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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’indifférence, rouvrit le fourneau et poussa le sac plus loin avec un tisonnier. Puis il referma la porte et sortit.
    — Qu’y avait-il dedans, Messire ?
    — Quelque chose de diabolique, répondit Corbett, mais le feu le purifiera !
    Appréciant la chaleur, l’odeur des chevaux, du foin et du fer chaud, il resta un moment dans la maréchalerie. Puis il se dirigea vers un lavarium sommaire, se versa de l’eau sur les mains, les lava longuement et les essuya avec une serviette. Après avoir remercié le forgeron, il demanda comment rejoindre l’hôtellerie et s’en revint. Dès qu’il pénétra dans le petit réfectoire, du bas il entendit Ranulf et Chanson ; ils chantaient et Ranulf taquinait son compagnon. Corbett monta l’escalier d’un pas pesant. Ranulf et Chanson sortirent de leur chambre pour l’accueillir, mais à peine eurent-ils vu la mine de leur maître qu’ils battirent en retraite.
    Corbett gagna sa propre chambre et claqua l’huis derrière lui. Il décrocha la petite arbalète de son épaule, ôta son ceinturon et s’étendit sur le lit. Il avait du mal à se concentrer. Il essaya de se remémorer une chanson de goliard qu’il aimait chanter à Maeve : « Jam dulcis arnica – maintenant ma douce amie... », mais l’air et les paroles lui échappaient. D’un mouvement brusque il s’assit au bord de sa couche. Ranulf et Chanson toquèrent à l’huis et entrèrent.
    — Nous sommes navrés, Messire.
    Le magistrat écarta leurs excuses. Ne pouvant ni leur dire où il avait été ni leur parler de sa rencontre avec Vive-la-joie, il détourna leurs questions par une fébrile activité.
    Ranulf s’adossa à l’armoire et plissa les yeux. Il était clair que quelque chose troublait « Maître Longue Figure », mais quoi ? Le roi Édouard prenait souvent Ranulf à l’écart et, s’approchant, l’oeil droit à moitié fermé, lui serrait le bras jusqu’à ce que le clerc tressaille de douleur. Le souverain recommandait alors à Ranulf de monter une garde vigilante autour de Corbett. Ranulf avait depuis longtemps compris que l’affection n’expliquait pas tout. En d’autres termes, Édouard d’Angleterre ne se fiait pas entièrement à Corbett.
    — Trop tendre, murmurait-il. Corbett a un coeur et une âme, Ranulf. Il ne peut en dire autant de nous, hein, Maître Ranulf ? ajoutait-il.
    Le clerc principal de la chancellerie de la Cire verte n’avait jamais complètement tranché cette question, ni pour lui-même ni pour le roi. Ranulf n’avait pas décidé de ses choix. Il concentrait toute son attention sur la route qui s’étendait devant lui, le chemin des honneurs, du pouvoir, de la gloire et de la richesse. En vérité, Corbett était ce chemin et il devait donc protéger « Maître Longue Figure », non seulement pour Maeve, le petit Édouard et Aliénor, mais, ce qui était plus important, pour lui-même.
    — Êtes-vous prêts ?
    Corbett, en bottes et éperons, enveloppé dans sa chape, était sur le point de sortir.
    Ranulf se dépêcha de le suivre. Ils descendirent dans la cour où Chanson avait préparé les chevaux. Quelques instants plus tard, ils quittaient l’abbaye. Le magistrat, affalé sur sa selle, laissa ses compagnons prendre la tête sur la route sinueuse. Ils passèrent devant l’église de Queningate et pénétrèrent dans la ville. Corbett avait une curieuse impression. Il lui fallait encore se remettre du choc provoqué par cette sinistre main. Il voulait se concentrer, mais il percevait les scènes qui l’entouraient comme dans un rêve ou comme des fresques aperçues dans une église. Des corneilles, posées en rang sur la ridelle d’un chariot, croassaient. Des marchands et des chaudronniers le frôlaient, pressés, avec leurs plateaux chargés de babels, de boîtes à parfum, de médailles de Saint-Christophe, d’insignes à l’effigie de Becket, d’encriers et de plumes. Un vendeur de reliques, barbu, la peau hâlée par le soleil, les yeux étincelants, hurlait qu’il allait mettre aux enchères l’alliance de la Vierge Marie, une lanière des sandales du Christ, et un morceau de la porte de l’église que Simon le Mage avait édifiée à Rome. Un maître des égouts et des fossés, précédé de deux truands portant une bannière éclatante frappée aux armes de la cité, proclamait, afin que nul n’en ignore, que « le curage des caniveaux et des décharges ainsi que celui des latrines de ce côté-ci de la Stour

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