Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
femme.
    — Inutile ! ragea celle-ci. Je parle anglais moi aussi.
    Puis, élevant encore la voix, elle ordonna à ses domestiques de se retirer et d’aller l’attendre « à la maison… »
    — Voilà qui est parler ! remarqua Gilles.
    Se penchant brusquement, il cueillit la femme d’un bras, la hissa jusqu’à sa hauteur, lui mangea la bouche d’un baiser vorace puis, la laissant retomber sur ses pieds :
    — Va m’attendre, toi aussi, ma belle, et n’aie pas peur. Avant que la lune ne se lève de nouveau, je serai revenu te payer à la mesure du service rendu. Tu as un cheval, Tim ?
    — Parbleu ! dit celui-ci qui avait profité de ce court intermède pour aller récupérer sa monture cachée dans le bois.
    Laissant la comtesse, ombre blanche solitaire comme une âme en peine au milieu du rond-point, les deux cavaliers s’engouffrèrent en tempête sous le tunnel craquant des arbres qui déversaient sur eux une pluie de feuilles mortes…
     
     
    — Comment es-tu ici ? dit Gilles tandis qu’ils redescendaient tous deux vers le fleuve. Cela tient du miracle…
    — Pas tellement… L’autre jour, quand j’ai entendu mon nom j’ai regardé bien sûr d’où venait le bruit et j’ai aperçu un type que je ne connaissais pas. J’ai voulu savoir qui c’était, comme de juste, mais il a disparu d’un seul coup derrière une voiture et quand je l’ai vu de nouveau il regardait un autre type qui se trouvait dans une autre voiture comme s’il lui avait vendu des peaux de loutre avariées et puis il a redisparu à cause de tous ces gens qui remuaient sans arrêt. Quand la fête a été finie, je l’ai aperçu encore. Il partait. Alors, pour essayer de savoir qui ça pouvait bien être j’ai préféré le suivre. C’est comme ça que j’ai fini par comprendre que c’était toi.
    — Dans ce cas, pourquoi n’es-tu pas venu vers moi ?
    Tim repoussa en arrière son bonnet de castor que le trot du cheval dérangeait, prit un temps de réflexion, cracha par terre et finit par déclarer :
    — Tu sais, les « petits travaux » que je fais de temps en temps pour le général Washington qui m’a toujours à la bonne m’ont appris que, quand un type change de peau, c’est en général pour qu’on ne le reconnaisse pas. Dans ces cas-là, même un vieux copain animé des meilleures intentions peut se transformer en catastrophe. Alors j’ai continué à te surveiller, à te suivre. Et me voilà.
    — Dire que je ne me suis aperçu de rien ! Pas un instant je n’ai senti que j’étais suivi, grogna Gilles, vexé. Pourtant, on peut dire que tu es visible. Eh bien non ! J’ai dû baisser bougrement depuis que nous suivions les pistes indiennes du côté de la Susquehanna. Ce n’est pourtant pas le moment…
    — Je ne sais pas mais, justement, c’est peut-être celui de m’expliquer à quoi tu joues ?
    Au tournant du chemin le clocher de Seine-Port et les quelques maisons groupées alentour venaient d’apparaître. Gilles retint son cheval à un carrefour dominé par une croix de pierre.
    — Nous n’avons pas le temps. Écoute, puisque tu me suis depuis deux jours, tu connais le grand château qui se trouve un peu plus loin sur le bord de la Seine ?
    Tim fit signe que oui. Gilles alors tira de sa poche le carnet et le crayon grâce auxquels l’arpenteur Jean Martin était censé noter ses mesures, s’approcha de la lampe à huile qui brûlait sur les marches de la croix auprès d’une image sainte et d’un bouquet de feuilles rouges et griffonna rapidement un court billet adressé à la marquise de Montesson.
    «  Madame , disait-il, un filet tissé d’or et d’argent accompagné de quelques vers vous ont été portés hier. Un ami de la maison d’Orléans, soucieux du repos de son chef, vous adjure de ne pas faire tendre ce filet destiné à obliger le bateau de la reine à s’arrêter. Il vous en supplie afin d’éviter de grands malheurs et cela dans l’unique souci du repos et de la gloire d’une grande dame dont ceux qui l’aiment espèrent bien que la hauteur de ses mérites sera couronnée un jour. Très respectueusement.  »
    La signature était illisible et il s’en voulut un peu du ton flagorneur des derniers mots mais il savait depuis longtemps qu’on ne perd jamais rien en s’adressant à la vanité d’une femme ambitieuse.
    — Tiens ! dit-il à Tim après avoir plié soigneusement le petit billet. Va au château, fais tout le bruit que tu

Weitere Kostenlose Bücher