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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’ai ni le droit ni l’envie de me dérober. Avez-vous un cheval, mon cher Préville ?
    — Naturellement. Mais vous voulez repartir dès ce soir ? Pour aller où ?
    — À Paris. Je prendrai pension dans une auberge. Je voudrais essayer d’examiner le bateau de la reine… et je n’ai qu’une journée.
    — Pas d’auberge ! coupa Ulrich-August. Le Beaumarchais a dit que je te ramène chez lui.
    Tournemine se mit à rire.
    — Il avait deviné que je reviendrais, sans même lire la lettre ?
    — Il doit être intelligent, grogna Winkleried. Il a dit qu’il avait des choses pour toi. Il dit aussi qu’il vaut mieux que tu laisses Pongo stationner un moment ici.
    Encore que l’idée de se séparer même pour quelque temps de son fidèle Indien ne sourît guère à Gilles, il avait assez de sagesse pour comprendre que cela vallait mieux. Préville n’avait pas encore eu le temps de s’occuper de lui et de lui enseigner son nouveau rôle. Dans l’état actuel des choses, il ne pouvait que risquer de faire reconnaître son maître.
    — Je reviendrai te chercher, ou je te ferai venir dès que je serai installé quelque part, dit Gilles à l’Indien. S’il m’arrivait malheur dans cette aventure…
    — C’est moi qui viendrais le chercher, grogna Winkleried, Pongo sait bien qu’il a une place chez moi quand il voudra. Et maintenant prépare-toi, nous partons.
    — Pas avant d’avoir soupé, protesta Préville. Vous devez avoir faim et il n’est pas bon de galoper le ventre vide.
    — Ma foi, je n’osais pas réclamer, fit Ulrich-August soudain épanoui. Mais c’est vrai que j’ai grand faim…
    Le contraire eût été étonnant, surtout après une chevauchée rapide, l’appétit du jeune Suisse étant de taille à passer à la postérité. Tandis qu’il se restaurait avec un bel enthousiasme, Préville, après quelques coups de fourchette, s’en allait faire préparer les chevaux et le bagage de son pensionnaire d’un moment.
    Tout cela prit pas mal de temps et la rue Vieille-du-Temple s’éveillait dans un tintamarre quasi diabolique lorsque Gilles et Ulrich-August franchirent le portail de l’hôtel des ambassadeurs de Hollande, grand ouvert à cette heure matinale. Le concierge était en train de balayer la cour, à grands gestes nonchalants ponctués de profonds soupirs car cet homme de bien, ennemi de l’effort inutile, ne voyait pas pourquoi la maîtresse des lieux tenait tellement à lui faire recommencer chaque jour les mêmes gestes. Souvent d’ailleurs il s’arrêtait, appuyé des deux mains sur son balai, pour causer avec tous ceux, marchands d’eau, d’herbe, de lait, de sable, de balais ou de poisson, dont les cris, joints aux pas des chevaux et des ânes et au roulement des voitures, entretenaient dans la rue, comme dans la plupart des autres, ce vacarme assourdissant qui était le propre de la capitale française.
    Après s’être assurés auprès de lui que le maître était bien au logis, les deux hommes pénétrèrent dans la maison et trouvèrent Beaumarchais, en bonnet de nuit à ruban vert et robe de chambre à ramages assortis, attablé devant un grand pot de café et une pile de rôties brûlantes. D’une main tachée d’encre d’imprimerie, il triturait nerveusement un numéro, tout frais tiré, de la Gazette . Il était d’une humeur de dogue et, voyant pénétrer dans son cabinet deux hommes dont l’un lui était à peine connu et l’autre pas du tout, il hurla :
    — Qu’est-ce que vous voulez, vous ? Et d’abord, qui vous a permis d’entrer ?
    Tournemine se mit à rire.
    — Le vieux Paul, qui ne m’a pas reconnu plus que vous d’ailleurs mais auquel j’ai dit que vous nous attendiez. Et vous connaissez déjà le baron von Winkleried, il me semble.
    Au son de cette voix, Pierre-Augustin lâcha du même coup sa gazette et la tartine qu’il tenait de l’autre main, tendit le cou, regarda avec des yeux qui s’arrondissaient et lâcha :
    — Quoi ? C’est vous ?… Savez-vous que vous êtes tout simplement prodigieux ?
    — Ce n’est pas moi qui le suis mais bien votre cher Préville. C’est un grand homme.
    — Je vous l’avais dit. À présent, asseyez-vous, nous avons à parler mais d’abord je vais demander d’autres tasses et d’autres rôties. Thérèse est partie voilà une demi-heure pour Ermenonville.
    Tandis qu’il courait se pendre au cordon de sonnette pour appeler Paul, Gilles jeta un coup d’œil au

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