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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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après tout sommes-nous, l’un et l’autre, trop… puritains.
    — Puritain, moi ? En dépit de mon sang écossais, je proteste que vous m’insultez, Vaughan ! Moi qui ne cesse de faire des folies pour les femmes ! Moi qui ne sais pas résister quand on m’en signale une que je ne connais pas ! Tenez… que faites-vous en sortant d’ici ?
    — Que voulez-vous que je fasse ? Je vais me coucher, parbleu… et peut-être plus tôt que je ne pensais si ce vieux raseur s’installe. Bien que, pour une fois, il paraisse avoir quelque chose de plus intéressant que lui-même à raconter… Je crois d’ailleurs qu’il revient à lui…
    La voix enrouée de l’ancien pensionnaire de la Bastille et de Vincennes s’entendait, en effet, de nouveau mais, au moment de pénétrer dans la bibliothèque, Paul-Jones retint son compagnon.
    — Cette nuit est la dernière que je passe à Paris, plaida-t-il. J’aimerais que nous la brûlions ensemble. Mettez cela sur le compte d’une sympathie que j’espérais avoir le loisir de développer au cours de la traversée. Ne me refusez pas. Je crois pouvoir vous promettre que vous ne le regretterez pas.
    — Mais je sais déjà que je ne regretterai pas d’être auprès de vous, amiral, bien au contraire…
    — Vraiment ? Vous me comblez de joie. Écoutez ! Afin de me donner de plus vifs regrets encore, un ami m’a proposé de me présenter à la plus jolie femme de Paris. Elle est, paraît-il, la maîtresse d’un banquier richissime et sa maison, où elle tient table et jeux ouverts, est infiniment agréable. Et bien qu’elle ne soit là que depuis peu de temps, certains la nomment déjà la reine de la nuit tant elle est belle et séduisante. N’en avez-vous pas entendu parler ?
    — Mon Dieu non, pas encore. Hormis pour me rendre ici, ou chez mon ami Beaumarchais, je sors assez peu… Ceci dit, je vous accompagnerai avec plaisir.
    Entrant dans la bibliothèque, ils s’approchèrent du cercle formé autour du canapé sur lequel Latude, accommodé d’une pile de coussins, était en train de reprendre ses esprits en avalant un verre de ce redoutable punch virginien qui mélangeait le rhum à la bière et à quelques autres ingrédients capables d’étendre raide un buveur moyen. Mais le vieil homme paraissait y puiser des forces nouvelles.
    — Eh bien, dit Jefferson quand il le vit un peu remonté, nous direz-vous, cher ami, ce qui vous a mis dans cet état ?
    Tout en parlant, il faisait signe à un valet de remplir à nouveau son verre. Mme Legros tendit le sien.
    — Il n’est pas raisonnable, monsieur le ministre, pas raisonnable du tout ! J’ai voulu l’empêcher de venir jusqu’ici en lui expliquant que demain matin serait assez tôt, qu’il avait besoin de se coucher, mais il n’a rien voulu entendre. Il vous aime tant, voyez-vous, qu’il lui faut partager avec vous toutes ses émotions, celle de ce soir comme les autres. Il faut vous dire que nous étions priés à souper chez de bons amis à moi qui ont leur demeure en face de l’hôtel de Rohan-Strasbourg et que nous avons été…
    — Mais taisez-vous donc, pécore ! s’écria Latude indigné. Vous racontez tout comme une sotte et êtes bien incapable de traduire les états d’âme d’un homme comme moi ! Je suis assez grand pour raconter tout seul… En effet, mon ami, ajouta-t-il d’un ton plus aimable en se tournant vers Jefferson, nous étions chez des amis quand, par les fenêtres ouvertes, nous avons vu les gens qui passaient dans la rue se rassembler peu à peu autour d’une femme sortant tout juste de l’hôtel de Rohan et qui pleurait, qui pleurait… oh ! c’était à faire pitié. Un homme l’a rejointe, qui la cherchait sans doute mais qui, la voyant entourée de monde, est resté avec elle et ils ont raconté à la foule ce qui venait de se passer chez ce pauvre cardinal…
    — Comment cela, ce pauvre cardinal ? dit le ministre. N’est-il pas sorti blanc comme neige du Parlement ?
    — Eh oui ! Mais cela n’a pas fait l’affaire de Versailles. Il paraît que, ce tantôt, le baron de Breteuil, l’ennemi juré du cardinal et le ministre des vengeances de la reine, s’est fait porter chez M. le cardinal, en dépit d’une maladie, pour lui demander, de la part du roi, sa démission de la Grande Aumônerie et son cordon bleu. En échange, il lui a signifié un ordre d’exil. On l’envoie dans son abbaye de la Chaise-Dieu, dans le fin fond des

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