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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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bouger.
    Soudain, un corps me tombe dessus, hoquetant, râlant, d’une voix rauque.
    — Les salauds ! Les salauds !
    Je reconnus un de mes camarades. J’essayai de le calmer. Mais il n’entendait rien. Il se releva et fonça sur un grand énergumène écumant qui le reçut d’un violent coup de pied dans le ventre. Il s’écroula et se raidit dans un dernier soubresaut…
    Maintenant, les couteaux, les poinçons qui avaient été camouflés au départ, ressortaient… et la bagarre devenait sanglante. On se lardait avec une rage démoniaque. Je voyais comme dans un cauchemar des gorges tranchées, des plaies affreuses, des yeux crevés. Les mots n’existent pas pour dépeindre un pareil spectacle.
    Nous n’étions plus que quelques-uns, blottis dans un coin, à garder notre sang-froid. Et encore, à chaque instant, un nouveau était gagné par la folie et allait se faire tuer dans cette fournaise de démence.
    11 h 20  – Reims gare.
    Paul-Émile Renard, le secrétaire général de la gare de Reims, rejoint le « saboteur » Ollinger dans le poste d’aiguillage n° 2.
    — Vous êtes seul ?
    — Oui !
    — Un beau gâchis. Les types de la Gestapo de Reims perquisitionnent dans la gare. Ils vont interroger tous ceux qui savaient que le 7909 était un train de déportés. Mais ça c’est pas grave, on a l’habitude… ce qui est grave c’est que le pétard a foiré. Un véritable pêt de nonne… Un rail tordu…
    — C’est pas possible !
    — J’ai vu un V.B. cix qui revenait avec la draisine chercher du matériel. Tout de suite après l’explosion, Richter cx a envoyé une équipe sur place et dans une heure le train sera en gare.
    Roger Ollinger ouvre le cahier des prises de service.
    — On me relève à midi. J’ai encore le temps… si je trouve du plastic. Mais ici, il n’y a que des barres de 808. Et le 808 ça manque d’énergie ; si je pouvais trouver du P.2. Car le P.2. ça saute.
    — Pas de blagues. Ils surveillent sans doute depuis cette alerte, tout le parcours jusqu’à la frontière. La Gestapo, Richter, tout le monde est pendu au téléphone.
    — Il y a peut-être une solution… parce que… le plastic… je trouverai peut-être un pain mais pas de crayon détonant ; alors il reste la solution du déraillement de la machine. Je vais voir avec Betheny cxi .
    11 h 30-14 heures  – Saint-Brice.
    Un minuscule étang, un canal, deux allées de peupliers, deux champs de betteraves, une garde-barrière, une cité ouvrière dominée par la cheminée de briques rouges de la verrerie de Saint-Brice, quelques cabanes à lapin, un terrain vague, une décharge publique, des jardins de maraîchers, six « villas »… entre 11 h 30 et 14 heures, le 7909 va manœuvrer trois fois sur ce kilomètre. Déplacements « en arrière » incompréhensibles, puisque la voie est toujours coupée. Un capitaine venu de Reims dirige la manœuvre. Il imagine sans doute que la Résistance, après avoir immobilisé la rame, attend le moment favorable pour passer à l’attaque.
    Le personnel de la Gestapo de Reims perquisitionne à Champigny, Tinqueux, Thillois et au faubourg de Vesle. Dans le haut de Saint-Brice, deux arrestations sont maintenues cxii .
    Wagon Liotier.
    Il y a une heure cxiii , j’ai enlevé ma veste. Maintenant, je suis torse nu. Tous mes compagnons en ont fait autant. Je vais même, si je le peux, enlever mes chaussures et mes chaussettes car la sueur me brûle le dessous des pieds et me fait terriblement souffrir.
    Comme si la respiration de cet air humide n’était pas suffisante, une forte odeur d’urine nous incommode ; en effet, dans l’impossibilité de faire un mouvement et en l’absence de tinettes, chacun satisfait ses besoins sur place, comme des bêtes. De temps à autre, on sent un liquide chaud, brûlant qui dégouline le long des jambes ; certains même, atteints de dysenterie ont été contraints de se soulager à même le plancher. Il faut bien supporter tout cela puisqu’il n’existe, pour eux comme pour nous, aucune autre possibilité. Malgré ces incommodités, le calme règne dans le wagon.
    Quelques-uns, sans doute, commencent à se plaindre de la chaleur mais, dans l’ensemble, c’est encore supportable.
    Nous avions tous espéré, en roulant, un renouvellement plus fréquent de l’air et une meilleure évacuation des mauvaises odeurs. Malheureusement, la lenteur et les fréquents arrêts prolongés du convoi, ne permettent

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