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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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montagnes d’Auvergne, avec défense de jamais reparaître à la Cour… Il doit être parti demain.
    — Le roi a modifié le jugement du Parlement ? dit Paul-Jones. En ce cas, ce n’était guère la peine de lui demander de se prononcer sur cette affaire…
    — C’est un scandale, n’est-ce pas ? renchérit Mme Legros décidément incapable de se taire. On exile ce pauvre cher cardinal tout comme l’on a exilé Reteau de Villette, le faussaire. La même peine…
    — Pas tout à fait, coupa Gilles. J’étais au procès, j’ai entendu la sentence… d’ailleurs ridicule de ce Reteau. Il va être conduit enchaîné à une frontière. Le cardinal gagnera librement son abbaye, c’est-à-dire une terre française où il est le maître. Il y a tout de même une nuance…
    — Je vous l’accorde, s’écria Latude, mais l’aggravation de jugement ne vise pas que le cardinal. On chasse Cagliostro ! Lui aussi doit quitter la France, et vite, avec le peu qu’on voudra bien lui laisser, sans doute, de sa fortune. Oh ! il n’est pas difficile de deviner d’où est venu le coup. Le roi, lui, est une bonne pâte d’homme mais l’Autrichienne en fait ce qu’elle veut et sa haine envers le cardinal ne désarme pas. La foule, devant l’hôtel de Rohan-Strasbourg, ne s’y est pas trompée, elle ! J’aurais voulu que vous entendiez le vacarme, les cris de colère, les menaces que l’on faisait entendre. Une chose est certaine : à cette heure, le peuple de Paris s’assemble afin d’empêcher le cardinal et sa suite de sortir de l’hôtel. Et si l’on envoie la troupe pour dégager les portes, il y aura du sang versé…
    — Il n’y aura pas de sang versé, dit encore Gilles. Le cardinal ne le permettra pas. Cet homme-là se pliera à la volonté royale sans un mot de protestation, j’en suis certain.
    — On le sait bien et c’est pour cela, surtout, que nous sommes accourus ici. Monsieur le ministre, je vous en conjure, il faut que vous fassiez quelque chose…
    — Moi ? fit Jefferson abasourdi. Mais que voulez-vous que je fasse ?
    — Courez à Versailles ! Le roi vous aime et vous veut du bien. Expliquez-lui qu’il doit rapporter cet ordre d’exil inique, s’il ne veut pas voir demain Paris à feu et à sang. Dites-lui…
    — Là, là, mon ami ! Comme vous y allez… Je ne peux ni ne veux intervenir en quoi que ce soit dans cette affaire qui est une affaire intérieure de la France et ne regarde en rien les étrangers. On ne me pardonnerait jamais, à Annapolis, en admettant que je me laisse entraîner par vous, ce qu’à bon droit on considérerait comme une lourde faute…
    — Alors, voyez la reine en privé ! En privé ! On trouve suspect à Paris cette grande sévérité pour un homme qui, après tout, était peut-être bien tout de même son amant… C’est une garce, mais…
    Le sang monta brutalement au visage de Tournemine.
    — Misérable !… gronda-t-il prêt à se jeter sur Latude, mais déjà une poigne vigoureuse le retenait.
    — Du calme, John ! dit Jefferson d’une voix dont la douceur contrastait avec la dureté de sa main. Notre ami se laisse emporter par la générosité de sa nature qui lui fait craindre le sang versé et vous, vous êtes comme tous nos jeunes hommes, un peu amoureux de la reine de France. Mon cher monsieur de Latude, ajouta-t-il beaucoup plus fermement, je vous serais fort obligé de ne plus me parler de Versailles. Je n’ai rien à y faire et je n’irai pas.
    Puis, baissant la voix tandis que quelqu’un d’autre posait une question à l’ancien prisonnier, il murmura mi-sérieux, mi-moqueur, à l’adresse de Gilles :
    — Taisez-vous donc ! Vous oubliez que vous êtes Américain. Ma parole, vous réagissez comme un gentilhomme français… ou comme un garde du corps !
    En dépit de son empire sur lui-même, Gilles tourna vers le ministre américain un regard qui s’effarait mais il ne rencontra qu’un visage souriant et un regard amusé.
    — Avant de partir, ce soir, ajouta le ministre, passez donc un instant dans mon cabinet. J’ai quelque chose à vous remettre…
    Sans laisser à Gilles le temps de lui répondre, il s’éloigna de quelques pas pour se faire servir un verre de punch. Personne n’avait fait attention à leur bref aparté. La conversation roulait à présent sur la comtesse de La Motte et quelqu’un demandait si la sentence qui la frappait avait été exécutée…
    — Pas encore, dit

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