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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’un des coches d’eau, les fameux « corbeillards » qui transportaient aussi bien la farine que les voyageurs jusqu’à la capitale.
    — Attends-moi ici, dit Fersen. Je devrais suffire à trouver ce que nous cherchons. Et puis, il vaut mieux ne pas tenter le diable. Même avec tes cheveux noirs et sous cet accoutrement tu demeures assez reconnaissable.
    — Quelle compagnie de gardes est chargée du voyage ?
    — Celle des Bourguignons aux ordres du comte de Castellane, I er Lieutenant 4 .
    — On ne m’y connaît pas. Je t’accompagne. Il faut faire vite et les recherches peuvent être longues.
    — Tu penses bien que je ne vais pas les faire tout seul. Les gardes vont m’aider. S’ils ne te connaissent pas, certaines des femmes de la reine te connaissent. Crois-moi, reste ici ! Nous repasserons le fleuve ensemble. J’ai pris logis de l’autre côté de la Seine pas loin de l’endroit où tu m’as trouvé.
    Et, sautant sur le quai, le Suédois se mit à courir vers le premier des postes de garde disposés aux abords de la gondole. Gilles amarra son bateau, rentra ses rames et s’étendit au fond, moins pour se reposer car il n’en éprouvait pas le besoin que pour éviter d’être vu. Les appels des coqs se faisaient de plus en plus fréquents et, dans le bourg proche, des lumières s’allumaient ici et là dans les maisons. Chez les militaires, la diane se fit entendre et le camp s’anima bien que la nuit fût toujours aussi obscure.
    Les minutes qui coulèrent ensuite parurent au chevalier durer des siècles. L’infernale astuce de Monsieur et de ses séides lui était trop connue pour qu’il ne fût pas inquiet. La machine infernale devait être soigneusement montée et cachée en proportions. Mais, après tout, s’il ne trouvait rien, Fersen possédait suffisamment d’influence sur la reine pour la persuader de débarquer et de poursuivre son voyage en carrosse… en admettant qu’elle ne fût pas déjà au courant de la situation. S’étant ainsi rassuré, Gilles attendit plus calmement le retour de son ami.
    Une mince bande plus claire allégeait le ciel vers l’est quand Axel reparut, visiblement joyeux. Il sauta dans la barque et, allongeant une bourrade à son ami :
    — Nage ! fit-il. Tout va bien. Le coffre de poudre est à présent au fond de la Seine.
    — Le coffre ?…
    — Oui. Ce n’était pas un tonneau, trop facile à repérer mais une grosse malle de voyage en cuir, dissimulée parmi les bagages qui encombrent la cale. C’est en déplaçant ces bagages que nous l’avons trouvée sans trop de peine grâce à son bizarre dispositif. La malle était placée contre la paroi du bateau, vers l’avant, à peu près sous l’endroit où se tient la reine quand elle vient regarder les spectacles que lui offrent ses sujets au long des rives du fleuve. Quand nous l’avons bougée, un mince tuyau qui était enfoncé dans ses flancs est tombé à terre. Il était plein de poudre lui aussi et rejoignait, sur le sol, la mèche peinte et dorée qui sortait dans les sculptures de la proue, à portée de main pour quelqu’un qui se trouverait dans une barque… Nous avons tout arraché, tout jeté à l’eau… mais laissé la mèche.
    Gilles sourit.
    — Tu penses que ce sera peut-être intéressant de voir qui approchera de cette mèche ?… C’est une bonne idée mais, si le filet n’est pas tendu, personne, peut-être, ne s’y risquera puisque le bateau ne s’arrêtera pas…
    — Mais le bateau s’arrêtera, ne fût-ce que quelques instants devant les jardins de Sainte-Assise où, très certainement, la maison d’Orléans sera rangée en bataille pour le saluer. Même si l’amour-propre du vieux duc a été égratigné par le refus de la reine de s’arrêter chez son épouse morganatique, il ne peut se dispenser de la saluer. Mme de Montesson d’ailleurs, qui est férue de théâtre, aura certainement préparé un divertissement. À présent, rentrons, chevalier, et séparons-nous. Le bateau sera sans doute devant le château vers midi et j’ai bien l’intention d’y être aussi afin de ne pas manquer le spectacle.
    — J’y serai aussi…
    Le reste du trajet se fit en silence. Mais, une fois revenu à terre, Axel de Fersen tendit, à la mode anglaise, sa main à cet ami longtemps perdu et si étrangement retrouvé.
    — Me pardonneras-tu jamais, chevalier, mes soupçons imbéciles ? Tu t’es toujours comporté en ami loyal et fidèle, même

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