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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Comme vous l’avez dit, Dieu seul sait pourquoi on a fait ça.
    Il rejoignit les garçons qui, à présent, cabriolaient et bondissaient tels des lièvres devant lui. Ils franchirent un portail et pénétrèrent dans le domaine de l’abbaye. Les jouvenceaux, qui dansaient toujours d’un pied sur l’autre, lui demandèrent s’il avait besoin d’autre chose. Pouvaient-ils faire un petit tour et jeter un coup d’oeil ? Corbett les fit approcher et glissa une pièce dans chacune de leurs mains sales.
    — Non, non, déclara-t-il en leur souriant. Rentrez vite. Vive-la-joie vous attend. Je crois qu’il a d’autres courses à vous confier.
    Les garçons, prestes comme des chiens de chasse, se précipitèrent vers le portail. Corbett les regarda s’éloigner. Un instant, il envia profondément leur innocence. Ils ne craignaient rien. Pour eux, il n’y avait ni glace, ni brume, ni démons, ni dangers de toute sorte en ces parages. Le magistrat soupira et entreprit de traverser les cours et les jardins enneigés. Un moine le croisait parfois et chuchotait un salut auquel Corbett répondait avec distraction. Il ne pouvait penser qu’au malheureux Griskin, nu, boursouflé, pendu à ce gibet isolé qui dominait les marécages gelés. Il avait atteint le petit cloître qui menait à l’hôtellerie quand il s’entendit appeler.
    — Sir Hugh ! Sir Hugh !
    Il pivota sur ses talons. Le maître hôtelier s’approcha en boitillant, une main tendue, l’autre tenant un sac de cuir ficelé et scellé. Le moine le lui remit en expliquant qu’on l’avait déposé pour lui à la porterie de l’abbaye, mais qu’il ignorait qui. Puis il interrogea le clerc sur son logement : était-il chaud et confortable ? Corbett acquiesça, l’esprit ailleurs, et l’homme, se souvenant de ses autres devoirs, partit en hâte.
    Le magistrat se dirigea vers un recoin sombre et soupesa le sac. En épais cuir d’Espagne, il était fermé d’un noeud serré autour du col et portait un cachet de cire. Il brisa le sceau, défit le noeud, ouvrit la besace et y plongea la main. Il en retira quelque chose de froid et de dur enveloppé d’une toile qu’il déplia non sans réprimer un frisson d’appréhension, et ce qu’il découvrit le fit tressaillir d’horreur : une main humaine, coupée à hauteur du poignet, noircie comme un morceau de viande séchée et, entre l’index et le pouce, une chandelle maléfique rouge sang, à la mèche carbonisée. Corbett déglutit avec peine et essaya de maîtriser un haut-le-coeur. La bile montait dans sa gorge. Il avait envie de hurler, de jeter la chose loin de lui. Mais il la retourna. La chair avait été fumée et s’était ratatinée comme un morceau de porc avarié. Il reposa avec soin le membre dans le linge et lâcha le répugnant paquet dans le sac, dont il resserra le noeud avec force. Puis il s’assit sur un petit banc pour reprendre son souffle, tandis que la sueur se glaçait dans son dos.
    — La main de Griskin ! chuchota-t-il.
    Son regard se posa sur une petite fontaine couverte de gel ; le parterre qui l’entourait était figé, mort. Le magistrat ferma les yeux et se laissa aller en arrière. Il savait ce que c’était : un talisman, une amulette diabolique, la Main de Gloire, la malédiction d’un pendu. Il tenta d’étouffer son ire. Il ne croyait pas à ces sottises, mais il reconnaissait que le meurtrier de Griskin, sans doute Hubert le Moine, avait voulu l’épouvanter.
    Il prit une profonde inspiration, se leva et traversa l’abbaye jusqu’à ce qu’il trouve la maréchalerie dans la cour de l’écurie principale. Un frère lai se tenait sur le seuil et martelait une pièce de métal à l’aide d’un énorme maillet. Le vacarme cessa à l’arrivée du magistrat.
    — Que puis-je faire pour vous, Messire ? s’enquit le forgeron en détaillant Corbett des pieds à la tête.
    Il aperçut alors l’anneau qui scintillait à sa main gauche.
    — Ah, vous devez être notre hôte, l’envoyé du roi.
    — Vous avez un feu, une forge ? demanda Corbett.
    Le moine acquiesça. Corbett lui tendit le sac.
    — Ne regardez pas ce qu’il contient ; brûlez-le, brûlez-le tout de suite !
    Le frère lai haussa les épaules, prit la besace et pénétra dans le bâtiment. Corbett regarda s’ouvrir la grande porte du fourneau. L’horreur y fut jetée et la porte se referma.
    — Enfoncez-le mieux sous les charbons, pria-t-il.
    Le forgeron eut un geste

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