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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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ordre répercuté :
    — Éteignez les projecteurs.
    Le lieutenant S.D. et les « jumeaux », suivis à distance par Triepmacher, se dirigent vers les bureaux de la gare où ils se calfeutrent.
    Les soixante schupos de Dietrich remplacent dans les trois wagons de voyageurs, les vigies et, sur la plate-forme, les soldats venus de Compiègne.
    Triepmacher abandonne son bureau aux trois officiers et refoule le 7909 sur la voie III du triage. Le train s’immobilise à huit cents mètres de la gare.
    Le « passage des consignes » et la « mise au courant » se passent donc sans témoins. Lorsque, quatre ans plus tard, Dietrich arrêté sera interrogé par ta Commission d’enquête sur les Crimes de guerre, il répondra :
    — Quand j’ai appris qu’il y avait quatre cent cinquante morts, je n’étais pas dans mon assiette ; c’était déplaisant. Ce grand nombre de morts ne m’était pas indifférent puisque j’ai téléphoné aussitôt à Metz pour en rendre compte. On m’a répondu que je devais convoyer les vivants et les morts. Vous ne savez pas ce que c’était que de désobéir sous Hitler et Himmler… Lorsque j’ai eu effectué le dénombrement, j’ai téléphoné à mon service de Metz pour qu’ils m’envoient un camion de chaux pour jeter sur les cadavres. Quant à l’officier S.D. que j’ai relevé en gare de Novéant, j’ai donné son nom en arrivant à Dachau, mais depuis j’ai oublié…
    22 heures  – Sarrebourg.
    Avant de quitter son bureau, le capitaine Mulherr demande par téléphone, à Jules Martin, responsable de la Croix-Rouge, d’assurer la préparation de deux mille rations supplémentaires. Le 4 juillet, en effet, une dizaine de convois militaires doivent transiter par Sarrebourg et la cuisine du quai militaire arrête en général ses précisions à 21 heures. Mulherr demande encore :
    — Ce n’est pas trop tard pour la cantine ?
    — Non, je serai sur place moi-même demain matin.
    23 h 50  – Novéant, voie de garage.
    — La nuit cclii est plutôt fraîche. Nous reprenons nos pantalons et nos chemises que nous avions quittés depuis la veille et, malgré la soif ardente qui nous tenaille, nous essayons de manger, ce à quoi personne n’avait pensé depuis le départ. Nous nous rendons alors compte que nos saucissons sont en décomposition et qu’il n’y a plus qu’à les jeter par la fenêtre. Le pain est desséché et, par surcroît, il a pris un goût cadavérique qui ne le rend pas très appétissant. Néanmoins, plusieurs d’entre nous en prennent une bouchée mais, au bout de dix minutes, il ne leur reste plus qu’à le rejeter ; nos corps sont à tel point déshydratés que les glandes salivaires sont complètement sèches et qu’il est impossible de trouver la salive nécessaire pour pouvoir mastiquer. Devant cet échec, nous prenons la décision d’essayer de dormir et, la fraîcheur de la nuit aidant, brisés par tant d’épreuves successives, la plupart d’entre nous arrivent à s’assoupir. Mais voici qu’au milieu de la nuit la porte s’ouvre avec fracas ; un officier allemand, botté et cravache à la main, fait irruption à l’intérieur. À coup de cravache, il pousse tous les occupants dans un bout du wagon, puis, par deux ou trois, il nous repousse vers l’autre bout. Nous apprenons un peu plus tard que c’est celui qui, maintenant, doit nous conduire jusqu’à Dachau, et qu’il vient de nous compter.
    — Des cris ccliii , des vociférations comme toujours. La porte s’ouvre brutalement. Un officier de la « Schutzpolizei », « police de protection » armé d’un nerf de bœuf et d’une lampe-torche, entre dans notre wagon, escorté de quelques soldats. Il reçoit en plein visage une bouffée d’air fétide et ne peut cacher un mouvement de recul et de dégoût. Puis, il nous compte en nous faisant passer rondement d’un côté du wagon à l’autre. Nous étions cent ! Décidément ces gens-là ont le sens du « maniement des masses » (« Massenbetrieb »).
    — Nous sommes ccliv passés en revue dans nos wagons, par des officiers pressés, arrogants et violents. L’un plus stupide que les autres frappe de sa cravache les camarades circoncis, en les traitant de « sales Juifs ». Il ne doit pas savoir, ce fier imbécile, que les circoncisions peuvent ne pas être rituelles.
2
4 JUILLET
LA GRANDE COLÈRE DE
FRANZ MULHERR
    6 heures  – Novéant gare.
    Wilhelm Hollinger le directeur de

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