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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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la tête aux pieds, la longue silhouette du nouveau venu, à la manière exacte du riche planteur qui songe à acheter un esclave.
    — Vraiment, monsieur, vous brûliez ? fit-elle du bout de ses jolies lèvres qu’elle trempa aussitôt dans le vin léger qui pétillait au bout de ses doigts. Comme c’est intéressant !…
    — Heureux de vous l’entendre dire. C’est vrai, je brûlais… je brûle encore d’ailleurs et, cet incendie étant fort gênant, j’ose espérer que vous serez assez bonne pour consentir à l’éteindre.
    Judith fronça les sourcils. De toute évidence, il y avait dans le ton de cet inconnu quelque chose qui ne lui plaisait pas.
    — Comment l’entendez-vous ? fit-elle avec hauteur.
    — Le plus simplement du monde, madame, dit-il tranquillement. Vous êtes extrêmement belle – et son regard, à son tour, détailla la beauté offerte de la jeune femme, s’attardant sur le nid de dentelle noire où palpitait la gorge si largement découverte. Vous avez l’habitude que l’on vous désire et que l’on vous le dise. Eh bien je le dis : je vous désire. Il vous reste donc à me faire connaître le prix que je dois payer pour assouvir ce désir en achevant cette nuit dans votre lit.
    Un tollé indigné salua cette effarante déclaration, étouffant le cri de colère de Judith et le bruit cristallin que fit, en se brisant, le verre qu’elle venait de lâcher. En même temps, sa main, rapide comme l’éclair, partit en direction de l’insulteur pour le gifler mais il fut plus rapide qu’elle et saisit cette main au vol.
    — Allons ! Du calme ! Pourquoi tant d’indignation ? persifla-t-il. Il faut avoir le courage de ses opinions… ou de son métier ce qui revient au même.
    — Êtes-vous devenu fou, Vaughan ? souffla Paul-Jones abasourdi. Vous avez trop bu sans doute…
    — Nullement ! Et je ne vois pas pourquoi il faudrait tant de détours pour passer marché avec une courtisane dont on a envie…
    Une tempête de protestations souleva le groupe d’hommes qui entouraient Judith dont Gilles tenait toujours la main et qui se tordait, pâle de fureur, pour essayer de lui échapper.
    — On voit bien que vous venez d’un pays de sauvages ! s’écria l’un d’eux en s’élançant sur Gilles. Vous n’êtes qu’une brute sans éducation ! Lâchez madame immédiatement !
    Mais, avant que l’autre ne l’ait atteint, Tournemine avait reculé, traînant après lui sa prisonnière qu’il maintenait d’une poigne irrésistible tandis que, de sa main libre, il avait tiré son épée.
    — Je n’ai pas l’intention de la lâcher. Allons, messieurs, qui de vous va venir me la réclamer les armes à la main ? Qui de vous va accepter de se battre pour une catin ?
    — Cyprien ! Anatole ! hurla Judith en direction du vestibule. Venez me libérer et jeter ce misérable à la rue…
    Les deux Suisses apparurent aussitôt, suivis d’ailleurs de presque tous les occupants des tables de jeu que les cris avaient alertés. Mais Gilles avait déjà cherché refuge dans l’angle d’une porte, suivi de Paul-Jones qui, hagard, ne sachant plus très bien où il en était, le suppliait de faire cesser ce scandale.
    Le jeune homme éclata de rire.
    — Voilà bien du bruit pour peu de choses ! s’écria-t-il. Je n’ai fait que réclamer hautement ce qu’implorent avec bassesse tous ceux qui sont ici. Tenez-vous tranquille, madame, gronda-t-il entre ses dents, sinon je déchire votre robe, je vous expose nue sur cette table et je fais monter les enchères ! Allons, messieurs, approchez ! Qui veut tâter de ma lame ?
    — Mais enfin que prétendez-vous faire ? cria quelqu’un.
    — Je prétends faire sortir de son trou le propriétaire de madame… l’homme qui paie tout ce luxe ! C’est à lui, il me semble, de défendre son bien. Cela lui coûte assez cher : lui seul a le droit de me demander raison et vous le savez bien. Aucun gentilhomme ne peut avoir envie d’aller sur le pré pour une gourgandine… Allons, où est le banquier Laborde ?…
    Un homme très brun, de taille moyenne mais vigoureusement bâti, très élégamment vêtu et de noble allure sortit du cercle qui entourait le couple.
    — M. de Laborde n’est pas là, articula-t-il avec un fort accent italien, pas plus d’ailleurs que M. de Kernoa…
    — Comment ? Il y a un M. de Kernoa ? s’écria Gilles. Mais d’où sort-il celui-là ?
    — Pourquoi n’y aurait-il pas un

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