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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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pas…
    C’est Heine, le petit Heine, le gros Heine – « Bouboule », « Bas de cul », « le cochon », « le tueur » – Heine aux trente surnoms, Heine le chef de la Gestapo d’Hagondange qui vient de répondre au chef de gare. Triepmacher, soulagé par le ton mielleux de l’officier, note avec délices qu’il vient de l’appeler « Monsieur Triepmacher » pour la première fois. Heine poursuit :
    — Nous n’y sommes pour rien, d’ailleurs vous l’avez dit, personne ne nous tient au courant. Et puis hier c’était dimanche. Metz m’a simplement dit qu’« il y avait eu des incidents ». On ne peut qu’imaginer : évasions, sabotage. Mais pour en revenir à votre première question sur la modification d’horaire, personne ne nous a…
    Dietrich, que visiblement cette conversation énerve, demande sèchement :
    — Et alors, il sera là à quelle heure ?
    — Après 21 h 30.
    — Vous êtes sûr ?
    — Je suis certain qu’il n’entrera pas en gare avant 21 h 30.
    Dietrich regarde l’heure :
    — Nous avons le temps de dîner en ville. Vous venez ?
    Les « jumeaux » avant de quitter la gare donnent des instructions au poste de gendarmerie installé dans les bâtiments annexes, pour que le cordon de sentinelles soit mis en place dès 20 h 30.
    Oscar Triepmacher en sifflant s’installe à son bureau. La secrétaire Germaine Ferry, étonnée par ce comportement inhabituel dresse l’œil et l’oreille :
    — C’est la perspective de passer la nuit à attendre le « 7909 » qui vous rend si joyeux ?
    — Oh non ! Et puis je ne l’attendrai pas ici, mais dans ma chambre. Je viens tout simplement de dire, pour la première fois, au chef de la Gestapo, ce que je pensais ; et il a très bien pris la chose. Maintenant je monte à l’appartement. Donate ccxlvi va passer, dès qu’il aura fini de dîner. Aucune consigne particulière ? Non ? Rien ? Très bien.
    *
    * *
    Novéant a joué jusqu’en 1940 un rôle secondaire dans le réseau de la S.N.C.F. Mais après les accords d’Armistice et le découpage territorial, cette gare provinciale dont le seul rôle consistait auparavant à aiguiller les trains sur Metz et Nancy, est devenue gare-frontière et ses effectifs ont été multipliés par vingt. Police de sécurité, gendarmerie, agence en douanes, foyer du soldat, ont trouvé péniblement place dans ces curieux bâtiments – perron colonial à colonnes, œil de bœuf et chien assis, balcons et balustres, larmiers et mitrons en relief – dessinés par un architecte rêveur ou distrait.
    Wilhelm Hollinger, « Reichbahn-Oberinspektor », vieillissant, s’est vite épuisé devant les problèmes posés par l’implantation des nouvelles installations. En février 1941, il prenait la direction de l’agence en douanes et passait la main à Oscar Triepmacher.
    La gare de Novéant, administrée par la direction des Chemins de fer de Sarrebruck est trop importante stratégiquement et politiquement, pour être abandonnée aux fonctionnaires civils. En fait tout le monde commande à Novéant : l’armée, la police de sécurité, les différentes émanations de la Gestapo, la gendarmerie et les antennes des Services économiques du Reich. Le « pauvre » Triepmacher pourtant diplomate, est rendu responsable de toutes les oppositions ou anomalies ccxlvii et les « jumeaux » Heine-Dietrich, intermédiaires de la dernière caste, ont su se créer une réputation d’intouchables.
    — Heine, ccxlviii chef de la Gestapo de Novéant, donnait l’ordre de départ des convois de déportés. Il était très mauvais et était craint de tous les employés de la gare. Il était âgé d’environ cinquante ans. Il pouvait avoir un mètre soixante. De forte corpulence, cheveux gris, sa figure était remplie et plutôt ronde. Ses yeux gris-bleu, son teint pâle. Même les autres agents de la Gestapo se méfiaient de lui, tant il était dur.
    Friedrich Dietrich, capitaine de gendarmerie, toujours à l’étroit dans son uniforme Feldgrau – col et parements bruns – accompagne parfois les convois de déportés. Il a déjà été retenu pour cinq de ces « missions extrêmement particulières » par ses supérieurs de la Préfecture de Police de Metz ccxlix . Dietrich n’a jamais compris pourquoi les S.D. ou SS, responsables des trains Compiègne-Novéant, ne poursuivaient pas jusqu’au camp de destination. Il avait posé la question au Brigadeführer

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