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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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jaillissaient la tête et le corps de Lucifer. Le démon vomissait du feu et brandissait des serpents et des vipères qui se tordaient. Corbett examina le tout puis se dirigea vers l’endroit où la troupe s’était rassemblée autour de Vive-la-joie qui, debout sur un tonneau retourné, tenait un morceau de parchemin et haranguait ses compagnons.
    — Aujourd’hui, nous commencerons de bonne heure, car la nuit tombera tôt. Nous devons préparer notre représentation pour la Noël. Les bonnes gens de Cantorbéry, sur les marchés et les parvis des églises, exigeront de voir une pièce qu’ils n’ont encore jamais vue. Nous ne devons donc pas nous tromper dans nos accessoires : Gabriel a besoin d’une palme du Paradis pour l’apporter à Marie. Il faut un coup de tonnerre ; un nuage blanc qui vienne quérir Saint-Jean prêchant à Patmos pour le déposer à la porte de la Vierge Marie à Éphèse ; un autre nuage pour faire venir les apôtres de différents pays ; une robe en drap d’or pour l’Assomption de Marie, un petit lit de fortune et plusieurs torches de cire blanche que les vierges du cortège porteront. Jésus-Christ, environné d’une multitude d’anges, descendra des cieux pour accueillir Sa mère. Pour qu’il puisse l’oindre et la couronner au Paradis, il nous faut des essences et une couronne à douze étoiles.
    Vive-la-joie aperçut Corbett et s’interrompit.
    — Tout doit être prêt. Allez ! ajouta-t-il en claquant des mains, les répétitions doivent commencer avant l’angélus.
    Il sauta de son tonneau et chassa ses compagnons.
    — Eh bien, Messire, en quoi puis-je vous servir ? s’enquit Vive-la-joie qui s’avança, souriant et clignant de l’oeil, vers Corbett.
    Ce dernier l’entraîna à l’écart.
    — Dites-moi, quand vous avez rencontré Griskin, dans le Suffolk, se faisait-il passer pour un lépreux ?
    — Oui, Sir Hugh, chuchota Vive-la-joie. Il venait dans notre campement à la nuit tombée et demandait à me voir. Nous bavardions puis il repartait. Pourquoi cette question ?
    Le magistrat décida d’être franc.
    — Je crois que Griskin a été trahi.
    — Pas par moi, Sir Hugh ! s’écria Vive-la-joie en reculant, les mains sur le coeur. Je vous le jure : Griskin était en sécurité avec moi et ma troupe. Personne ne l’aurait dénoncé.
    Corbett s’approcha :
    — Quand a-t-il été tué ? Fin novembre ? Maître Vive-la-joie, quelqu’un s’est-il joint à votre bande il y a peu ? Quelqu’un d’adroit, qui vous est utile, mais cependant un étranger ? Vous engagez des hommes, n’est-ce pas ?
    Vive-la-joie acquiesça, les yeux plissés. Il allait répondre quand il se mit à tousser, se détourna et cracha.
    — Il y a bien quelqu’un... Il nous a rejoints vers le jour des Morts, ou à la Toussaint, je ne peux m’en souvenir. Il se fait appeler le Pèlerin. Au début, il avait des façons d’agir suspectes, mais il s’est montré habile dans la confection de solives et d’autres travaux de menuiserie. Il fait aussi un merveilleux diable.
    — Un quoi ?
    — L’un des mimes, expliqua le Joyeux. Certains possèdent le don de se transformer aux yeux d’autrui et de jouer un rôle. Le Pèlerin en fait partie. Il tenait à la perfection l’emploi d’un démon. J’ai proposé un vote et il a été accepté parmi nous. Venez.
    Vive-la-joie prit Corbett par le coude et le guida avec douceur vers le vieux presbytère. Il le fit entrer dans la cuisine abandonnée, l’installa sur un tabouret devant le feu et ressortit. Il revint quelques instants plus tard. Corbett regarda par-dessus son épaule, mais ne put distinguer qu’une silhouette sombre sur le seuil. Il sentit tout de suite que l’homme, qui que ce soit, était effrayé.
    — Entrez ! ordonna-t-il en se levant. Maître Vive-la-joie, je préférerais que vous nous laissiez seuls.
    Le Joyeux acquiesça et s’empressa de se retirer.
    Le magistrat entraîna l’inconnu plus près de la fenêtre. En le voyant, le clerc pensa à un chat. Il était mince et agile, les yeux en oblique, le visage du diable même, les joues et la mâchoire nettes et bien rasées. Corbett fit un pas en arrière. L’homme avait une figure émaciée. Il portait un haut-de-chausses jaune et un justaucorps pourpre déchiré. De la main gauche il tenait un cistre et de la main droite une espèce d’arc grossier. Il ne fit aucun bruit, nul commentaire, la bouche molle, les lèvres

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