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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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parlait à présent, enfilant des phrases l’une après l’autre comme si elle récitait une leçon. Il y avait en elle quelque chose d’automatique, d’impersonnel qui frappa Gilles et lui fit froncer le sourcil : il aimait mieux la furie déchaînée de tout à l’heure. Celle-là était la vraie Judith ; pas celle qu’il avait à présent sous les yeux, débitant des paroles qui lui paraissaient curieusement étrangères et que d’ailleurs il n’écoutait pas.
    — Si je te comprends bien, dit-il tranquillement, ce bon Kernoa est un revenant, lui aussi, tout comme toi, tout comme moi… En tout cas, il me paraît au mieux avec le Seigneur car t’avoir retrouvée alors que tu étais cachée à Saint-Denis, sous un faux nom après avoir passé pour morte, cela tient du génie. Au fait, et à propos de Saint-Denis, j’aimerais bien savoir comment tu en es sortie ? La prieure, Madame Louise de France, m’a dit que la reine, cette reine que tu hais tant, avait pris la peine de te faire chercher par l’une de ses intimes amies, la comtesse de Polignac alors même qu’elle m’avait dit sa volonté de te maintenir dans cet abri sacré assez longtemps pour que l’on puisse oublier tes exploits de Seine-Port. Je t’avoue n’avoir rien compris et mon intention était de me rendre à Versailles pour voir la reine et l’interroger respectueusement. Mais j’ai préféré commencer par toi. Cela m’a paru plus logique.
    Il s’interrompit. Judith s’était mise à rire comme s’il venait de lancer une irrésistible plaisanterie.
    — Je ne vois pas ce que j’ai dit de si drôle ?
    — C’est plus que drôle ! Mais pour que tu apprécies tout le sel de la chose, il faut bien que je te mette les points sur les I. Comment as-tu pu croire que la reine m’avait fait sortir ? S’il n’y avait eu qu’elle j’aurais sans doute pourri dans cette prison jusqu’à ce que j’aie des cheveux blancs. D’ailleurs, vous étiez d’accord, toi et elle… Vous avez été trop contents d’apprendre que Monseigneur de Provence m’avait cachée à Saint-Denis ? Quand on m’a dit que ta Messaline ordonnait que l’on m’y maintienne, même si Madame me réclamait, j’ai compris qu’elle me rendait ma haine et que, toi mort, elle entendait se venger sur moi…
    — Assez de sottises ! Va au fait : comment es-tu sortie ?
    — Grâce à celui qui m’y avait fait entrer… et le plus simplement du monde : avec une fausse lettre de la reine.
    — Portée sans doute par une fausse comtesse de Polignac ? fit Gilles sarcastique.
    — Tu ne crois pas si bien dire : portée par une fausse comtesse de Polignac. Ce n’était pas difficile, d’ailleurs. Il suffisait d’une femme lui ressemblant un peu. D’ailleurs, même cette ressemblance était superflue : Madame Louise a quitté la Cour bien avant que les Polignac n’y viennent. Elle n’a jamais vu la comtesse, ni aucun autre membre d’une famille qui était assez obscure, en son temps, et trop pauvre pour paraître à Versailles. Tu vois, tout cela est fort simple ! Qu’en dis-tu ?
    — Rien ! En vérité je ne vois rien à dire ! Tout cela est admirable quand on songe que l’auteur de ces mensonges, de ces faux-semblants, de ces faux tout court est un prince du sang, un fils de France et le propre frère du roi ! En vérité, je ne sais ce que je dois le plus admirer, du peu de crainte que lui inspire la justice divine ou de la servilité avec laquelle tu lui obéis et te plies à tous ses caprices. Je savais que Monsieur était un misérable prince, mais je ne savais pas que toi, une Saint-Mélaine c’est-à-dire une fille dans les veines de qui coule un beau sang breton, tu pouvais descendre assez bas pour le suivre dans ses menées tortueuses, pour t’avilir comme tu le fais.
    Le mot la gifla et, enfin, elle retrouva ses réactions sauvages de tout à l’heure, celles de la vraie Judith.
    — En quoi suis-je avilie ? Parce que j’ai repris la vie commune avec mon véritable époux ?
    — La vie commune ? Où donc est-il ? Comment se fait-il que je ne l’aie vu à tes côtés ni hier ni ce soir ?
    — Il est absent de Paris mais il ne saurait tarder. Peut-être rentrera-t-il cette nuit-même. Il ne me laisse jamais seule très longtemps.
    — Vraiment ? Alors, nous allons l’attendre ensemble. Pendant ce temps-là tu auras tout le temps de me raconter la suite de ton roman. Car, en vérité, il y a encore beaucoup de

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