Le Tombeau De Jésus

arrivait parfois que les frères et sœurs soient épargnés. Ainsi, quand Caligula fut assassiné, les soldats tuèrent également son plus jeune fils, mais ses sœurs furent épargnées. En outre, son oncle Claude survécut et devint empereur. Les proches de Jésus savaient donc que les Romains n’hésiteraient pas à tuer son fils, tandis qu’un jeune frère aurait une chance d’être épargné.
    — Si je comprends bien, tu penses que ce jeune frère de Jésus pourrait en réalité être son fils, répéta James, et que les apôtres l’ont fait passer pour l’enfant d’un autre afin d’assurer sa survie.
    — Ce n’est pas impossible, acquiesçai-je. Rappelez-vous, dans la Bible, Abraham convainquit sa femme de détourner la colère du pharaon en se faisant passer pour sa sœur. En outre, selon Eusèbe, environ cinquante ans après la crucifixion, l’empereur Domitien fit comparaître deux petits-fils de Judas devant lui parce que les Romains se sentaient toujours menacés par les descendants de Jésus.
    — C’est une hypothèse audacieuse, mais elle est plausible. L’existence de cet enfant, dont les restes ont été placés dans l’ossuaire 80/501, aurait été dissimulée – probablement même à la plupart des apôtres – du vivant de Jésus et sans doute sur son ordre…
    C’est le moment que Simcha choisit pour nous révéler ses dernières découvertes :
    — Il y avait dix ossuaires dans le tombeau, tous catalogués. Six portaient des inscriptions ; quatre en étaient dépourvus. Mais Tabor et Gibson ont vérifié les documents et il n’y a plus que neuf ossuaires dans l’entrepôt de l’AAI. L’un des dix est manquant, le numéro 80/509. Il était tout simple et c’est le seul à n’avoir pas été photographié, mais nous connaissons ses dimensions.
    — Que s’est-il donc passé ? s’enquit James.
    — Je suppose qu’il a disparu quelque part entre Talpiot et le siège de l’AAI au musée Rockefeller, répondit Simcha. L’explication la plus probable, c’est que quelqu’un l’a dérobé. Et le lendemain, Gat et les autres ont dû se demander comment ils allaient expliquer l’absence d’un ossuaire. Ils ont alors indiqué dans leur rapport qu’il avait été cassé ou endommagé, en spécifiant ses dimensions – 60 x 26 x 30 centimètres –, sans photos et avec la mention « anonyme », c’est-à-dire sans inscriptions visibles. Mais selon moi, il s’agit de l’ossuaire de Jacques.
    — Je croyais qu’il s’agissait d’un faux.
    — Tout le monde en est persuadé, parce que les médias n’ont cessé de le marteler. Je pense au contraire qu’il est authentique. D’ailleurs, personne ne met en doute l’authenticité de l’ossuaire lui-même ni de la première partie de l’inscription « Jacques, fils de Joseph ». Seule la seconde partie – « frère de Jésus » – fait l’objet de controverses. Imaginons que l’on puisse démontrer que l’ossuaire manquant est celui de Jacques…
    — Les probabilités exploseraient, complétai-je. Il n’y aurait alors plus aucun doute ; il s’agirait bien du tombeau de famille de Jésus.

Cher Charles,
    Le projet de film documentaire est en bonne voie. Quelques jours après que James nous a rejoints, nous avons signé un accord avec Discovery Channel aux États-Unis, Channel 4 en Grande-Bretagne et Vision TV au Canada. La recherche du tombeau peut réellement commencer.
    Bien à toi,
    Simcha















Dans le sous-sol de Jérusalem, le Tombeau aux dix ossuaires continuait de baigner dans une vapeur minérale. En l’an 312, lorsque l’empereur Constantin se convertit au christianisme, les ossements étaient d’ores et déjà recouverts d’une patine composée de calcium, de silice et de traces de métaux libérées par la roche de fond et les parois. Parfois, comme dans le cas de l’ossuaire qui serait un jour numéroté IAA 80/506, une inscription ou un ornement souffrirait de cette évaporation minérale, devenant indéchiffrable, à l’exception, dans le cas de 80/506, d’une grande marque en forme de croix sur un côté. En d’autres endroits, une patine s’est accumulée lentement, couche après couche. La patine minérale, en s’incrustant sur la surface des dents et des arcades sourcilières, a formé une carapace hermétique, protégeant encore plus ces vestiges du monde extérieur. L’une des caractéristiques de cette patine est qu’en s’épaississant suffisamment, tout