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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mentait pas et se contenta de hausser les épaules. Il savait, en effet, quelle passion des cartes en particulier et du jeu en général l’habitait et qu’il n’était pas de tripot un peu élégant qu’elle n’eût visité au moins une fois ; que, même dans son propre hôtel, une cave avait été aménagée à cet effet, une cave comme il en existait d’ailleurs dans certaines ambassades étrangères.
    — Pour ma part, dit Caramanico, j’accepte avec reconnaissance votre offre généreuse, madame, et vous en rend grâces. Eh bien, monsieur, ajouta-t-il à l’adresse de Gilles, je crois que plus rien ne nous empêche de vider notre querelle. Voici le comte Cavalcanti qui me servira de témoin. Partons donc ! Je vous demanderai seulement la permission de m’arrêter un instant chez moi pour y prendre mon médecin…
    — Inutile ! coupa Mme de Balbi. Il y a, chez moi, un excellent médecin à demeure qui veille sur la santé du comte, mon époux…
    Le prince s’inclina.
    — Dans ce cas… Ah ! j’allais oublier. Vous êtes l’offensé, capitaine Vaughan. Quelle arme choisissez-vous ?
    — Nous avons chacun une épée. Pourquoi chercher d’autres armes ?
    — Eh bien, messieurs, allons ! dit froidement la comtesse. J’ai là mon carrosse et je vous emmène, capitaine Vaughan, ainsi que votre témoin bien entendu.
    — Ne vous donnez pas cette peine, madame, fit Paul-Jones qui ne se départissait pas d’une raideur réprobatrice bien qu’il eût enveloppé la jeune femme d’un regard admiratif, j’ai, moi aussi, ma voiture…
    Le sourire qu’Anne lui adressa disait assez qu’elle était enchantée d’une circonstance qui lui accordait un moment de solitude avec Gilles mais elle se contenta d’approuver d’un signe de tête, s’absenta un instant en disant qu’elle allait prévenir le comte d’Orsay de son départ et de son intention de lui renvoyer sa voiture, revint puis, glissant son bras sous celui de Gilles, prit la tête du petit cortège qui se dirigea vers le perron.
    En prenant place auprès de Mme de Balbi, sur les coussins de velours bleu de la voiture, Gilles ne put s’empêcher de lever les yeux vers le premier étage de la maison. Une suite de trois fenêtres y était éclairée mais de façon bien différente de l’illumination du rez-de-chaussée. C’étaient les lumières roses, adoucies, des lampes que l’on allume de façon à ne pas blesser les yeux d’un malade.
    Le chevalier n’avait qu’à fermer les siens pour imaginer Judith étendue dans la blancheur dérangée des draps et le flot brillant de sa chevelure dénouée, inconsciente encore peut-être ou, déjà réveillée, cherchant à comprendre pourquoi cet inconnu l’avait attaquée avec tant de brutale grossièreté, tant de mépris aussi. À moins que l’évanouissement n’ait été qu’un bon moyen d’en finir avec une situation devenue insupportable ? Mais non ! Elle était pâle jusqu’aux lèvres lorsqu’on l’avait emportée et Gilles revoyait nettement la tête inerte qui ballottait sur le bras du Suisse…
    Une brusque douleur lui vrilla le cœur dominant un instant l’amertume et la colère qui ne le quittaient pas. Venant d’un étranger, d’un inconnu, ce qu’il venait de faire était d’une inqualifiable goujaterie mais lequel, parmi ceux qui avaient assisté à la scène, lui donnerait tort un seul instant s’il savait la réalité de ses liens avec la fausse Mme de Kernoa ? Qu’y avait-il au juste dans la jolie tête de Judith ? Quelle sorte d’amour était le sien puisqu’au lieu de le pleurer dans le silence et la dignité, elle avait choisi de le remplacer dans d’aussi infâmes conditions ? À moins que la reine n’eût raison sur toute la ligne… à moins qu’elle ne l’ait jamais aimé réellement et, si elle l’avait épousé, c’était uniquement parce qu’il s’était trouvé là, seul refuge pour elle à un moment où elle ne savait plus de quel côté se tourner, où elle mourait de peur…
    — Ne me traite pas en ennemie ou en coupable, murmura auprès de lui la voix d’Anne. Sur l’honneur de ma mère, je te jure que c’était la première fois que je venais ici, ce soir…
    — Pardonne-moi !… mais ce n’était pas à toi que je pensais, dit-il amèrement. Depuis que je suis entré dans cette maison, tout à l’heure, il me semble que je vis un cauchemar, que ce n’est pas moi, que ce n’est pas elle et je fais des

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