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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’est-ce pas ? fit-elle tristement. Tu as tenu ta parole et, à présent, tu t’en vas… et tu ne reviendras plus ?… Oh, je ne me plains pas : j’ai été royalement payée… mais j’aurais aimé te garder encore un peu…
    Les heures qu’il venait de vivre n’étaient pas de celles qu’un homme peut balayer d’un revers de main. Enveloppant la jeune femme de ses bras, il la serra une seconde contre lui.
    — Je ne reviendrai pas dans cette maison, pas ce soir tout au moins. Mais plus tard peut-être… si tu veux bien m’accueillir parfois.
    Elle tressaillit de joie et ses yeux s’illuminèrent.
    — Vrai ? Tu veux bien me revenir de temps en temps ? Tu m’as pardonné ?
    — Tu en doutais ? Ma belle diablesse, tu es bien le plus délicieux repos que puisse goûter un guerrier. Qui n’aurait envie d’y revenir ? À présent, laisse-moi aller sinon je vais arriver à la fumée des cierges…
    Elle se leva aussitôt, alla reprendre sa soierie qu’elle noua, cette fois, énergiquement autour de sa poitrine, puis, s’approchant de la cheminée, se mit à tisonner avec énergie le feu éteint, secouant l’amas de tissus brûlés qui l’étouffait sans paraître prendre garde aux petits lingots d’or qui brillaient dans les cendres.
    — J’ai envie de te laisser mon manteau, dit Gilles. Tu ne peux tout de même pas te montrer ainsi vêtue à tes domestiques lorsqu’ils viendront te chercher.
    Par-dessus son épaule, elle jeta, dédaigneuse :
    — Depuis quand un domestique est-il un homme ? Aucun des miens ne se permettrait de juger mon comportement, même s’il me plaisait de me promener nue… Mais, rassure-toi, il y a, dans les armoires de cette maison de quoi m’habiller convenablement. Le roi Louis XV ne laissait pas grand-chose au hasard dans les petites maisons qu’il possédait, à Versailles ou en forêt…
    Elle semblait tout entière occupée par la résurrection de son feu mais courut à Gilles quand il fut sur le point de partir.
    — Écoute… quand tu voudras me voir, fais déposer un mot à mon hôtel de la rue Madame, un mot, avec ton adresse, au bas duquel tu dessineras un sapin comme celui qui pousse là, devant la maison. Dès le lendemain, tu sauras où me rejoindre. Quant à cette maison, tu pourras y venir autant que tu le voudras : la clef est toujours accrochée à gauche dans le lierre qui grimpe le long de la porte.
    — Je me souviendrai…
    Il lui jeta un baiser du bout des doigts, sortit en courant et alla détacher son cheval. Il vit alors qu’Anne l’avait suivi et le regardait, pieds nus au seuil de la porte contre laquelle elle s’appuyait. Ses traits étaient un peu crispés et son front barré d’un pli profond, comme si elle se livrait à elle-même quelque combat intérieur. Finalement, comme Gilles faisait volter sa monture pour rejoindre le chemin, elle cria :
    — Pour ta femme…, il est possible qu’elle soit cachée au château de Brunoy. C’est le lieu des divertissements secrets et Cromot, le gouverneur, un homme pervers et intéressé, est tout dévoué aux intérêts de son prince qui le paie grassement. Le domaine est une vraie forteresse, mais sert beaucoup quand Monsieur a quelque chose à cacher…
    Retenu à la force des poignets au moment de s’élancer, le cheval se cabra. De sa hauteur, Gilles cria :
    — Merci !…
    Il rendit la main. La bête partit à fond de train.
    Les quelques mots que Mme de Balbi venait de prononcer firent plus, pour asseoir la confiance encore bien fragile de Tournemine, que ses larmes et ses mots d’amour de tout à l’heure. Si cette femme exclusive consentait à indiquer une piste pour retrouver Judith cela ne pouvait signifier que deux choses : ou bien elle capitulait sans condition, montrant ainsi qu’elle ne désirait plus intervenir dans les affaires du jeune ménage ou bien elle faisait preuve d’une suprême habileté et d’une suprême philosophie.
    Dans la haute société, en effet, il était du dernier ridicule d’être épris de sa femme ou de son mari. Et la belle comtesse pensait peut-être que le meilleur moyen de s’attacher un amant était sans doute de le laisser s’installer dans une conjugalité, finalement sans surprise, qui laisserait à une maîtresse tout son attrait d’exception, d’aventure et pour ainsi dire d’exotisme vivifiant…
    Sous le beau soleil de midi de ce jour d’octobre encore estival, le chevalier dévala la route comme une

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