Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
amené. Mais son corps ne faisait qu’obéir à un automatisme que son esprit ne contrôlait pas et si quelqu’un, à cette minute, avait demandé à Tournemine où il allait, il eût été parfaitement incapable de répondre. Peut-être parce qu’il n’avait vraiment envie d’aller nulle part. Il se sentait fourbu comme après une très longue course. Et peut-être la meilleure chose à faire serait-elle de se trouver un trou quelconque, à l’abri d’un buisson ou d’un mur et d’y dormir… Dormir des heures, des jours, des semaines ! Laisser s’assoupir sa douleur…
    Il enjambait l’appui de la fenêtre et allait saisir la branche pour retourner dans son arbre quand le pas d’un cheval retentit dans la rue puis s’arrêta. Il y eut un bruit de voix étouffées suivi du grincement d’une grille que l’on ouvrait. Et puis à nouveau le pas du cheval sur le gravier des allées, un pas tranquille, décontracté, l’allure de quelqu’un qui rentre chez lui…
    Alors, brusquement, l’esprit de Gilles se remit à fonctionner. D’un seul coup, comme un homme que l’on a jeté à l’eau et qui touche du pied le fond, il remonta vers la surface. Quelqu’un arrivait à la maison et son instinct lui soufflait que ce quelqu’un était Kernoa. Alors l’envie le prit d’apercevoir au moins ce revenant dont le souvenir avait été assez puissant pour lui enlever si totalement l’amour de Judith. Et, au lieu de se hisser dans l’arbre, il rentra dans la maison.
    Ses yeux qui savaient si bien voir dans l’obscurité étaient parfaitement accoutumés à présent et distinguaient à merveille les portes, les meubles. Il s’avança tout doucement au long du couloir en prenant bien soin de marcher exclusivement sur les tapis pour ne pas faire crier le parquet mais tout en se tenant prêt à se jeter dans telle ou telle encoignure de porte. En bas d’ailleurs, il entendit la porte-fenêtre s’ouvrir et se refermer… et n’eut que le temps de se cacher dans un renfoncement : Judith armée de sa chandelle venait de sortir de sa chambre et se précipitait dans l’escalier.
    — Job !… mon chéri ! Enfin vous voilà !
    Il y eut un silence et la main de Gilles s’en alla tourmenter avec rage la poignée de son épée. Les ombres immenses dessinées par la bougie sur le mur de l’escalier lui montraient nettement un couple enlacé, un couple d’amoureux mais qui se sépara rapidement.
    — Mais quel visage, mon chéri ! Est-ce que tout n’a pas marché comme vous l’espériez…
    — Vous voulez dire que tout est manqué ! Ces imbéciles de Siciliens se sont conduits comme des apprentis. Votre Américain en a couché je ne sais combien sur le carreau ! Un seul en a réchappé… pas pour longtemps d’ailleurs car, chez ses compatriotes, on ne pardonne guère aux maladroits. Toujours est-il que votre insulteur, ma beauté, est à cette heure en route pour l’Amérique.
    — Quelle importance ! Un homme pris de boisson… Je vous avais dit de ne pas vous en soucier. Je croyais que, cette nuit, vous deviez voir Monseigneur, lui expliquer que je suis lasse du rôle qu’il m’impose. Je voudrais tant que nous retournions chez nous, Job ! Avec tout ce que nous donne Monseigneur, nous pourrions vivre riches, heureux…
    — Vous savez bien qu’il n’en est pas encore temps. Votre vengeance contre la reine n’est pas encore accomplie, que je sache ? Alors pourquoi parlez-vous de partir ? Et qu’irions-nous faire à Vannes, dans ce trou ? Croyez-vous qu’avec les perspectives que l’on nous ouvre, j’aie encore envie d’aller soulager les vapeurs des bourgeoises et aider les paysannes à mettre bas ?
    — Je sais ! Mais il y a des moments où tout cela m’ennuie, tous ces gens, tous ces hommes surtout ! Ils me font horreur…
    — L’important est qu’ils ne s’en aperçoivent pas ! Allons Judith, soyez raisonnable ! Cela ne durera pas toujours vous le savez bien…
    Le couple enlacé remontait lentement l’escalier. Dans un instant la lumière jaune de la bougie rejoindrait Gilles appuyé contre sa porte. Il tâtonna derrière lui, trouva une poignée, pesa dessus… La porte s’ouvrit sans un bruit et, rapide comme l’éclair, il se glissa à l’intérieur mais sans refermer tout à fait le vantail afin d’apercevoir l’homme qui parlait. Ce qu’il venait d’entendre repoussait bien loin sa déception d’amour. Il ne comprenait pas quel piège sournois,

Weitere Kostenlose Bücher