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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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que Votre Altesse. Ainsi, le roi peut juger : il y a bien longtemps déjà que dure ce grand amour d’un homme qui est plus à plaindre qu’à blâmer.
    — Qu’avez-vous fait de ces objets ?
    — Ainsi que l’avait demandé Son Éminence, j’ai brûlé le billet et le sachet et gardé le portrait.
    Le roi réfléchit un moment puis, tournant les talons, alla vers l’une des armoires, hésita avant de l’ouvrir, se retourna vers le jeune homme.
    — Ai-je votre parole, chevalier, que vous m’avez dit la vérité entière concernant le dépôt que vous avez reçu du cardinal ?
    — Sur mon honneur de soldat, ma foi de chrétien et le salut de mon âme, je jure au roi que je n’ai rien reçu d’autre…
    Un sourire de délivrance illumina un instant le visage fatigué de Louis. Revenant à son armoire, il l’ouvrit d’un geste plein de décision, en tira un plateau sur lequel étaient préparés un flacon, des verres, des petits pains, du beurre et quelques tranches de pâté. Il avait toujours auprès de lui de ces encas tout préparés car, même au plus épais des soucis ou dans le plus vif chagrin, son robuste appétit ne perdait jamais ses droits.
    Portant le plateau sur une petite table encadrée de deux chaises, il désigna l’une d’elles à Tournemine.
    — Asseyez-vous là, chevalier, et remettez-vous. Vous n’imaginez pas la joie que j’ai à vous trouver innocent des noirceurs dont on vous accusait. Nous allons fêter cela tous les deux ; puis je vous ferai reconduire chez vous. Demain, ou plutôt tout à l’heure, car il est fort tard, je ferai savoir à M. le duc de Villeroy que vous êtes lavé de tout soupçon et que vous reprenez votre place aux gardes du corps. À votre santé, mon ami…
    Tout en parlant, Louis remplissait deux verres de bourgogne, en tendait un à son invité occasionnel puis, après avoir légèrement levé le sien, en humait un instant le bouquet avant d’en avaler une gorgée, les yeux mi-clos, avec un visible plaisir. Le serment que venait de prêter son jeune garde avait repoussé assez loin l’écœurante vague de soupçons qui lui empoisonnait le cœur depuis le 15 août tragique au cours duquel le cardinal avait été arrêté en pleine Galerie des Glaces. Car, pur d’esprit et confiant de nature, Louis XVI avait besoin d’appuyer sa foi sur quelques hommes dont le nombre, malheureusement, s’amenuisait singulièrement depuis la mort du vieux Maurepas qu’il avait aimé comme un père, et l’idée que le jeune Breton qui s’était déclaré si hautement son homme lige et dont l’attachement lui avait paru sincère ait pu avoir partie liée avec des misérables lui avait été insupportable.
    — Je suis d’autant plus heureux des assurances que vous venez de me donner que M. de Vergennes m’a entretenu ce tantôt de ses idées personnelles sur l’affaire. Il pense que la folie du cardinal mérite une punition exemplaire mais qu’il n’est en rien coupable du vol de ce damné collier. Selon lui, nous devrions régler cette affaire le plus discrètement du monde.
    — Ce serait sagesse, en effet. On n’en parle déjà que trop sans doute… Le roi peut juger seul et, seul, indiquer la sentence.
    — Je sais, je sais, mais la reine veut la lumière pleine et entière. Elle est enragée contre M. le cardinal et je la comprends. Puisqu’on a osé se servir de son nom, elle entend que la punition soit publique et éclatante. C’est le Parlement qui jugera…
    Gilles eut un haut-le-corps.
    — Le Parlement, sire ? Les deux Chambres ?
    Louis approuva de la tête.
    — La Grande Chambre et la Tournelle réunies en juridiction exceptionnelle. Mais oui.
    — Le Parlement qui règne sur Paris… Le Parlement si hostile à Versailles… et au roi ?
    — Je lui crois tout de même assez d’honneur pour juger convenablement ce crime sans précédent où le droit commun s’est haussé jusqu’à la lèse-majesté. Et puis, la reine l’exige… et moi je le veux.
    Beaucoup moins, certainement que Marie-Antoinette mais c’était là le mot de la fin. Du moment que la reine exigeait, il n’y avait plus rien à ajouter.
    Tandis que le roi buvait un autre verre et entamait une tranche du pâté que Gilles venait de refuser, celui-ci s’enhardit à reprendre la conversation.
    — Sire, dit-il doucement, si j’ai bien compris le roi, je ne retourne pas à la Bastille ?
    — Bien sûr que non ! Vous n’avez pas à être puni pour

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