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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les landes du Suffolk près de la Denham. Que des bruits courent à son sujet, et ont toujours couru. Qu’on a entrepris des recherches, mais que personne ne l’a trouvé. Il y a eu un regain d’intérêt, et puis après ? Nous avons Blackstock et son demi-frère : savaient-ils où était le trésor ? Adam Blackstock était sans nul doute en route pour rejoindre son frère afin de pouvoir, ensemble, dénicher la rançon du roi. Pourtant le navire de Blackstock a été attaqué, et lui-même a été occis et pendu. Il semble qu’un seul membre de son équipage ait survécu. Je vous ai envoyé des messages, à vous et à Griskin, pour apprendre tout ce que vous pouviez sur Hubert le Moine et le trésor perdu. Rien n’a été dévoilé ; il n’y a que des rumeurs et des histoires. Mais voilà que Griskin est abattu.
    Corbett se tapota la cuisse, se leva, ouvrit son escarcelle et glissa une autre pièce dans la main de son interlocuteur. Il examina d’un oeil critique le vieux presbytère, le plâtre qui s’écaillait, le plancher disjoint, les fentes dans les fenêtres, le toit croulant, les détritus et rebuts poussés dans un coin. Réflexion faite, il n’aimait pas cet endroit et avait fort envie de partir. L’histoire que lui avait narrée Vive-la-joie à propos du trépas du malheureux Griskin était à la fois répugnante, horrible et inquiétante. Il pensa à son retour à St Augustin à travers les bois déserts. Sur le pas de la porte, il se retourna.
    — Messire Vive-la-joie, j’aimerais avoir une escorte. Deux de vos hommes pourraient-ils... ?
    — Je ne peux vous en fournir aucun, Sir Hugh. J’en ai dépêché quelques-uns pour poser des collets à connils dans la campagne, mais je vais demander à deux de nos jeunes gars.
    Il se leva et sortit en criant. Un instant plus tard, deux garçons en haillons, l’air enjoué et les yeux brillants, arrivèrent en sautillant. Ils se présentèrent : Feu-follet et David-de-la-brume. Ils dansaient autour du magistrat comme des lutins, en l’assaillant de questions et en bavardant dans un patois qu’il ne comprenait pas. Corbett fit ses adieux à Vive-la-joie et s’éloigna, précédé des jouvenceaux qui gambadaient, se bousculaient, donnaient des coups de pied dans la neige, effrayaient les oiseaux et agitaient les bras. La pure exubérance de leur jeunesse fit sourire Corbett : c’était un réconfort bienvenu après cette froide chaumière humide et les tristes nouvelles qu’il venait d’apprendre.
    — Venez ici, mes amis ! s’écria-t-il. Venez ici !
    Les garçons se turent et accoururent. Corbett remarqua qu’ils étaient pieds nus.
    — Vous n’avez point de souliers.
    — Ce n’est pas notre tour de les porter, Messire ; mais c’est à nous d’aller quérir du petit bois et nous sommes donc contents de vous servir de guide.
    — Et vous êtes de très bons guides. D’où êtes-vous ?
    — Nous vivons à Birch {9} Hall ou Birch Manor, répondit Feu-follet.
    — Ça fait des années que nous y habitons, plaisanta David-de-la-brume en pourchassant son frère.
    Corbett les rappela derechef.
    — Que voulez-vous dire par Birch Hall, Birch Manor ?
    Ils se mirent à rire et désignèrent les arbres qui bordaient le sentier.
    — Voici Birch Manor ; voici Birch Hall : les arbres, c’est là que nous demeurons.
    Et jacassant comme des écureuils sur une branche, ils se précipitèrent devant Corbett et le ramenèrent sur les terres de l’abbaye de St Augustin.
    Corbett était bien engagé sur la sente quand il entendit son nom. Il se retourna et aperçut une silhouette qui sortait de la brume. Vive-la-joie se hâtait en clopinant.
    — Sir Hugh ! Sir Hugh !
    Le clerc alla à sa rencontre. Le Joyeux s’arrêta, mains au côté, haletant.
    — Qu’y a-t-il ? s’enquit Corbett.
    — J’ai oublié un détail au sujet de Griskin ! Quand nous l’avons descendu de l’échafaud et enterré...
    — Oui ?
    — Sa main gauche avait été coupée, tranchée au poignet. Je n’ai jamais compris pourquoi. J’ai ouï des rumeurs, mais j’ai pensé que je devais vous le signaler.
    Corbett regarda le chemin : la brume s’épaississait. Derrière lui il entendait les jouvenceaux qui, les bâtiments de l’abbaye étant en vue, lui criaient de se presser, presque comme s’ils sentaient son appréhension.
    — Je vous remercie, Vive-la-joie.
    Il leva la main et s’inclina.
    — Je vous suis très reconnaissant.

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