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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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M. de Kernoa ? cria Judith. Pourquoi n’aurais-je pas le droit d’avoir un époux ? Qui vous a autorisé à vous immiscer ainsi dans ma vie ? Allez-vous-en, vous et votre amiral ! Les Américains sont des gens impossibles qui se croient tout permis. Quant à vous, vous n’êtes qu’un misérable fou mais ce que vous venez de faire va vous coûter la vie car ceux qui me protègent ne laisseront pas un tel forfait impuni..
    — Vraiment ? Mais écoutez-la donc. C’est une impératrice, ma parole, que cette femme ! Allons, la belle, assez de mensonges ! Bas les masques à commencer par celui de cet honorable époux. Il y a eu jadis un brave garçon nommé Job Kernoa que vous aviez épousé et qui était médecin, à Vannes, mais il est mort depuis longtemps et le soir même de ses noces avec vous. De là vient ma surprise en apprenant qu’il était si heureusement ressuscité… et anobli par-dessus le marché.
    Soudain, la main qui serrait Judith ne tint plus qu’une petite chose froide et molle. La jeune femme glissait à terre, sans connaissance, après avoir jeté à son bourreau un regard dilaté par l’épouvante. Aussitôt l’Italien fut à genoux auprès de la longue forme noire qui n’avait rien perdu de sa grâce en s’abattant sur les dalles de marbre rose. Il la prit dans ses bras pour chercher à la ranimer.
    — Si vous l’avez tuée, je demanderai votre tête, monsieur, tout Américain que vous soyez !
    — Allons donc ! Vous voyez bien qu’elle respire.
    — Peut-être pas pour longtemps. Des sels ! du vinaigre ! une serviette !… Que l’on appelle sa camériste ! Il faut la porter dans sa chambre.
    Un instant plus tard, l’un des gigantesques Suisses emportait Judith inanimée dans ses bras et perçait, suivi de la femme de chambre accourue, le cercle chuchotant des joueurs et des fêtards qui avaient assisté à cette scène violente avec autant de sang-froid que si elle s’était déroulée sur le plateau d’un théâtre. Pour tous ces gens, Mme de Kernoa était une hôtesse agréable, fastueuse et commode mais rien de plus. La passion du jeu les habitait trop pour qu’ils se soucient beaucoup du sort d’une femme de petite vertu. Néanmoins, ils ne retournaient pas encore à leurs cartes et à leurs dés pensant, non sans raison, qu’il y avait peut-être encore quelque chose à voir.
    En effet, l’Italien s’était relevé, époussetant d’un geste machinal ses genoux, et se dressait devant Gilles qui n’avait pas fait un geste lorsque l’on avait emporté Judith.
    — À nous deux, à présent, monsieur l’insulteur de femmes ! M. de Kernoa se trouvant absent ce soir, ainsi d’ailleurs que M. de Laborde, le meilleur ami de cette malheureuse jeune femme que vous avez osé agresser de si inqualifiable façon, c’est donc moi qui me substituerai à eux pour vous demander raison. J’ajoute que je suis très fort aux armes et que j’espère bien vous tuer.
    — Ne vous gênez surtout pas, fit tranquillement Gilles en remettant son épée au fourreau. Néanmoins, avant de vous donner ce plaisir, j’aimerais savoir à quel titre vous vous faites le défenseur d’une vertu inexistante ? Faites-vous partie, vous aussi, des propriétaires, ou bien n’êtes-vous encore que candidat au titre ?
    — Cela ne vous regarde pas ! Je suis le prince Caramanico, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté le roi des Deux-Siciles auprès de la cour de France. Cela doit vous suffire, il me semble… Et je déclare hautement, ici, que vous êtes un lâche et un misérable. Vous battrez-vous ?
    — Il n’a jamais été question d’autre chose… encore que vous ne soyez pas l’homme que je souhaite tuer. Cela ne me fera qu’un duel de plus, voilà tout… car je vous préviens que je suis moi aussi d’une certaine force aux armes.
    Le large sourire du prince fit briller ses dents impeccablement blanches.
    — Vraiment ? Vous me faites plaisir car je n’apprécie rien tant qu’un bon adversaire, si ce n’est le plaisir que l’on prend auprès d’une jolie femme. Messieurs, ajouta-t-il à l’adresse du cercle de curieux, il n’y a plus rien à voir ici et vous pouvez retourner à vos jeux. La suite de cette aventure ne regarde plus que cet homme et moi et vous pensez bien que nous n’allons pas en découdre ici.
    — Pourquoi pas ? fit Gilles. Le jardin me paraît vaste et commode.
    — Sans doute, mais si vous n’y voyez pas d’inconvénient,

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