseoir à son chevet. Lorsqu’il avait posé la main sur celles de sa sœur, il s’était senti mal à l’aise. Dans sa famille, on n’avait pas l’habitude de se toucher. Il avait serré sa main froide et éprouvé une angoisse intense et saisissante, proche de celle d’un père. Puis il l’avait portée à ses lèvres en se souvenant de l’époque où il racontait à ses amis à quel point c’était barbant de devoir s’occuper d’une petite sœur.
    Il tapa sur le bras de Roland, et pointa le pouce vers le haut. Ils remontèrent ensemble à la surface. Le bateau était environ soixante mètres plus loin. Apparemment, il n’y avait personne sur le pont. Knox sentit la colère monter en lui. Son cœur avait parlé avant sa raison. Il retira le détendeur de sa bouche.
    — Restez ici, dit-il à Roland.
    Et il traversa à grandes brassées l’eau claire comme du cristal.
     
    III
    Mohammed el-Dahab serra instinctivement son attaché-case contre sa poitrine lorsque la femme le conduisit jusqu’au bureau d’Ibrahim Beyumi, le directeur du Conseil suprême des Antiquités d’Alexandrie. Elle frappa une fois à la porte, puis l’ouvrit en faisant signe au visiteur d’entrer avec elle. Un homme fringant d’allure assez efféminée était assis

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