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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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choses qui m’échappent dans ton histoire et, si tu veux savoir mon sentiment, je la trouve plutôt fumeuse.
    — L’attendre ? Que veux-tu dire ?
    — Rien d’autre que ce que je dis…
    Et Gilles, avisant une chaise longue disposée devant l’une des fenêtres, alla en ôter une robe qui s’y trouvait jetée et s’installa commodément, en homme qui a tout son temps, prenant soin seulement de garder son épée à portée immédiate de sa main.
    — Voilà ! fit-il avec satisfaction. À présent je t’écoute. Dis-moi un peu quelle bonne fée de la lande bretonne, quel korrigan, quel enchanteur Merlin est allé prendre par la main ce digne moribond pour te le ramener à… au fait, où donc ? Ce n’est tout de même pas à Saint-Denis qu’il est venu te trouver ?
    — Non, répondit Judith sombrement, c’est au château de Brunoy. Et cesse de persifler : le seul miracle dans notre histoire à tous deux est qu’il soit demeuré en vie et que Monseigneur en ait eu connaissance. Job m’a cherchée quand il est revenu à la vie. Il a battu la Bretagne puis il est venu à Paris. Je lui avais parlé de ma pauvre tante de Sainte-Croix. La chance a fait le reste.
    — La chance ! Comme c’est aimable pour moi… Mais c’est vrai, au fait, tu avais jadis une tante à Paris, celle qui était une si fidèle adepte de ce pauvre Cagliostro. D’où vient que tu n’aies pas cherché refuge auprès d’elle après ma mort ?
    — J’avais alors besoin d’être puissamment protégée, par quelqu’un d’assez fort pour me venger de Marie-Antoinette. Mais après ma sortie de Saint-Denis, j’ai voulu aller chez elle. Je suis arrivée juste à temps pour recueillir son dernier soupir. Elle était mourante… et c’est auprès d’elle que j’ai retrouvé mon cher Job ! À présent, tu sais tout et je t’en supplie, va-t-en !
    — Que je m’en aille ? Mais, ma chère, il n’en est pas question. Je viens de te dire que je voulais voir ce bon docteur Kernoa… il est bien médecin, n’est-ce pas ?
    Judith fit signe que oui mais, depuis quelques instants elle faisait preuve d’une nervosité croissante, allant et venant à travers sa chambre en serrant très fort ses mains l’une contre l’autre. Pendant un long moment, elle continua en silence cette promenade agitée sous l’œil de Gilles qui l’observait, intrigué par un comportement si étrange. Elle semblait l’avoir complètement oublié, passait continuellement devant lui sans même lui jeter un regard mais murmurant entre ses dents des mots incompréhensibles. On aurait dit qu’elle discutait avec elle-même ou encore qu’elle luttait contre une puissance invisible. Et le silence profond qui enveloppait cette maison autour de cette femme presque hagarde avait quelque chose d’hallucinant.
    Incapable de supporter plus longtemps ces allées et venues, Gilles allait arrêter Judith quand, d’elle-même, elle se planta devant lui et la lumière de la chandelle fit briller des larmes sur ses joues.
    — Écoute, fit-elle douloureusement. Il faut que tu t’en ailles ! Il faut que tu comprennes enfin qu’il n’y a plus rien de possible entre nous, que tout est fini. D’ailleurs cela a-t-il jamais commencé ? Nous nous sommes trompés…
    — Parle pour toi ! Moi je sais que je ne me suis pas trompé. Toujours je n’ai voulu que toi, je n’ai rêvé que de toi. As-tu oublié nos nuits d’amour et ce soir merveilleux où tu es venue vers moi… où tu disais que tu m’aimais ? Et tu m’aimes vraiment sinon tu n’aurais pas fait ce que tu as fait quand tu t’es cru trompée. Reviens à toi, Judith ! Tu es là, devant moi comme l’ombre de toi-même, prisonnière de je ne sais quel sortilège. Et d’ailleurs n’est-ce pas la seule explication valable ? Sinon comment toi, si fière, si farouche, comment aurais-tu pu consentir à devenir ce que l’on a fait de toi ? La reine de la nuit ! Une tenancière de tripot ! Une fille entretenue… toi, Judith ? Allons donc !
    Avec colère, elle se détourna de lui, frappant rageusement le parquet du pied.
    — Je ne suis pas une fille entretenue ! Si j’ai accepté de tenir ce rôle, c’est… oh ! et puis je suis bien bonne de te donner des explications puisque tu n’es plus rien pour moi, puisque tu n’as jamais rien été… Mais, à présent il faut que tu t’en ailles… que tu cesses de me tourmenter. Si vraiment tu m’as aimée, laisse-moi !
    À nouveau,

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