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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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se dénoncer à sa place sous prétexte que le premier était marié et père de famille alors que lui était célibataire.
    Témoignage Joseph Helluy.
    Le commandant du train demande qui a fait le trou. Sinon… tout le wagon sera fusillé. Médecin, Lorrain, officier dans une D.J.N.A., ancien prisonnier de guerre, je sais comment traiter tes Allemands au moindre risque. Je réponds donc que je n’ai pas fait le trou, que j’ai donné l’ordre de le faire ; qu’officier je suis seul responsable de ce qui s’est passé dans le wagon. Le chef de convoi réitère :
    — Je donne l’ordre à celui qui a fait le trou de sortir des rangs.
    — Je suis officier français. J’ai donné l’ordre de faire ce trou. J’ai également donné l’ordre à ceux qui l’ont fait de ne pas se dénoncer. Tous ces hommes sont Français. Ils obéiront à un officier français et non à un officier allemand.
    — Qui a fait le trou ?
    Tout ceci répété un certain nombre de fois sur un ton de plus en plus élevé.
    Surprise ! Un homme sort des rangs : Jamarin, un métallo lyonnais qui n’a pas participé à l’ouverture du trou. Magnifique réponse à ceux qui prêchent la lutte des classes. Hélas ! Jamarin, le héros au grand cœur, n’a pas revu la France.
    L’incident est clos par la décision du chef :
    — Ne les fusillez pas. Ils n’en valent pas la peine. D’ailleurs là-bas, ils en crèveront tous.
    Témoignage Édouard Aubert.
    Une mitrailleuse est mise en place.
    — Qui avait les outils ayant servi à découper le panneau ? Il doit se dénoncer, sinon ?…
    C’est le silence, mais les têtes réfléchissent intensément, Certains se demandent ce qu’il faut faire : est-ce de l’intimidation ? Faut-il ou non répondre et que peut-il en résulter ?
    Soudain le docteur Helluy fait un pas, se met au garde-à-vous et fièrement, courageusement, d’une voix assurée lance :
    — C’est moi.
    Alors, jouant les magnanimes, allant jusqu’à invoquer l’honneur du soldat, le chef de convoi se déclare satisfait… L’interprète traduit :
    — Vous êtes graciés… Graciés !…
    Peu après nous devions remonter dans un wagon aux parois métalliques celui-là, et le convoi reprit sa marche… avec son odeur de cadavres de plus en plus dense…
    17 heures  – Bar-le-Duc (wagon La Perrauclière-Segelle).
    — Au soir ccxliv nous arrêtons quelque temps en gare de Bar-le-Duc. Nous n’avons pas fait lourd de chemin et rien mangé ni bu. Nous essayons de réclamer de l’eau. Un cheminot nous en fait passer un tout petit peu. Je regarde, par l’ouverture. Un grand diable est placé sur le quai tout près de moi, en étendant la main je le toucherais. Il tient une carabine au canon tout mince, une arme de précision, je suppose et, bien tranquillement, il vise les fenêtres des maisons donnant sur la gare et tire. Il veut empêcher qu’on nous regarde, probablement.
    — Un schupo ccxlv tira sur une jeune fille qui regardait notre convoi d’un pont. Deux coups de feu… l’un qui manque son but et l’autre qui ne partit pas, la cartouche ayant « foiré ».
    18 heures  – Novéant gare.
    Les deux hommes pourraient être frères jumeaux tant ils se ressemblent.
    Le chef de gare Oscar Triepmacher qui s’avance à leur rencontre en feuilletant une liasse de papiers, se prépare à affronter, calmement, le nouvel orage qui ne va pas manquer de s’abattre sur ses épaules ; le dixième peut-être de la journée… « Mieux vaut, pense-t-il, attaquer le premier. »
    — C’est invraisemblable ! Je suis sûr que l’on ne nous a pas transmis le nouveau changement d’horaire… inadmissible !
    Heine et Dietrich étonnés par cet accueil, se regardent muets de saisissement. Triepmacher, persuadé qu’il vient de marquer un point, veut le confirmer sans attendre :
    — Votre train fantôme, commence à fatiguer tout le monde ici… Je sais que vous n’êtes pas responsables mais depuis ce matin qu’il devrait être là, j’ai été obligé de modifier toutes les réceptions en gare, tous les départs. Une vingtaine de trains ont eu du retard et moi je dois rendre compte. Vous qui êtes bien placés, vous devriez faire quelque chose, je ne sais pas – écrire, téléphoner – pour que de tels incidents ne se reproduisent pas. Et j’ajoute que la voie n’a pas été bombardée ni mitraillée ces jours derniers.
    — Voyons M. Triepmacher, ne vous énervez

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