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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Polignac. Ce n’est pas une vertu, tant s’en faut et nous avons quelques vices communs. Je saurai la vérité. Dussé-je la demander à Judith elle-même. Mais toi, tu promets ?
    Le passage d’une lanterne fit luire les larmes qui roulaient sur ses joues et révéla l’angoisse qui habitait son regard. Un instant, Gilles la considéra sans rien dire, avec une surprise où passait un peu d’émotion.
    — C’est donc vrai que tu m’aimes, toi ?
    — Oui, moi… moi, la Balbi !… la femme aux cent aventures je n’ai plus d’amour que pour un seul homme, toi ! C’est drôle n’est-ce pas ? Je me croyais si forte…
    Il l’attira contre lui, plongeant son regard dans l’eau sombre et brillante du sien. Contre sa poitrine, il sentit le battement affolé du cœur de la jeune femme.
    — C’est drôle, en effet, dit-il lentement. Je voyais en toi une ennemie et tu ne cesses de me prouver un amour auquel je ne voulais pas croire. Elle… voilà des années qu’elle dit m’aimer, elle est ma femme mais hormis le don de sa virginité je n’ai jamais eu d’elle que des preuves de méfiance. C’est ce soir, cependant, que je comprends combien ma vie est bouleversée. J’ai peur vois-tu… que ce ne soit dur de vivre après cet échec jeté à ma plus chère espérance…
    — Néanmoins tu vivras… Je veux que tu vives.
    Il se pencha un peu plus et l’embrassa, doucement d’abord puis avec une ardeur désespérée. Ses lèvres lui parurent fraîches et douces comme une source rencontrée après une course épuisante. Il y but à longs traits, réconforté plus qu’il ne l’aurait cru par cette féminité vivante et vibrante qu’Anne dégageait. Alors qu’il s’apprêtait à regarder, une fois de plus, la mort au fond des yeux, il avait l’impression d’étreindre la vie même.
    La voiture venait de franchir le grand portail de l’hôtel de Balbi et roulait sur les pavés de la cour d’honneur. On arrivait. Vivement, Anne glissa des bras de Gilles.
    — Tu n’as pas promis ! gronda-t-elle en essuyant avec rage les larmes qui coulaient encore de ses yeux. Tu n’as pas promis…
    — Mais si ! Je viens de le faire… sur ta bouche. Il faudrait qu’il soit bien fou l’homme qui se refuserait à jamais la joie de te posséder encore.
    — Vrai ? Tu vas te battre…
    — Comme si ma vie en dépendait ! fit-il avec un petit rire. Tu m’as rendu le goût du combat. C’est déjà beaucoup…
    Posant un baiser rapide au creux de la main qui tenait encore la sienne, il sauta à bas du carrosse et offrit son poing fermé pour aider la jeune femme à descendre dans un grand frissonnement de soie. Les deux autres voitures qui les avaient suivis arrivaient à leur tour et la comtesse, après quelques mots murmurés à l’oreille du majordome qui s’était précipité au-devant d’elle, se dirigeait vers une petite porte donnant directement sur le grand jardin derrière l’hôtel et qu’une simple grille séparait du parc du Luxembourg.
    Ce jardin était en fait une roseraie, un véritable paradis de roses dont les masses embaumées s’épanouissaient un peu partout, en massifs, en cascades, en boules neigeuses ou en vagues, croulant de grands vases de pierre qui ornaient la terrasse et le large escalier descendant jusqu’aux fontaines d’une vaste pièce d’eau. De chaque côté de cet énorme bouquet, de grands arbres prolongeaient ceux du parc de Monsieur et abritaient quelques-unes de ces charmantes constructions fantaisistes que l’on appelait alors des fabriques : une lanterne chinoise, une pyramide, un petit temple dorique à quatre colonnes cannelées…
    Ce fut vers ce temple que l’on se dirigea. Il s’élevait au centre d’une petite clairière tapissée de sable uni et de larges bandes de gazon. Des valets apparurent avec des lanternes et le médecin que Mme de Balbi avait fait réveiller et qui accourut tout en achevant de nouer sa cravate.
    — Voici le docteur Marchais, messieurs, chirurgien par quartiers de Monsieur, qui soigne le comte de Balbi. J’ajoute qu’il a servi aux carabiniers du comte de Provence et qu’il peut vous tenir lieu de directeur du combat. À moins que vous ne préfériez que j’assume moi-même cette charge ?…
    — Comment le pourriez-vous, madame ? s’écria Paul-Jones scandalisé. Les armes sont objets bien étrangers à une grande dame doublée d’une jolie femme.
    — Vous seriez surpris, amiral, si je vous montrais ce

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