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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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soigneusement examiné les alentours du château sans rien remarquer qui pût servir de support à un piège quelconque : la Seine coulait, belle et large au pied de la grande demeure qui, dans la lumière de midi, avec ses hautes fenêtres illuminées par le soleil, offrait une superbe image de paix et de tranquillité.
    Il avait aussi repéré, de l’autre côté de Seine-Port, sur la route de Nandy, le chemin qui s’amorçait en pleine forêt de Rougeau, près d’un pavillon aux allures de rendez-vous de chasse et qui menait au rond-point en terrasse qui était le point de vue du Petit Cavalier.
    Aussi, quand était venu le moment de partir pour son rendez-vous n’avait-il eu aucune hésitation sur le chemin à prendre. Personne, à son auberge, ne s’était aperçu de son départ car il avait choisi une modeste maison, rendez-vous habituel des rouliers et des bateliers de la Seine qui y entretenaient jour et nuit une certaine agitation. En dépit de l’heure tardive, la salle basse était encore pleine de buveurs attardés et personne ne l’avait vu descendre l’escalier rampant au flanc de la maison, prendre son cheval à l’écurie et s’éloigner en direction de la forêt.
    N’ayant guère qu’une demi-lieue à parcourir, il chemina paisiblement sur la route qui grimpait le coteau en direction de Nandy et, la dernière maison du village passée, la masse sombre des bois l’engloutit sous ses branches où les feuilles se clairsemaient. La nuit était fraîche, presque froide. Les premières gelées de l’hiver n’étaient plus loin sans doute. La forêt sentait la terre humide, les feuilles pourrissantes et le champignon joints à un relent de fumée qui devait provenir d’une hutte de charbonnier.
    Le nez au vent, humant toutes les odeurs qui passaient à sa portée, Gilles s’efforçait de ne penser à rien. Une légère excitation fourmillait dans ses doigts et ses genoux, faisant briller ses yeux sans qu’il s’en rendît compte : celle qui s’emparait de lui, comme une griserie joyeuse, chaque fois qu’il sentait approcher l’aventure.
    Le pavillon de chasse surgit brusquement, blanc et fantomal, sous l’éclairage discret du mince croissant lunaire. Gilles ne lui accorda qu’un regard habitué et prit en face le chemin carrossable qui trouait largement le fourré. Un instant de marche et il débouchait sur une terrasse en demi-lune d’où l’on dominait la vallée de la Seine. Il avait mis son cheval au pas, gardant les yeux et les oreilles au guet. Sous le manteau qui l’enveloppait jusqu’aux yeux sa main gauche caressait la crosse d’un pistolet tout armé. C’était là précaution de routine car, au fond de lui-même, il ne croyait pas être obligé de s’en servir. La lettre venait certainement d’une femme.
    À première vue, le rond-point était vide mais tandis qu’il en faisait le tour ses yeux furent attirés par deux lumières, celles des lanternes d’une voiture arrêtée sous les arbres et cachée en partie par une pile de fagots.
    Sans hésiter il poussa son cheval vers l’attelage sur le siège duquel il ne distinguait aucune silhouette.
    Au bruit qu’il fit une sorte de nuage clair apparut à la portière dont la vitre se baissa : une tête de femme emballée de dentelles et qui resta un instant immobile, le regardant venir.
    — Attachez votre cheval à un arbre et montez auprès de moi, chevalier, nous avons à parler.
    Le son de cette voix, à peine étouffée par les blanches transparences d’où elle sortait, lui apprit que le pressentiment éprouvé en recevant le billet ne l’avait pas trompé et qu’il avait deviné juste : cette femme, c’était sa Némésis personnelle, c’était la très belle et très dangereuse comtesse de Balbi.
    Toujours en selle, il se contenta d’ôter son tricorne et de saluer.
    — La dernière fois que nous nous sommes trouvés ensemble dans un espace clos, cela n’a pas été pour mon bien, madame. Aussi comprendrez-vous sans peine qu’un tête-à-tête avec vous dans cette boîte ne me tente guère.
    Elle se mit à rire.
    — Vous voilà devenu bien prudent, il me semble ? Pourtant, les morts ne devraient pas craindre grand-chose des pauvres vivants. Que proposez-vous ?
    — De faire quelques pas sur cette terrasse qui est belle. La nuit est un peu fraîche mais agréable et pleine de ces odeurs de campagne que vous prétendez aimer. Pourquoi ne pas parler tranquillement en face de ce paysage

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