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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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m’a répondu qu’il était à la recherche d’Hubert le Moine. Je ne pouvais le renseigner, mais je lui ai expliqué ce que je viens de vous dire. Nous nous sommes vus juste après notre arrivée en Essex. Nous étions dans les environs de Thorpe-le-Soken, car nous préférons loger près de la côte. Les pêcheurs se montrent plus hospitaliers que les villageois au fin fond de la campagne, surtout en hiver. J’ai demandé à Griskin si la fortune lui avait souri. Il avait bu beaucoup de bière ; vous n’ignorez pas que boire était loin de lui déplaire, n’est-ce pas ?
    Corbett acquiesça.
    — L’une de ses grandes faiblesses, continua Vive-la-joie. S’il ne buvait pas, il ne buvait rien, mais quand il commençait, il était rare qu’il s’arrête. Quoi qu’il en soit, Griskin m’a dit connaître quelqu’un nommé Simon des Rochers. Je n’ai pas compris de quoi il parlait.
    Le clerc se souvint que le Marchand d’âmes avait mentionné le même nom.
    — Avez-vous déjà entendu évoquer St Simon des Rochers ?
    — Vaguement. Griskin a fait allusion à l’ermitage au bord de l’Orwell. Il disait qu’Hubert le Moine avait peut-être disparu, mais qu’il avait une idée de l’endroit où il se terrait. Puis il a cité Simon des Rochers. Je crois que c’est le nom de la chapelle de l’ermitage sur l’Orwell. En tout cas, il semblait pressé et je l’ai donc laissé partir. Il a précisé que s’il découvrait quelque chose d’intéressant, il reviendrait. Nous sommes restés huit jours à Thorpe-le-Soken. La semaine suivante, un colporteur, un chaudronnier ambulant, est venu dans notre campement pour se réchauffer près du feu. Il s’est mis à parler du gibet à la sortie de Thorpe-le-Soken et d’un homme complètement nu qui y pendait. Ceux qui avaient vu le cadavre croyaient que c’était un lépreux. Je me suis inquiété, bien sûr. Griskin n’avait pas réapparu ; aussi, en compagnie de quelques hommes, suis-je allé en reconnaissance. La potence, haute et sinistre, domine des terres en friche où souffle un vent glacé. L’endroit est austère et sombre, Sir Hugh ; les nuages y sont pesants comme la colère de Dieu. Le vent mordant tire sur vos vêtements tel un démon envoyé pour vous persécuter. Nous avons vu le gibet de loin avec le corps qui se balançait, semblable à une loque.
    Vive-la-joie se pencha en avant, des relents de bière et d’habits imprégnés de sueur s’exhalant de sa personne.
    — Je peux vous dire que j’ai compris qu’il se passait quelque chose de grave. La potence sert peu souvent, sauf pour les occasionnels voleurs de bétail ou pour un félon pris sur le fait par les gardes du shérif. Je me suis approché. Un seul regard m’a suffi : c’était bien Griskin. On l’avait complètement dénudé. Le noeud coulant, serré autour du cou, passait dans le crochet du bras du gibet : c’était une monstrueuse vision de cauchemar. Il avait le ventre gonflé comme une vessie de porc, la langue serrée entre les dents, les yeux exorbités. Corbeaux et corneilles avaient déjà commencé leur travail.
    Corbett ferma les yeux et murmura le requiem.
    — Je connaissais Griskin. Je ne pouvais le laisser là, aussi l’ai-je dépendu. Nous l’avons enterré là-bas et avons dressé une croix de fortune. J’ai examiné le cadavre. Il y avait un coup ici, expliqua Vive-la-joie en se frappant la tempe. Je suis sûr que Griskin a été attiré dans cette friche déserte du diable, qu’on lui a défoncé le crâne, puis qu’on l’a pendu, encore à moitié vivant, et qu’il a été étranglé.
    — Croyez-vous qu’Hubert le Moine soit responsable ?
    — Qui d’autre, Sir Hugh ? Qu’aurait-on pu voler sur un lépreux ? Qui aurait-il pu menacer ? Même les hors-la-loi s’écartent d’eux. Non, on a découvert que Griskin n’était point ce qu’il prétendait être, qu’il cherchait quelque chose ou quelqu’un. Bien sûr que ce doit être Hubert le Moine.
    — Avez-vous ouï parler de ce qui s’est passé à Maubisson ?
    — Il en est question dans toute la ville, répondit Vive-la-joie. Une famille entière pendue par le col dans ce manoir isolé et nulle trace de violence : les gens imaginent des fantômes, des démons...
    — Qu’ils en parlent à leur aise, coupa le magistrat d’un ton sec, tant qu’ils les appellent Hubert ! Bon, Maître Vive-la-joie, que savons-nous ? Qu’un pactole est caché quelque part dans

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