Le Tombeau De Jésus
partie raison ? avança James Cameron.
— OK, dit Simcha, on va jouer au Da Vinci Code un petit moment. Mais, autant que possible, fondons nos spéculations sur des faits. Pour commencer, au lieu d’analyser une œuvre de Léonard de Vinci, examinons un tableau du Pontormo, l’un de ses élèves.
Depuis le succès planétaire du Da Vinci Code , le tableau de Léonard de Vinci, La Cène, a focalisé l’attention du public. Et pourtant, le tableau « codé » de loin le plus intéressant est le Souper à Emmaüs de Jacopo Caracci, dit le Pontormo.
— Le repas mis en scène dans ce tableau a la particularité de se dérouler après la crucifixion, ajouta Simcha.
Le Souper à Emmaüs illustre le repas qui se tint au village d’Emmaüs après la résurrection, à environ dix kilomètres de Jérusalem – « éloigné de Jérusalem de soixante stades », précise Luc (24, 13).
Dans le récit de Luc, deux des disciples qui découvrirent le tombeau vide marchaient vers Emmaüs, discutant des événements, quand « Jésus s’approcha, et fit route avec eux » (Luc 24, 15-16). Toutefois, ces deux disciples ne purent le reconnaître. Jésus leur demanda pourquoi ils avaient l’air si tristes. « L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ? Quoi ? leur dit-il. Et ils lui répondirent : Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (Luc 24, 18-19).
Jésus marcha en leur compagnie, discutant des Écritures et des prophéties, toujours incognito, même quand ses compagnons l’invitèrent à rester à Emmaüs pour le souper : « Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna » (Luc 24, 30).
Après avoir soupé avec eux, Jésus se fit soudain reconnaître : « Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux » (Luc 24, 31).
C’est ce souper que le Pontormo a choisi d’illustrer : Jésus en est naturellement la figure centrale. Il rompt le pain, tout comme dans l’Évangile de Luc. Il est le seul personnage auréolé. Ce qui est très étonnant, c’est le symbole au-dessus de sa tête : un triangle, avec en son centre l’œil qui voit tout. Comment le Pontormo pouvait-il connaître ce symbole quinze siècles plus tard ? Comment cette information aurait-elle été transmise de Jérusalem jusqu’à Florence, pour se retrouver encodée dans le tableau du Pontormo ?
— Ma théorie, reprit Simcha, est que les premiers disciples de Jésus, auxquels on attribue des noms divers – ébionites, nazaréens ou judéo-chrétiens – n’ont pas disparu à l’époque de Constantin et de l’avènement de l’Église des Gentils. Je pense qu’ils ont survécu, malgré les accusations d’hérésie portées contre eux par Eusèbe au IV e siècle. Dans ces conditions, que pouvons-nous en conclure ?
— Ils sont entrés dans la clandestinité, dis-je.
Il existait encore quelques petits groupes d’ébionites quand l’évêque Eusèbe de Césarée écrivit sa monumentale Histoire de l’Église , entre 325 et 339. Eusèbe les considérait comme une menace pour le christianisme : ces hérétiques héritiers des thèses judéo-chrétiennes voyaient en Jésus un « homme simple et ordinaire » qui, malgré ses miracles et ses prophéties, vécut une existence tout à fait humaine, étant né, comme n’importe quel autre être humain, « de relations entre Joseph et Marie » (Livre 3, 27 ; 5, 8). Eusèbe reprochait en particulier aux ébionites d’observer la loi juive, la Torah. Voici comment il les décrit :
Ils observaient le sabbat et tout le cérémonial juif, mais le Jour du Seigneur, ils célébraient les mêmes rites que nous en commémoration de la résurrection du Sauveur. Du fait de ces pratiques, on les a alors surnommés ébionites, un nom qui indique la pauvreté de leur intelligence, car ce mot signifie « pauvre » en hébreu.
Autrement dit, dans le langage d’aujourd’hui, Eusèbe considérait les disciples juifs de Jésus comme une bande d’arriérés.
Reste que Jésus, les deux Marie, les apôtres et tous les premiers disciples de Jésus (y compris Simon de Cyrène) étaient juifs. À Jérusalem, Jacques, Pierre et tous ceux qui fondèrent la
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