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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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besoin…
    — Comme j’en ai encore plus besoin que vous, je dis non ! Et je vous conseille de descendre très vite, si vous ne voulez pas que je vous loge une balle. Vous ne voyez peut-être pas mon pistolet mais lui vous voit très bien.
    C’était sans doute exact car sa silhouette à lui devait se découper nettement sur le fond luisant de la rivière. La partie était inégale, Gilles ayant laissé ses propres pistolets à l’arçon de son cheval.
    — Pourtant, il me faut ce bateau ! marmotta-t-il entre ses dents…
    Calmement il remit la chaîne déjà détachée à sa place, sauta à terre et remonta le talus en direction du perturbateur… bien décidé à l’assommer s’il le fallait pour s’assurer l’utilisation de la barque. L’homme semblait moins grand que lui. Quant à sa corpulence il était difficile d’en juger à cause du manteau à triple collet posé sur ses épaules. Mais, décidément, il n’avait pas envie d’engager la conversation.
    — Passez au large ! ordonna-t-il quand il vit Gilles se diriger vers lui.
    — Soyez raisonnable, monsieur ! Il est inutile d’employer les armes. Je ne suis pas un bandit de grand chemin et je désire seulement vous parler…
    Il était arrivé sur le chemin et c’est alors qu’il aperçut la femme bien qu’elle fût difficile à distinguer mais la lune venait de se dégager d’un nuage et permettait d’y voir mieux. Elle se tenait debout à quelques pas de l’homme, enveloppée de la tête aux pieds dans une grande mante sombre dont le capuchon froncé était rabattu sur son visage.
    — Moi je n’ai rien à vous dire, s’écria l’homme, sinon ce que j’ai déjà dit : écartez-vous, passez au large… et ne m’obligez pas à tirer !
    Gilles s’arrêta. À mesure qu’il approchait, d’ailleurs, il acquérait la certitude de connaître cette voix, et surtout cette façon un peu lourde d’accentuer les consonnes. Le rayon de lune, bien que faible, le renseigna et il éprouva une brusque joie. Cette rencontre qu’il pensait catastrophique était en fait providentielle car l’étranger était tout juste l’homme qu’il lui fallait. Cette nuit, décidément, était celle des rencontres.
    — Axel, dit-il froidement, je dois te parler. Baisse ton pistolet. On ne tue pas un ami pour une barque…
    Le regard un peu myope du comte de Fersen fouilla la nuit pour tenter de distinguer ce visage qui se montrait à contre-jour mais, instinctivement, il baissa son pistolet.
    — Qui êtes-vous ?
    — Gilles de Tournemine. J’ai besoin que tu m’aides à sauver la reine et ses enfants.
    Une exclamation de surprise lui répondit, une exclamation qui était double d’ailleurs. La femme, que d’ailleurs il évitait de regarder depuis qu’il avait reconnu le gentilhomme suédois, par crainte d’identifier peut-être une trop grande dame, l’avait poussée elle aussi, il en était certain.
    Mais le Suédois était dur à convaincre.
    — Le chevalier de Tournemine est mort.
    Allons bon ! Lui aussi ! Décidément, la nouvelle de sa fausse évasion manquée avait fait le tour de l’Europe mais, au train où allaient les choses, toute la France serait bientôt au courant de sa survie.
    — Ce n’est pas de gaieté de cœur que je me déclare encore bien vivant, grogna-t-il, car il ne reste pas grand-chose d’un secret quand cinq ou six personnes le partagent. Quoi qu’il en soit, avance et regarde-moi !
    Et, se retournant, il fit face à la lumière tandis que Fersen approchait, scrutant le profil net dont le nez, légèrement busqué, évoquait l’oiseau de proie, la bouche ferme, les maxillaires puissants.
    — Alors ? fit Tournemine impatienté par un examen qu’il jugeait un peu trop long.
    — Il faut en croire l’évidence, dit Fersen. C’est bien là notre insupportable Breton retour des Enfers…
    — Tu ne saurais mieux dire. Puis-je néanmoins te demander ta parole… et celle de la dame qui t’accompagne, de me garder un secret qui n’est pas tout à fait le mien. Service du roi !
    — En ce cas… Vous l’avez, chevalier. Et je me porte garant de cette dame… mais il était temps que vous disiez ces mots car j’allais, mon cher, vous abattre comme un chien. Je n’aime pas les complices de M. le cardinal de Rohan…
    — Décidément, mon cher comte, vous êtes toujours aussi bête ! déclara sans ménagement le chevalier. Et sourd par-dessus le marché ! Je croyais que nous étions

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