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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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veux mais obtiens que ceci soit remis immédiatement à l’épouse du duc d’Orléans, la marquise de Montesson. Ne prononce pas mon nom, bien sûr, le tien devrait suffire : tu es Américain, ami de George Washington : c’est un passeport chez les Orléans, cela. Tu n’auras qu’à dire qu’un dignitaire de la Loge des Neuf Sœurs 3 t’envoie.
    — Entendu. Et ensuite qu’est-ce que je fais ?
    — Tu reviens m’attendre à mon auberge. Demande la chambre de Jean Martin et installe-toi. Mange, dors, fais ce que tu veux. Ce sera peut-être un peu long…
    Un large sourire fendit en deux la figure tannée de Tim.
    — Prends ton temps, mon fils. Il faut toujours tenir les promesses que l’on fait aux dames… surtout quand elles sont jolies. Et moi je ne m’ennuie jamais quand j’ai une bonne bouteille pour me tenir compagnie. À plus tard !
    — À plus tard…
    Avec un bel ensemble, les deux chevaux firent volte face et partirent chacun de son côté. Tim tira vers le château de Sainte-Assise, et Gilles prit le chemin de Corbeil afin de rejoindre le bateau de la reine. Il ne savait pas encore très bien comment il allait s’y prendre pour y pénétrer et tenter de retrouver le fameux cordon et la poudre mais il comptait sur sa bonne étoile. Il était environ deux heures et demie du matin et tout le monde devait dormir. À moins que l’on ne fût encore aux tables de bezigue, de whist ou même de pharaon. Joueuse enragée, Marie-Antoinette passait parfois des nuits entières les cartes à la main et il était probable que, durant ce voyage où le roi ne l’accompagnait pas, elle ne devait guère se priver d’une distraction qui faisait souvent froncer le sourcil de son époux à cause des gens plus ou moins douteux qui pénétraient chez elle à la faveur du jeu. Auquel cas, les choses ne seraient guère simplifiées s’il voulait agir en évitant de déchaîner une panique et un affreux scandale.
    Le mieux serait peut-être de prévenir la lectrice de la reine, cette Mme Campan à la reconnaissance de laquelle il s’était acquis certains titres en dénonçant les agissements de Jeanne de La Motte. C’était une femme qui semblait avoir la tête sur les épaules. Restait à savoir comment cette tête si bien faite se comporterait en face d’un mort inopinément ressuscité…
    Il découvrit la gondole dorée en amont de Corbeil, arrêtée près d’une colline couverte de vignes au-delà desquelles apparaissaient, blanches comme d’immenses plumes de mouettes, les ailes des grands moulins qui nourrissaient Paris depuis des siècles.
    Les derniers rayons de la lune idéalisaient le bateau-caprice et en gommaient l’excessive décoration. Il semblait fait de la même matière brillante que le fleuve lui-même, évoquant quelque gigantesque boîte d’argent posée sur un plateau de même métal. Des gardes dont à cette distance il était impossible de distinguer l’uniforme mais qui ne pouvaient être que des gardes du corps veillaient à la poupe et à la proue tandis que des feux de bivouacs, rougissant sur la berge, dénonçaient la présence de quelque régiment local chargé d’assurer la sécurité du bateau. À travers les grands rideaux tirés, on pouvait voir les lumières adoucies des veilleuses et, en vérité, l’image offerte était belle mais Gilles n’en vit rien, sinon une chose navrante : le bateau était amarré de l’autre côté de la Seine. Si aucune embarcation n’était en vue, il allait falloir y aller à la nage.
    Attachant son cheval à un arbre encore touffu, Gilles descendit la pente herbue dans l’espoir de trouver une barque amarrée dans les roseaux et, très vite, en aperçut une. Retenue par une chaîne à un tronc de saule dont les branches déjà veuves de leurs feuilles trempaient dans l’eau, elle était à demi cachée par les grandes herbes.
    Voyant là le doigt de la Providence, le jeune homme sauta dans le léger bateau, s’assura que les rames reposaient bien au fond et, montant sur le plat-bord, entreprit de détacher la chaîne.
    — Ce bateau ne vous appartient pas, dit au-dessus de sa tête une voix masculine pourvue d’un léger accent. Veuillez donc le laisser en repos et retourner d’où vous venez.
    Levant la tête, Gilles aperçut une silhouette noire, debout sur le sentier qui longeait le fleuve.
    — S’il est à vous, monsieur, je vous demande en grâce de me le prêter un moment. J’en ai le plus urgent

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