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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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terrorisé pour répondre. « Je suis Hubert Fitzurse, l’Homme qui lit dans l’avenir, le venator hominum, a repris la voix. Et toi, Maître Groscote, tu es mon prisonnier. Tu seras pendu dans moins d’une semaine. » J’ai imploré pitié, j’ai bafouillé n’importe quoi afin de sauver ma vie.
    Le Pèlerin écarta les mains, les yeux apeurés.
    — « Pas vraiment besoin de te pendre, Maître Groscote, a-t-on murmuré. Je veux juste des informations sur les Joyeux et Vive-la-joie. Un lépreux vous a-t-il rendu visite ? » J’en avais aperçu un et je l’ai avoué. Fitzurse m’a ordonné de revenir à cette taverne à la même heure la nuit suivante et de lui raconter tout ce que je savais. C’est ce que j’ai fait.
    — Et que saviez-vous ?
    — Sir Hugh, nombreux sont les étrangers qui pénètrent dans le campement. J’ai pensé que celui-là était un mime, un bateleur ambulant, un vaurien, un fraudeur qui se faisait passer pour un lépreux demandant l’aumône. On l’avait remarqué. J’ai tenté d’en savoir davantage. Lui et Vive-la-joie s’étaient enfermés ensemble. Je suis allé le narrer à Fitzurse. Je l’ai rencontré dans l’obscurité. Il m’a donné une pièce et, depuis lors, je n’ai plus entendu parler de lui.
    — Et il ne vous a point approché ici ? s’enquit Corbett.
    — Non, Sir Hugh.
    Le magistrat se leva, sortit une pièce de sa bourse et la lança à son interlocuteur qui la saisit au vol.
    — Que dois-je faire, Sir Hugh ?
    — Si vous tenez à la vie, déclara Corbett, fuyez les Joyeux et, malgré la neige, courez aussi vite que vous le pouvez. Essayez d’arriver à Londres. Cherchez asile à l’église de St Michael, à Cornhill. Dites au shérif et à ses baillis que c’est Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé, qui vous en a donné l’ordre. Si vous restez là-bas, Maître Pèlerin, vous pourrez être gracié. Si vous ne le faites pas, je parie un tonneau de vin que l’Homme qui lit dans l’avenir vous rattrapera, si ce n’est pour vous occire, du moins pour vous poser d’autres questions...
    Berengaria se trouvait dans le transept sud de St Alphege. Bien emmitouflée, elle se réchauffait les mains au-dessus des lumignons allumés devant la statue de l’archevêque saxon martyrisé, qui la contemplait avec tristesse. La jouvencelle, pourtant, se sentait à l’aise. Le père Warfeld était, comme les autres hommes, en proie à certains besoins. Il lui avait proposé une chambre confortable dans sa maison bellement meublée, alors pourquoi se serait-elle hâtée de retourner chez Lady Adelicia ? Berengaria avait pris sa décision. Elle avait assez d’argent de côté pour dire adieu à Lady Adelicia ; elle pourrait même peut-être lui soutirer quelques pièces et aller chercher fortune ailleurs. Et y avait-il meilleur endroit qu’un presbytère ? Le père Warfeld pouvait être un ecclésiastique, il n’en avait pas moins les appétits et les désirs de n’importe quel homme à en juger par la façon dont il l’avait regardée au début, du coin de l’oeil, en s’humectant les lèvres, et par son habitude de lui poser la main sur l’épaule ou sur le bras. Bien sûr, Berengaria, tous charmes déployés, avait battu des cils et pris le prêtre dans ses filets de soie. Et puis il y avait le reste. Warfeld lui avait confié qu’il avait informé ce fouineur de clerc royal de ses retours secrets à Sweetmead et de ses tête-à-tête avec Sir Rauf et qu’il l’avait souvent aperçue, enveloppée dans sa mante et son capuchon. Berengaria avait caché son ire derrière un sourire et accepté les justifications du curé : il avait dû le révéler à Corbett puisqu’il avait prêté serment. Bon, pensa-t-elle en arrangeant sa toilette, il viendrait un jour où elle pourrait faire à quelqu’un des révélations sur le bon pasteur !
    Berengaria se trouvait avec Warfeld quand la première messe avait été célébrée. Au moment où ils s’apprêtaient à quitter l’église pour aller déjeuner, Desroches était arrivé, désireux d’entretenir le prêtre de certains sujets. Le père Warfeld lui avait promis de l’emmener à une splendide rôtisserie voisine et, bien que sa jolie bouche eût fait la moue, il avait choisi de céder à la demande de Desroches et l’avait priée de rester là jusqu’à son retour. Berengaria leva les yeux sur le visage torturé du saint, puis se promena dans le bâtiment afin d’admirer

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