Le Tombeau De Jésus
manifeste qu’elle n’est pas seulement sa sœur sur un plan spirituel ; elle est clairement sa sœur par le sang. Et le texte indique tout aussi clairement que cette Marie ne doit pas être confondue avec la mère de Jésus, parce que la Vierge Marie est mentionnée séparément dans ce même texte, dans un contexte différent de celui de Mariamne, qui voyage en compagnie de Philippe. Ce qui est tout aussi explicite, tout au long des Actes de Philippe, c’est que la sœur de Philippe porte même le titre d’« apôtre », c’est-à-dire d’envoyé. Chaque fois que le texte décrit ces trois apôtres , qui vont de ville en ville, il mentionne leurs noms selon la même séquence : Philippe, Mariamne et Barthélémy. Cette Marie Madeleine, poursuivit Bovon, cette Marie des Actes de Philippe, est l’égale des autres apôtres ; elle prêche, baptise et accomplit des miracles tout comme eux. Elle semble même plus éclairée que Philippe. Un autre élément intéressant, c’est que cette Marie apparaît soudain comme un personnage majeur du mouvement chrétien, sans qu’il soit fait la moindre mention de sa vie antérieure, en dehors du fait qu’elle est la sœur de Philippe.
Dans les Actes de Philippe (8, 95), quand Jésus ressuscité apparaît devant Mariamne, il évoque les pouvoirs miraculeux donnés aux apôtres et s’inquiète de l’attitude de Philippe face à la résistance des païens. Incapable encore de suivre le message de Jésus dans Luc (6,35-36) – « Aimez vos ennemis, faites du bien… et vous serez fils du Très Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants. » –, Philippe risque de se mettre en colère et d’utiliser abusivement ses pouvoirs. C’est pourquoi Mariamne, « choisie entre toutes les femmes » par Jésus, doit accompagner Philippe, où qu’il aille.
« Et change ton apparence de femme », dit Jésus en guise de dernière instruction à Mariamne. Jésus lui enjoint-il de changer de vêtements, d’éviter de porter une robe peu commode sur la longue route vers la Grèce, ou de se faire passer pour un homme ? Le professeur Bovon voit dans cet ordre un sens plus mystique, enfoui dans une tradition chrétienne perdue depuis l’Antiquité. Il observe qu’un message très similaire est évoqué dans les derniers versets de l’Évangile de Thomas. Le corps masculin ou féminin ne doit pas seulement être considéré comme l’enveloppe extérieure qui habille l’esprit. Ce qui importe, c’est l’esprit qui habite cette enveloppe.
Si la Mariamne de l’ossuaire numéro 80/500 était bien l’apôtre découvert par le professeur Bovon, son voyage physique et spirituel jusqu’à son lieu de repos final a été inhabituellement mouvementé.
L’Évangile de Thomas nous montre la vive opposition de Simon-Pierre à la présence de Marie Madeleine parmi les apôtres :
Que Mariam sorte de parmi nous, parce que les femmes ne sont pas dignes de la Vie. Et Jésus lui répondit, en colère : « Voici que je l’attirerai afin de la faire mâle, pour qu’elle soit, elle aussi, un esprit vivant, semblable à vous, les mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le royaume des cieux. »
Le rôle dévolu à Marie Madeleine par Jésus ainsi que son conflit avec Simon-Pierre sont évoqués à nouveau dans l’Évangile de Marie Madeleine, découvert à Nag Hammadi en 1945. Un an et demi après sa crucifixion, Jésus apparut devant Marie Madeleine seule et lui livra une dernière révélation ainsi qu’une instruction. Le chapitre 5 de l’Évangile de Marie Madeleine commence par évoquer le manque de courage qui affecte Philippe et les autres apôtres, un épisode très semblable à certains passages de l’Évangile de Jean et des Actes de Philippe : « Les disciples étaient dans la peine ; ils versèrent bien des larmes, disant : “Comment se rendre chez les païens et annoncer l’Évangile du Royaume du Fils de l’Homme ? Ils ne L’ont pas épargné, comment nous épargneraient-ils ?” »
Marie Madeleine s’adresse alors à eux pour leur redonner courage : « Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa grâce vous accompagnera et vous protégera. » Ce message est exactement le même que celui adressé au frère de Marie Madeleine dans les Actes de Philippe (8,95) : « Pourquoi as-tu peur ? Puisque je suis toujours avec toi. » Elle les encourage encore un peu plus loin (5,1-3) : « Ne soyez pas dans la
Weitere Kostenlose Bücher