Le tombeau d'Alexandre
se rendre à Siwa – ou à écrire sur l’oasis en tout cas. Il nous a trouvés méchants et sales. Nous lui avons jeté des pierres parce qu’il prétendait être un homme de foi. Le monde est fou ! Et là : Frederick Hornemann. Il était allemand, bien sûr, mais il écrivait en anglais. Son voyage a été financé par la Société africaine de Londres en, voyons, oui, 1798.
— Il n’y a rien de plus récent ?
— Si, bien sûr. Beaucoup de livres et de comptes rendus de fouilles. Mais croyez-moi, quand ces hommes sont venus ici, nos monuments et nos tombes étaient en bien meilleur état. Aujourd’hui, la plupart ont été réduits en poussière. Mon nom est Ozymandias, roi des rois.
Il soupira en hochant tristement la tête.
— Tant de choses perdues, se lamenta-t-il. Voyage à Méroé , de Cailliaud. Vous devez absolument le lire. Vous lisez l’allemand, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Bien. On ne sait jamais de nos jours. Même les universités les plus réputées semblent délivrer des doctorats à des étudiants qui savent à peine parler leur propre langue. Voici Die Oase des Sonnegottes in der Libyschen Wüste, de J.C. Ewald Falls. Et ce criminel de Drovetti ! J’ai dû aller à Turin pour voir Le Canon des Rois. Turin ! Pire que Le Caire ! Ils ont essayé de me tuer avec leurs tramways !
— Quand pouvons-nous commencer ? demanda Elena.
— Quand voudriez-vous commencer ?
— Ce soir.
— Ce soir ! s’exclama Ali en riant. Vous ne vous reposez jamais ?
— Nous n’avons que deux semaines.
— Pas ce soir, je le crains. J’ai pris d’autres engagements. Mais je suis un lève-tôt. Vous serez les bienvenues demain à partir de sept heures.
— Merci.
VI
Rick et Knox firent le tour du bâtiment et se cachèrent dans les arbres de façon à pouvoir voir les gardes sans attirer l’attention du berger allemand. Une heure et demie passa avant que les deux hommes ne reprennent leur ronde. Dès qu’ils furent partis, Rick se précipita vers la porte. Il examina les deux gros cadenas, puis sortit de sa poche un fil de fer recourbé avec lequel il les ouvrit tous les deux.
— Bon sang, où as-tu appris à faire ça ? murmura Knox.
— Dans les forces spéciales australiennes, mon pote ! répondit Rick en souriant avant de mettre les cadenas dans sa poche. On n’y apprend pas à tricoter.
Ils entrèrent. Il y avait un grand puits dans le sol et une échelle en bois fixée à l’une des parois.
— Il va leur falloir seize minutes pour aller jusqu’à l’autre site, affirma Rick. J’ai chronométré le trajet. Aller et retour, ça fait trente-deux. Il faut qu’on sorte d’ici dans vingt-cinq minutes, d’accord ?
— On a intérêt à se dépêcher, fit remarquer Knox un peu nerveux. Il descendit le premier. L’échelle craquait mais tenait bon. Il atterrit sur des éclats de pierre. Son ami le rejoignit et ils s’engagèrent côte à côte dans une galerie étroite. Soudain, Rick aperçut une peinture murale à la lueur de sa torche.
— Ça alors ! murmura-t-il. Je croyais que l’Homme-Loup n’existait que dans les Marvel Comics.
— Ce n’est pas l’Homme-Loup, le corrigea Knox, stupéfait, mais le dieu loup, Oupouaout.
— Qu’est-ce qui se passe ? Tu as vu un fantôme ?
— Pas vraiment.
— Alors quoi ? Tu as deviné ou nous sommes, c’est ça ?
— Je crois.
— Alors vas-y, crache le morceau !
— Qu’est-ce que tu sais de la pierre de Rosette ?
Chapitre 26
I
— Patron ! Patron !
Nessim lança un regard mauvais à Ratib. Depuis qu’il avait offert une récompense de mille dollars, les téléphones n’arrêtaient pas de sonner. La jeep de Knox avait été repérée dans toute l’Égypte, de Marsa Matrouh à Assouan, ainsi que Knox lui-même. Nessim avait hâte d’en finir avec ces recherches et de se reposer un peu, mais plus le temps passait, plus il perdait espoir.
— Oui ? demanda-t-il.
— C’est Abdallah, patron. Mon contact à Tanta. Il dit qu’un de ses hommes a trouvé la jeep.
— Où ça ?
— Le gosse ne dira rien tant qu’il n’aura pas son argent. Et il en veut encore plus. Il réclame mille dollars. Mais Abdallah en veut mille aussi.
Nessim se renfrogna. L’argent n’était pas un problème. C’était celui d’Hassan après tout. Mais il n’aimait pas le chantage. Il réfléchit un instant. Si c’était vrai... Il ouvrit son portefeuille pour voir
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