Le train de la mort
Mueller de Metz, et Mueller avait répondu :
— Ces jeunes, s’ils voyaient ce qui se passe là-bas, ils reviendraient transformés en défaitistes.
Pour ce convoi de Dachau, Dietrich n’avait été prévenu que le 1 er juillet : « Délai de route, vingt-quatre heures – escorte soixante hommes en armes. »
— Je ccl me nomme Dietrich Friedrich Karl, né le 6 mars 1885 à Schwetzingen, de feus Dietrich Franz Xavier et Schmidt Dorothéa. Profession : capitaine de la Schupo, marié, domicilié à Mannheim-Sekenheim, de nationalité allemande, jamais condamné.
— Je suis membre du Parti depuis le 1 er mai 1937, sans fonction. Je n’ai appartenu à aucune autre organisation politique nazie. Depuis 1910, je fais partie de la police. Avant 1940 j’étais à Mannheim-Sekenheim comme Revierführer de la police. Vers le mois de juin 1940, je fus envoyé à Luxembourg-Esch comme capitaine de police. J’avais sous mes ordres dix policiers allemands et une trentaine de luxembourgeois. Le 13 juin 1941, je fus muté comme Revierführer à Metz-Hagondange. À mon arrivée, on m’affecte une quinzaine de policiers allemands (dont un lorrain)… Mes fonctions consistaient à assurer la sécurité publique. Les arrestations et interrogatoires ainsi que les perquisitions que j’eus à faire, ne revêtaient aucun caractère politique, mais uniquement policier : vols, crimes passionnels, accidents de la circulation. Mon service dépendait de la Préfecture de Police de Metz, J’ai été au courant de déportations qui avaient été effectuées par la Gestapo, mais nous n’y eûmes aucune participation, vu que la Gestapo procédait toujours seule. À partir du mois de mai 194, je fus chargé de convoyer des trains de déportés français venant de France…
En ce mois de juillet 1944, Dietrich ne porte pas ses cinquante-neuf ans. Sourire narquois, figé en permanence sur un visage sans expression, il est un peu la caricature habituelle du Prussien bon teint. Une fois par an, ne rase-t-il pas entièrement son crâne ? Et ses épais sourcils, au temps des premières « affaires », ont dû essuyer quelque monocle. Jambes cavalières, nez large, personnage étriqué, respectueux de l’ordre, de la hiérarchie… du pouvoir.
— Oui, a-t-il l’habitude de dire, je suis dur avec les autres, mais surtout avec moi-même.
20 h 30 – Sarrebourg.
La standardiste de la gare de Sarrebourg sonne le restaurant Fisteur ;
— Capitaine Franz Mulherr, pour la direction de Sarrebruck…
Franz Mulherr, commissaire central de la gare de Sarrebourg, saisit le combiné :
— Demain matin, à 8 h 30, vous recevrez le 7909, C’est un train de civils. Ils seront ravitaillés quai militaire. Veuillez faire préparer deux mille rations. Cette rame figure certainement sur votre programmation du 4 juillet…
21 heures – Novéant gare.
Les « jumeaux » Heine et Dietrich s’attablent au Foyer, exceptionnellement ouvert ce soir. Une dizaine de schupos consommateurs rectifient la position, baissent le ton. Bière et fumée.
21 h 50 – Novéant gare.
Auguste Zimmermann, dans sa cage vitrée du poste directeur, surplombe l’ensemble des quais. Il vient d’apercevoir, au-dessous de lui, le chef de gare Triepmacher en grande discussion avec deux officiers « rondouillards », lorsque son attention est attirée par un halo de lumière à l’entrée de la voie principale.
— Ils sont fous d’avoir branché les projecteurs. C’est bien le 7909. S’il y a des avions qui l’ont repéré, ils vont se régaler. Le « couvre-feu » est pour tout le monde, même pour les transports spéciaux.
Un employé allemand ouvre la fenêtre :
— Triepmacher gesticule. Il va leur passer un savon.
Zimmermann inscrit dans la colonne arrivées : « 7909 – 21 h 53. »
21 h 53 – Novéant gare (wagon Fonfrède).
Cette arrivée ccli ce fut pour moi une terrible déception… J’étais enfermé face à ma maison natale, je reconnaissais tous les chemins, toutes les rues, toutes les routes et là, sur ces quais, je voyais des gars que je connaissais, qui avaient changé leur casquette de la S.N.C.F. contre celle des chemins de fer allemands. C’est à ce moment je crois que, seulement, j’ai eu la certitude que nous allions vers le Grand Reich. Je me suis fait le serment de revenir vivant.
21 h 55 – Novéant gare.
Garde-à-vous. Salut militaire. Poignées de main. Présentation. Un
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