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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Comprends-tu, à présent, pourquoi j’ai voulu que tu saches cela ? Je hais la reine… mais cette boucherie me fait horreur.
    — Et si je n’étais pas venu ?
    Elle eut un geste vague qui traduisait une sorte de désarroi.
    — Je ne sais pas. Mais, je te le jure, j’aurais essayé de faire quelque chose. Je ne sais pas quoi et je n’ai pas cherché car j’étais sûre que tu viendrais et, vois-tu, l’occasion était trop belle de te retrouver. Où vas-tu ?
    Elle avait crié les derniers mots. Gilles, en effet, courait déjà vers son cheval. Elle courut après lui, relevant à deux mains ses jupes encombrantes, le rejoignit comme il mettait le pied à l’étrier et s’y accrocha tandis que, de sa main libre, elle empoignait la bride.
    — Reste encore ! Tu n’as pas le droit de t’en aller, de me laisser à présent comme une lettre inutile ou un citron que l’on a pressé. Je veux que tu restes avec moi, tu entends ? J’ai risqué ma vie en faisant ce que j’ai fait et je veux, à présent, ma récompense.
    Une fureur quasi démente flambait dans ses yeux. Tout son visage crispé disait qu’elle était au bord d’une crise nerveuse ou d’une folie.
    — Votre récompense ? Elle peut attendre. Pensiez-vous sérieusement que j’allais perdre, à faire l’amour, un temps précieux alors que la Reine dort sur un tonneau de poudre ? Il faut que je m’en aille. Pourtant, Dieu m’est témoin que j’ai encore bien des choses à apprendre de vous, bien des questions à poser qui me tiennent à cœur mais ce n’est pas le moment…
    — Que veux-tu faire ? Rejoindre le bateau ? Tu as tout le temps. Il est amarré pour cette nuit à Corbeil et ne sera pas à Sainte-Assise avant la fin de la matinée. D’ailleurs, tu ne pourrais pas y pénétrer. Il est bien gardé… et tu es mort ! Viens avec moi, je t’en supplie ! Nous n’irons pas loin… rien qu’au pavillon de chasse du feu roi qui est au bout de l’allée. Je ne te retiendrai pas longtemps non plus. Une heure ! Rien qu’une heure…
    — Pas une minute ! Mais, je le jure, quand j’aurai fini ce que j’ai à faire, je reviendrai.
    — Tu mens ! Si tu pars maintenant, je sais que tu ne reviendras pas. Pourquoi le ferais-tu, d’ailleurs ? ajouta-t-elle avec amertume. Tu as appris tout ce que tu voulais savoir.
    — Pas tout, non ! Sur mon honneur, je reviendrai dans le pavillon mais à quelle heure je n’en sais rien. Vous n’aurez qu’à m’attendre.
    Mais elle était au-delà de tout raisonnement. Fouillant vivement dans son corsage, elle en tira un objet qu’elle porta vivement à ses lèvres. Un coup de sifflet strident fit retentir les échos de la forêt et, instantanément, plusieurs hommes armés surgirent des buissons, tombèrent des arbres.
    — J’ai dit tout de suite ! fit-elle d’une voix redevenue étrangement calme. Dans une heure tu seras libre, pas avant ! Soumets-toi de bonne grâce si tu veux que, justement, dans une heure je te rende ta liberté.
    Il eut une moue méprisante.
    — Et vous appelez ça aimer ?
    Elle eut un petit rire sans gaieté.
    — Peut-être que je ne sais pas encore très bien. Mais j’ai trop faim de toi. On ne peut pas demander un raisonnement sain à quelqu’un qui meurt de faim, n’est-ce pas ? Ne me pousse pas à bout, je t’en supplie. Fais ce que je te demande si tu ne veux pas que ces hommes t’emmènent de force au pavillon…
    La repoussant brutalement, il sauta en selle pour tenter une percée dans le front de l’ennemi quand une voix placide et nasillarde qui couvrit sans peine un gémissement de la comtesse, déclara en anglais :
    — Besoin d’un coup de main, on dirait ?
    Retenant son cheval qui allait s’élancer, Gilles éclata d’un rire torrentiel qui emporta sa colère. Anne de Balbi se débattait furieusement entre les pattes d’une sorte de géant coiffé d’un bonnet de castor. Tim Thocker était en train d’effectuer, à sa manière toujours imprévue, sa rentrée dans l’existence de son ami Gilles.
    — Salut à toi, mon frère ! ajouta-t-il avec bonne humeur. On s’embrassera après. Pour le moment, dis à ta petite amie qu’elle renvoie ses corniauds si elle ne veut pas que je lui fasse sauter sa tête de linotte.
    Tournemine vit alors qu’en effet la gueule d’un pistolet venait s’appuyer sur la tempe de Mme de Balbi, une seule main suffisant amplement à Tim pour maîtriser une faible

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