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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Latude, et d’aucuns pensent qu’elle ne le sera jamais. On dit que des recommandations la concernant sont venues de très haut, durant le procès, car ce n’était pas elle que la reine voulait voir pendre mais bien Rohan. Le Parlement n’a pas tenu compte de ces recommandations puisqu’il l’a condamnée au fouet, à la flétrissure et à l’internement à vie à la Salpêtrière, mais nous venons d’avoir la preuve de la facilité avec laquelle le roi peut modifier un jugement. Elle sera graciée… Ce serait la conséquence logique de l’accablement du cardinal, car pour la reine il n’y a qu’un seul coupable et c’est Rohan. Mme de La Motte n’est qu’une comparse, un instrument. Je sais par expérience qu’un instrument se brise aisément s’il est de peu de valeur. Mais cette femme est tout de même une Valois. On aura égard au nom, sinon à la femme. On la fera évader par exemple…
    — L’a-t-on ramenée à la Bastille ?…
    — Non. Elle est toujours à la Conciergerie. C’est pourquoi je suis à peu près certain qu’on lui donnera la clef des champs. Une faible femme ne saurait s’évader de la Bastille. Pour cela, il faut être un homme vigoureux, patient, plein d’industrie. Tenez, je me souviens de ma première tentative…
    D’un même mouvement, Gilles et Paul-Jones s’écartèrent du cercle établi autour du canapé et cherchèrent refuge dans une zone moins éclairée, près des grandes armoires d’acajou garnies de belles reliures aux ors assourdis.
    — Le voilà qui recommence ! gémit le marin. Il y en a pour jusqu’au matin. Quittons la place maintenant. Demain, avant de monter en voiture, je reviendrai faire mes adieux à Jefferson… Pour le moment, allons le saluer et sortons !
    — Pardonnez-moi, mais je ne peux plus vous accompagner. Le ministre m’a demandé de passer un instant dans son cabinet pour une affaire importante lorsque la soirée sera finie. Croyez bien que je regrette…
    — Ah non ! Vous n’allez pas m’abandonner ! Dites à Jefferson que vous le verrez demain. Je vous assure que vous en avez jusqu’au matin. Cela reviendra au même…
    — Peut-être mais je ne suis pas le grand John Paul-Jones et je ne peux me permettre une attitude aussi désinvolte envers un homme de son âge. À tout le moins, il faut que je patiente encore un peu…
    — Eh bien demeurez encore un moment et venez me rejoindre. Moi je pars, j’ai devant moi trop peu de temps pour le gaspiller. Viendrez-vous ?
    — Je ferai tous mes efforts pour…
    — Cela ne me suffit pas. Je veux une promesse.
    Tant d’insistance finissait par intriguer Gilles. Jusqu’à présent, Paul-Jones lui avait montré une certaine sympathie, il l’avait même invité, un soir, à souper chez lui, boulevard Montmartre, dans l’appartement qu’il louait à un certain M. de La Chapelle et qu’il partageait avec sa maîtresse, une Mrs. Townsend qui se prétendait fille du feu roi Louis XV et que Gilles n’aimait pas beaucoup. Mais l’état de leurs relations, jusqu’alors, ne justifiait pas qu’il fût indispensable de passer ensemble la dernière nuit… à moins que Paul-Jones, dans son impérieux désir de rencontrer celle qu’il appelait la reine de la nuit, ne cherchât à se procurer, tout simplement, un alibi capable d’attester devant l’irascible Mrs. Townsend (car elle était insupportable) qu’ils avaient achevé la nuit ensemble…
    — Allons, promettez ! reprit le marin. Peut-être n’aurez-vous pas, de sitôt, l’occasion d’être conduit chez cette Mme de Kernoa car, si sa maison est fastueuse, il faut tout de même montrer patte blanche pour y être admis.
    Gilles, qui n’écoutait que d’une oreille, tressaillit.
    — Quel nom avez-vous dit ?
    — Mme de Kernoa. Elle habite rue de Clichy l’ancienne folie du duc de Richelieu.
    — C’est un nom breton, cela ? Elle est bretonne ?
    — Nullement. Écossaise ou Irlandaise, je crois. Ce nom est celui du mari, car il y a toujours un mari dans ces cas-là. Cela fait plus respectable. Ce qui n’empêche que beaucoup d’hommes s’intéressent à la merveille. Le banquier Laborde d’abord puis son voisin, l’ambassadeur des Deux-Siciles, prince Caramanico. Un autre voisin, enfin, l’Écossais Quentin Crawfurd, celui que l’on a surnommé « le Nabab de Manille » qui a cependant une superbe maîtresse et que l’on dit, de surcroît, amoureux de la reine, serait prêt pour

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