Le Tombeau De Jésus
détruite à cinq ou six reprises par les Romains, les chrétiens et les musulmans. Cependant, au Xe siècle, à Cordoue en Espagne et à Jérusalem, Juifs et Arabes entreprirent de fonder des bibliothèques et d’installer un système d’adduction d’eau, avec citernes et voies d’irrigation. Sur les collines autour du tombeau, les deux peuples sémitiques unissaient leur savoir-faire pour réintroduire un éclairage public, favoriser l’étude de l’alchimie et la culture en terrasse. Les chiffres arabes détrônaient les vieux chiffres romains incommodes, tandis que l’algèbre, la chimie et les sciences physiques faisaient leur apparition. L’apport de techniques nouvelles, alliages, teintures et verres optiques, semblait marquer la fin d’une ère obscurantiste.
— Chapitre 9 –
DEUX POIDS DEUX MESURES
Il y aura toujours des gens pour qui lier des ossuaires à des personnages du Nouveau Testament est un non-sens. L’idée que l’on puisse découvrir des objets archéologiques en relation avec des récits évangéliques sur Jésus et sa famille suscite toujours une forte résistance parmi les scientifiques.
Pourtant – et cela surprendra sans doute la plupart des lecteurs – les scientifiques n’hésitent pas à attribuer des ossuaires à des figures importantes des Évangiles, à condition qu’ils ne soient pas liés à Jésus ou à sa famille. Ainsi, dix ans après la découverte du tombeau de Talpiot, un autre bulldozer mit au jour par accident, dans la « forêt de la Paix », près de Jérusalem, celui de Caïphe, le grand prêtre du Temple qui, selon les Évangiles, avait condamné Jésus. Cette découverte fit la une de la presse internationale.
Ce tombeau était deux fois plus petit que celui de Talpiot et ne possédait pas d’antichambre. Parmi les objets trouvés à l’intérieur, il y avait des lampes à huile en céramique et une petite bouteille en verre contenant des restes d’onguent parfumé. La découverte la plus sensationnelle fut, bien sûr, celle de deux ossuaires portant le nom de « Qafa », ou Caïphe. Sur le plus richement décoré des deux – en fait, le plus ornementé de tous les ossuaires connus –, deux parois étaient ornées de deux ensembles de six rosettes inscrites dans des cercles, tandis que trois bordures étaient décorées de bandes à motif de palmiers. Cet ossuaire portait l’inscription « Yoseph bar Qafa », « Joseph, fils de Caïphe ». Il s’agit du grand prêtre évoqué dans les Évangiles (Luc 3, 2 ; Jean 11, 49), et dont le nom complet – « le grand prêtre Joseph appelé Caïphe » – est décliné par Flavius Josèphe dans les Antiquités juives (18, 2).
Comme on l’a vu, du point de vue statistique, « Joseph » était à l’époque du Second Temple l’un des noms les plus répandus dans la région de Jérusalem – il représente quatorze pour cent des prénoms masculins sur les ossuaires inscrits répertoriés. Caïphe, à l’inverse, est unique (moins d’une occurrence sur 200, soit environ 0,5 %, selon les chiffres de Lemaire). En se fondant sur ces pourcentages, seulement un homme sur 1 400 à Jérusalem était susceptible de s’appeler « Joseph, fils de Caïphe ».
Détail intéressant, les scientifiques n’ont jamais fait d’analyses statistiques à partir de cet ossuaire. Ils ont seulement supposé – à juste titre, en fin de compte – qu’il s’agissait du tristement célèbre Caïphe du Nouveau Testament. Aujourd’hui, il est exposé au musée d’Israël et présenté comme l’ossuaire qui contint jadis les ossements du grand prêtre.
En l’absence d’analyses statistiques, comment les scientifiques peuvent-ils être si sûrs qu’il s’agit bien du Caïphe du Nouveau Testament ? David Mevorah, conservateur des périodes hellénique, romaine et byzantine au musée d’Israël, indique que deux éléments l’ont conduit à cette conclusion : la rareté du nom Caïphe et l’« ornementation luxueuse » de l’ossuaire, qui témoigne d’une lignée sacerdotale.
Mais l’ossuaire de Caïphe n’est pas le seul que les archéologues aient associé à un personnage du Nouveau Testament.
À Jérusalem, à la cinquième station du chemin de croix, il existe une église dédiée à Simon de Cyrène, l’homme qui, selon les Évangiles, aida Jésus à porter la croix. L’Évangile de Marc identifie Simon et ses deux fils par leurs noms et leur lieu d’origine : « Ils
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