Le tombeau d'Alexandre

oblige à m’en informer quoi qu’il en soit.
    — Oui.
    — Que vous risquez la prison si vous ne le faites pas.
    Mohammed se redressa et soutint le regard d’Ibrahim avec le plus grand calme.
    — Oui.
    Ibrahim hocha la tête et fit le tour de son bureau miteux.
    — Je ne peux rien vous promettre, vous en êtes conscient ?
    — Oui.
    — Très bien. Alors dites-moi ce que vous avez trouvé.

Chapitre 3
     
    I
    Knox atteignit rapidement le bateau. Il retira ses palmes, les jeta à bord et grimpa sur le pont. Il ne vit ni Fiona ni Hassan. Les cabines étaient alignées à bâbord. Maintenant qu’il était là, il ne savait pas quoi faire. Il se sentit stupide, comme si tout le monde le regardait. Il retira son gilet stabilisateur, le garda à la main et traversa le pont sans bruit jusqu’aux cabines. Il les ouvrit une par une pour regarder à l’intérieur. Finalement, il en trouva une qui était verrouillée. Il secoua la porte et entendit un cri étouffé. Puis plus rien. Si certaines personnes aimaient et recherchaient la violence, ce n’était pas le cas de Knox. Il eut soudain une vision de lui-même debout devant cette cabine et perdit toute contenance. Il tourna les talons et s’en alla. Mais il entendit la porte s’ouvrir derrière lui.
    — Oui ? demanda Hassan.
    — Je suis désolé, dit Knox sans chercher à le regarder. Je me suis trompé.
    — Revenez ici ! ordonna Hassan irrité. Oui, vous, le gars de Max. C’est à vous que je parle. Venez ici immédiatement.
    Knox revint sur ses pas avec réticence, les yeux baissés en signe de soumission. Hassan n’ayant pas pris la peine de pousser la porte, il vit Fiona allongée sur le lit, les bras croisés sur ses seins nus, son pantalon en toile baissé jusqu’aux genoux, qu’elle avait relevés et serrés. Elle avait une coupure au-dessus de l’œil droit ; sa lèvre supérieure saignait. Son tee-shirt blanc déchiré avait été jeté par terre.
    — Eh bien ? insista Hassan. Qu’est-ce que vous vouliez ?
    Knox regarda Fiona à nouveau. Elle hocha la tête pour lui dire que tout allait bien, qu’elle pouvait se débrouiller, qu’il valait mieux qu’il ne s’en mêle pas. Ce petit geste provoqua une réaction totalement inattendue chez lui, un accès de rage. Il lança son gilet stabilisateur comme un boulet de démolition sur Hassan. Touché au niveau du plexus solaire, celui-ci se plia en deux. Puis Knox lui décocha un coup de poing à la mâchoire avant de le pousser en arrière. Maintenant qu’il était lancé, il ne pouvait plus s’arrêter. Il frappa Hassan encore et encore, jusqu’à ce que celui-ci s’effondre sur le pont. Ce ne fut que lorsque Fiona essaya de le retenir qu’il recouvra ses esprits.
    Hassan était inconscient, le visage et la poitrine tachés de sang. Il avait l’air si mal en point que Knox s’agenouilla à côté de lui. Par chance, son pouls battait encore dans sa gorge.
    — Vite ! s’écria Fiona en tirant Knox par la main. Les autres reviennent.
    Ils sortirent de la cabine en courant. Max et Nessim nageaient vers le bateau. Furieux, ils crièrent lorsqu’ils aperçurent Knox. Celui-ci courut jusqu’à la passerelle, arracha les câbles de la radio bidirectionnelle et du contact. Toutes les clés étaient rangées dans un tube en plastique, dont il s’empara. Le hors-bord était amarré à la poupe par un simple bout. Il descendit l’échelle, approcha le hors-bord, aida Fiona à embarquer, sauta, défit le nœud du câble de remorquage, bondit sur le siège du conducteur et mit la clé sur le contact juste au moment où Max et Nessim, qui les avaient rejoints, montaient à bord. Il lança le moteur et vira brusquement en accélérant. Le mouvement de l’eau déstabilisa Max. Nessim, en revanche, parvint à s’accrocher et à se hisser à bord. C’était un homme robuste, dont la force était décuplée par la colère, mais il était gêné par son matériel de plongée. Knox vira une nouvelle fois d’un coup sec et l’envoya valser dans les airs.
    Il redressa la barre en direction de Charm et fit rugir le moteur. Il s’en voulait terriblement. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Maintenant, il fallait qu’il arrive à sa jeep avant qu’Hassan et Nessim n’ébruitent ce qui s’était passé. S’ils mettaient la main sur lui... Il préférait ne pas penser à ce qui se passerait. Il fallait qu’il quitte Charm, le Sinaï, l’Égypte tout entière. Dès ce soir. Il