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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avait une figure maigre ; ses yeux étaient grands ouverts, vitreux et épouvantés ; il avait la tête rasée, les joues un peu creuses, la bouche maculée de sang. Sur sa poitrine on voyait une affreuse blessure noire et rouge à la fois dans laquelle était encore fiché un carreau d’arbalète. Fronçant le nez devant l’odeur, Corbett s’accroupit et ôta les linges qui recouvraient l’abdomen du malheureux. Chanson fut pris de haut-le-coeur et, la main sur la bouche, courut vers la porte.
    — Tué par un carreau d’arbalète, constata Corbett, mais son assassin lui a alors ouvert le ventre, Dieu sait pourquoi. Il a étanché la blessure avec ces bandes, ce qui explique que nous n’avons pas trouvé de trace de sang. Servinus a été traîné, sans doute par les aisselles, de la grand-salle aux caves, et plongé dans cette barrique. Cela a dû être assez facile. Je suis certain que si on y voyait plus clair, nous aurions aperçu quelques gouttes de sang. On a fait couler la bière, remis le couvercle en place...
    — Pourquoi ? questionna Ranulf.
    — Pour détourner notre attention, déclara Corbett. Pour nous faire croire, du moins pendant un certain temps, que Servinus pouvait être l’assassin, Hubert le Moine déguisé. Et maintenant il se pose une question intéressante, Ranulf.
    Le magistrat se releva.
    — Si les quatre autres ont été tués par pendaison, pourquoi notre meurtrier a-t-il usé d’un carreau d’arbalète pour occire Servinus ?
    Il s’interrompit en voyant la porte s’ouvrir et Chanson revenir en s’essuyant les lèvres du dos de la main.
    — Navré, Messire.
    Wendover le suivait.
    — Je vous ai prié d’attendre dehors ! dit Corbett d’un ton sec.
    Horrifié par la vision macabre du cadavre gisant sur les dalles de la grand-salle, avec ses vêtements ruisselant de bière, son teint blême, ses terribles blessures à la poitrine et au ventre, le capitaine hoqueta.
    — Sir Hugh, annonça-t-il en portant la main à sa bouche, un messager est arrivé pour vous. Il s’est d’abord rendu à l’abbaye de St Augustin. Il est dépêché par Sir Walter Castledene, qui vous prie d’aller à St Alphege. Il y a eu un meurtre. Berengaria. Qu’allons-nous... ?
    Il jeta un autre coup d’oeil à la dépouille, puis tourna les talons et, la main à la bouche, se rua dehors.
    — Viens avec moi, Maître Ranulf, ordonna Corbett. Chanson, reste ici et examine ce corps. Retourne à la cuve et regarde s’il y a autre chose dedans. Dis à Wendover que je veux que cette demeure soit derechef passée au crible, puis qu’il me rejoigne à St Alphege. Qu’il prenne un chariot et y apporte Servinus. Le père Warfeld a un autre requiem à chanter. On peut enterrer Servinus dans le carré des indigents ; la ville se chargera des dépenses.
    Une fois dehors, Corbett réitéra ses ordres à Wendover qui, toujours hoquetant et toussant, se tenait sous un arbre.
    — Je ferai ce que je peux, haleta-t-il.
    — Vous ferez ce que j’exige ! corrigea Corbett en lui tapotant l’épaule. Viens, Maître Ranulf.

 
    CHAPITRE XII
    Conserva requiem mitis ab hoste mem.
    Protège mon sommeil de l’ennemi.
    Arator
    Ils quittèrent Maubisson en compagnie d’un garde de l’échevinage chargé de leur indiquer le chemin le plus court autour des murailles de la ville puis l’entrée de St Alphege en passant par le cimetière. Castledene et son détachement s’y trouvaient déjà. Ils avaient mis pied à terre et on entravait les chevaux. Corbett appela Castledene et le maire accourut. Le magistrat mit lui aussi pied à terre et rapporta en phrases brèves ce qu’il avait découvert à Maubisson, sans tenir compte des hoquets de surprise, des exclamations et de la kyrielle de questions de son interlocuteur.
    — Non, non, Sir Walter, répondit le magistrat en secouant la tête. C’est là le coeur du mystère. Quatre personnes ont été pendues dans ce sinistre manoir ; Servinus, lui, a été abattu par un carreau d’arbalète. Pourquoi ?
    Le maire se frotta les mains et montra la porte de l’église.
    — Sir Hugh, il y a une autre affaire.
    — C’est vrai, il y a une autre affaire, mais je vous prie de méditer sur celle-ci. Avez-vous sur Servinus quelque lumière qui pourrait être utile ? Pourquoi l’a-t-on tué d’une façon et les autres d’une façon différente ?
    Corbett tapota l’épaule de Castledene et, montant les marches quatre à quatre, pénétra dans

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