Le tombeau d'Alexandre
Mallawi, où les papyrus avaient été découverts. C’était donc parfaitement logique, mais la mémoire de Knox semblait vouloir lui rappeler autre chose.
Une autre paire de phares éclaira le chemin de terre. Knox et Rick se baissèrent à nouveau.
— Tu avais raison, admit Rick, dont le sourire étincela dans l’obscurité.
Lorsqu’il arriva à la route, le deuxième pick-up s’arrêta pour laisser passer les voitures. Ils entendirent les bavardages des ouvriers assis à l’arrière, qui semblaient contents d’avoir fini leur journée. Puis le pick-up reprit la route de Tanta et s’éloigna.
— Bon, cette fois on y va ? demanda Rick.
— Oui.
La lune était lumineuse. Ne voulant ni attirer l’attention ni donner l’impression d’être des rôdeurs, ils avancèrent les phares en veilleuse. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit où ils avaient vu un des pick-up se garer, ils aperçurent une pancarte plantée dans le sol. Celle-ci indiquait en arabe et en anglais que l’accès était réservé au Conseil suprême des Antiquités et à la Fondation archéologique macédonienne. Ils reculèrent un peu, cachèrent la Subaru dans un taillis et sortirent de la voiture. Pendant que Knox dormait, Rick était allé faire quelques achats. Il tendit une torche à son ami mais la nuit était suffisamment claire. Une brise fraîche murmurait dans les branches. Un oiseau hulula. Ils discernaient les lumières statiques d’un hameau au loin, tandis qu’une série de phares jaunes se croisaient sur la route. Leurs chaussures s’enfoncèrent dans la terre. Ils traversèrent un champ et, tout au bout, découvrirent un site en chantier, un ensemble de carrés de quatre mètres de côté séparés par des bermes, puis une série de tombes vides, d’un mètre de profondeur, entourées de terre fraîche. La lumière oblique de la lune n’éclairait pas le fond des cavités. Il leur fallut à peine quinze minutes pour faire le tour du site.
— Ce n’est pas la Vallée des Rois, murmura Rick.
— Tu ne croyais quand même pas...
— Chut !
Rick s’accroupit brusquement, un doigt sur les lèvres. Knox se retourna pour voir ce qui se passait. Quelques secondes plus tard, il aperçut une petite lueur orange entre les arbres.
— Ils sont deux, chuchota Rick. Ils partagent une clope.
Il indiqua une tombe vide. Knox hocha la tête. Ils se laissèrent tomber au fond de la tombe et regardèrent les deux hommes vêtus d’un uniforme vert foncé et d’une casquette s’approcher d’eux. Visiblement, ce n’étaient ni des soldats ni des policiers, mais plutôt des gardes privés. Cependant, ils portaient un étui de revolver noir à la ceinture. L’un d’eux tenait un immense berger allemand en laisse. Celui-ci grognait et montrait les crocs comme s’il avait flairé quelque chose mais ne savait pas encore quoi. Intrigué, l’autre homme alluma sa torche et balaya l’ensemble du site en continuant à s’approcher. Ils parlaient d’une émission de télévision qu’ils avaient vue la veille. Rick se mit de la terre sur la nuque et sur les mains, et incita Knox à faire de même. Immobiles, à plat ventre dans la tombe, ils entendirent les deux gardes marcher dans leur direction. Le berger allemand était désormais complètement excité, mais son maître le retenait en jurant. Le faisceau de lumière rebondit au fond la tombe puis disparut. Un mégot de cigarette encore allumé atterri à côté de la joue de Knox. Un des hommes ouvrit sa braguette et pissa sur le tas de terre en éclaboussant Knox et Rick, pendant que son collègue faisait des commentaires obscènes sur une actrice qui lui plaisait. Puis ils firent demi-tour et s’éloignèrent en traînant derrière eux leur chien agité.
Rick fut le premier à bouger.
— Nom de Dieu, on est passé près, murmura-t-il.
— On ferait mieux de se tirer de là, dit Knox.
— Pas question ! Deux hommes et un berger allemand pour garder un site vide. Je veux savoir où ils vont.
— Ils sont armés.
— Justement, ça devient intéressant.
Rick sortit de la tombe et se mit à suivre les gardes en restant baissé. Puis il se tourna vers Knox et lui fit signe de garder ses distances, sachant qu’il n’avait pas été entraîné à se déplacer discrètement. Knox attendit un peu et sortit à son tour. La lune projetait des ombres spectrales qui réveillaient son imagination. Ils gravirent une longue côte, à travers les arbres,
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