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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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endormie mais elle ne bougea pas plus que si elle était morte. Néanmoins, sa respiration était régulière et même un léger sourire entrouvrait ses lèvres à peine plus pâles que tout à l’heure… Perplexe, il la contempla un moment, luttant contre l’envie de la charger sur son épaule et de l’emporter hors de cette maison. Mais il résista à cette impulsion. Que Kernoa ne fût pas conforme à l’image qu’il s’en était faite était une chose, qu’il ne fût pas vraiment Kernoa en était une autre. S’il était réellement ce personnage, lui, Gilles, n’avait plus sur Judith le moindre droit : elle était bien réellement son épouse devant Dieu et les hommes puisque le mariage avait été dûment béni avant que les frères Saint-Mélaine n’interviennent. Et puis, pour ce qu’il avait à faire à présent, il ne pouvait s’encombrer d’une femme qui lui jetterait sans cesse à la figure son amour pour cet inquiétant bellâtre. Puisqu’elle ne l’aimait plus, lui, Gilles, il fallait la laisser à la vie qu’elle s’était choisie…
    L’appel enroué d’un coq le rappela à la réalité. Cette fois, le ciel commençait réellement à s’éclaircir. Il fallait quitter les lieux.
    Rapidement il sortit de la chambre. La galerie était déserte et silencieuse mais, au lieu de rejoindre la fenêtre toujours ouverte, il alla dans l’autre direction. Une force plus puissante que la prudence le poussait vers la pièce dans laquelle Kernoa était entré. La main sur la garde de son épée mais sans faire plus de bruit qu’un sylphe, il suivit le couloir, écoutant un instant à chacune des portes rencontrées.
    À la troisième seulement il comprit qu’il avait trouvé la bonne. Un rai de lumière passait sous la porte et aussi des murmures, des bruits bizarres se faisaient entendre. Si étranges même que, sans plus de vergogne, il colla son œil au trou de la serrure…, sentit le sang affluer à son visage et retint de justesse un juron. Puis refusant d’en voir davantage il battit en retraite, courut jusqu’à la fenêtre sur la pointe des pieds et s’envola dans l’arbre plus qu’il n’y grimpa. Une minute, il demeura assis sur la maîtresse branche, cherchant à reprendre son souffle mis à rude épreuve, beaucoup plus par ce qu’il avait vu, d’ailleurs, que par la gymnastique à laquelle il venait de se livrer.
    Une bordée d’injures, les pires que l’on pût trouver dans le répertoire d’un soldat, lui montait aux lèvres et il aurait aimé pouvoir les crier dans le vent du matin. En même temps un sentiment de pitié lui venait pour Judith, si instable, si fragile. Que deviendrait-elle si elle découvrait un jour que ce Kernoa si passionnément aimé, qui se disait trop faible et trop mal remis de ses blessures pour se comporter avec elle en mari digne de ce nom était en fait l’amant d’un des deux gigantesques suisses qui gardaient la porte…
    « Il ne peut pas être vraiment Job Kernoa, songeait Gilles dans son arbre. C’est impossible. Il y a trop de choses qui ne collent pas. Mais cela, il faut que j’en aie la preuve, il faut que je puisse mettre cette preuve sous les yeux de Judith. Après, je pourrai le tuer et, par Dieu, il ne mourra que de ma main, ce salaud ! D’ailleurs, de toute façon, je le tuerai, Kernoa ou pas. Peut-être ne me le pardonnera-t-elle jamais… Du moins je lui aurai évité l’enfer qui l’attend aux côtés de ce misérable. »
    Rapidement, il dégringola de son perchoir, regagna l’abri des buissons puis le mur couvert de lierre. En trois minutes, il se retrouvait dans le sentier où Merlin l’attendait sagement près d’un arbuste qu’il avait déshabillé. Au pas, pour ne pas attirer l’attention, tous deux redescendirent vers la rue de Clichy puis par la Chaussée d’Antin, les boulevards et la Madeleine, ils rejoignirent les promenades du bord de Seine, croisant les premières charrettes de maraîchers qui, de Chaillot ou d’Auteuil, s’en allaient vers les Halles. Paris commençait à s’éveiller sous un ciel rose…
    Mais, à mesure qu’il approchait de la route de Versailles, Tournemine, au lieu d’accélérer l’allure, ralentissait, freiné par ses réflexions. Sa première idée, en quittant la folie Richelieu, avait été de galoper jusqu’au palais, de demander audience au roi et de lui faire connaître les nouveaux et combien redoutables plans de son frère. Mais, outre que Louis XVI ne

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