Le Tombeau De Jésus
première Église jérusalémite créèrent certes une secte réformiste, mais qui demeurait fondamentalement juive.
Quand ils n’étaient pas appelés « ébionites », les premiers disciples de Jésus étaient désignés comme « nazaréens ». Ce terme peut avoir plusieurs origines : peut-être Jésus était-il originaire de Nazareth, ou bien appartenait-il au groupe ascétique des « naziréens » (les « séparés » ou les « consacrés »), à moins qu’il ne fût un « netzer », c’est-à-dire un descendant de la lignée royale de David. Dans Matthieu (2, 23), le terme est appliqué à Jésus lui-même, « afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen ». L’action des nazaréens est évoquée vers l’an 57, quand Paul, convoqué au tribunal devant le gouverneur Félix de Césarée, est l’objet d’une attaque violente de l’orateur Tertulle : « Nous avons trouvé cet homme, une peste qui provoque des disputes parmi tous les Juifs du monde, dirigeant de la secte des Nazaréens, et qui a même profané le Temple » (Actes 24, 5).
Dans sa réponse, Paul accepte l’accusation sans hésitation puis, avec fierté et même d’un ton provocateur, définit ainsi la secte nazaréenne : « Mais je t’avoue pourtant ceci : selon la voie qu’ils appellent une “secte”, c’est ainsi que je sers par un service sacré le Dieu de mes ancêtres, car je crois à tout ce qui est écrit dans la Loi [l’Ancien Testament] et dans les Prophètes » (Actes 24, 14).
« Nazaréen », à l’époque de Jacques et Paul, désignait, semble-t-il, les premiers disciples juifs de Jésus de Nazareth. Quand Paul et Barnabas se rendirent à Jérusalem pour discuter de l’intégration des Gentils – les « incirconcis » – dans la nouvelle Église, la décision finale fut prise par Jacques : « C’est pourquoi je suis d’avis qu’on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés et du sang » (Actes 15, 19).
En d’autres termes, jusqu’à la chute de Jérusalem, c’étaient les nazaréens/ébionites qui prenaient les décisions dans le mouvement juif de Jésus et, apparemment, on ne pouvait pas les distinguer de la population juive en général.
De fait, Tacite et Suétone, dans leurs chroniques sur le règne de Claude, semblent incapables d’établir une distinction entre l’Église des premiers chrétiens et le judaïsme : « Ce nom leur vient de Christ que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livre au supplice. Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition faisait de nouveau irruption, non seulement en Judée, berceau du mal, mais encore à Rome » (Tacite, Annales).
Suétone, dans sa Vie de Claude , ne fait aucune distinction entre chrétiens et juifs : « Il [l’empereur Claude] chassa de la ville les Juifs qui se soulevaient sans cesse à l’instigation d’un certain Chrestus. »
Bien que l’on affirme qu’ils aient disparu après la destruction de Jérusalem, certains indices laissent penser que les judéo-chrétiens ont survécu longtemps après. En dehors d’Eusèbe, il existe une tradition chrétienne intéressante concernant la découverte de la « vraie croix ». Selon cette tradition, Hélène, la mère de l’empereur Constantin, vint à Jérusalem pour localiser les sites historiques associés à Jésus. Pour trouver le lieu de la crucifixion, Hélène réunit les « rabbins » de la ville. Assurément, ces derniers ne pouvaient être des rabbins du judaïsme orthodoxe, car ils n’auraient pas pris soin de préserver des sites associés à un homme considéré comme un faux messie. La conclusion s’impose que les gens que réunit Hélène étaient des judéo-chrétiens.
Dans cet épisode, Hélène indique que ces « rabbins » détiennent une « connaissance secrète », liée aux sites historiques du ministère de Jésus. Hélène contraint par la torture Judas, l’un de ces Juifs – qui deviendra plus tard évêque de Jérusalem sous le nom de Cyriaque et mourra en martyr chrétien –, à divulguer le lieu secret de la crucifixion.
— Et si Hélène n’avait pas posé les bonnes questions ? demanda Simcha. S’il existait un tombeau de famille de Jésus, mais qu’elle n’ait pas pensé à
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