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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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protégeant sa robe de gourgouran 5 bleue, surveillant la cuisson du poulet ou ajoutant de l’eau dans la cafetière. Les flammes arrachaient des éclairs aux diamants qui ornaient ses mains tandis qu’elle maniait la grande cuillère d’étain pour arroser le rôti et la peau délicate de son visage avait rougi à l’ardeur du foyer.
    Elle accueillit l’arrivant d’un sourire malicieux.
    — Assieds-toi. Tu dois mourir de faim. Je te sers tout de suite…
    Ôtant machinalement son manteau et son chapeau qu’il jeta sur un banc, il obéit, s’installa sur l’une des chaises paillées disposées autour de la table. Anne lui jeta un vif coup d’œil.
    — Tout s’est bien passé ? Tu as réussi ?…
    — Oui… grâce à vous, la reine est sauve. Le bateau ne sautera pas.
    Les doigts de la jeune femme se crispèrent sur l’anse de la cafetière qu’elle apportait justement sur la table.
    — Vous ?…, fit-elle amèrement. N’ai-je donc pas assez prouvé que je souhaitais uniquement me dévouer pour toi, que je voulais que tu apprennes à ne plus me regarder comme une ennemie… peut-être à m’aimer un peu ? Pourquoi es-tu revenu, en ce cas ?…
    — Mais… je m’y étais engagé. Je suis venu payer ma dette.
    Elle eut un petit rire aussi sec, aussi triste qu’un sanglot et se mit à verser le liquide brûlant dans les tasses avec des mains qui tremblaient.
    — Tu es venu me faire l’amour, n’est-ce pas ? Tu pensais sans doute que je t’attendais… toute prête, nue sur un lit et les jambes écartées comme la fille de bordel qui attend un client ? Non, tu vois, ce n’est plus tout à fait ainsi que j’imagine nos revoirs. Pense seulement à ce que je t’ai dit tout à l’heure : j’ai faim de toi, c’est vrai… mais à présent je t’aime aussi. Et plus rien n’est comme il était hier…
    Aux cils baissés de la jeune femme, Gilles vit briller une larme et, pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés, il éprouva un sentiment nouveau : il avait envie de croire, tout à coup, ce que disait cette femme qu’il abhorrait encore quelques heures plus tôt. Et puis, il ressentait aussi cette flatteuse pitié qu’inspirent ceux que l’on a le pouvoir de faire souffrir. Mais, bien qu’elle prétendît que plus rien n’était semblable à ce qu’il était hier, il n’en demeurait pas moins, entre eux, une lourde dette encore impayée.
    — Anne, dit-il employant pour la première fois son prénom, je souhaite vous croire. Mais peut-être oubliez-vous avec un peu trop d’aisance ce qui s’est passé entre nous au soir de mon mariage, ce que vous m’avez fait… ce que vous nous avez fait, à ma femme et à moi.
    Elle planta brusquement dans les siens ses yeux noirs étincelant de larmes.
    — Pour ce que tu as enduré toi par ma faute et ma volonté, je te demande pardon ! Mais vois-tu j’étais folle, folle de colère, d’orgueil blessé… de jalousie. Quant à elle, si elle a souffert, ne compte pas que je le regretterai. J’ai toujours détesté, instinctivement et avant même de savoir ce qu’elle était pour toi, cette jolie créature froide, railleuse et sarcastique. N’oublie pas que je l’ai vue bien souvent, lorsqu’elle était la lectrice de Madame et déjà là, elle me déplaisait. Alors de l’imaginer auprès de toi, dans ton lit, dans tes bras, portant ton nom et, plus tard, tes enfants… je n’ai pas pu le supporter.
    — Nous sommes unis devant Dieu, Anne… et à cela vous ne pouvez rien… pas plus qu’au fait que je l’aime.
    — Peut-être… on n’est pas maître de son cœur, je ne le sais que trop. Mais parfois Dieu se trompe et parfois il ne lie les êtres l’un à l’autre que pour leur punition. Cette femme est incapable de t’apporter le bonheur…
    — Ce n’est pas à vous d’en juger.. Et, maintenant, je vais vous poser la question, la seule qui m’intéresse vraiment et que de si graves intérêts m’ont empêché de poser jusqu’à présent : qu’avez-vous fait d’elle ?
    — D’elle ? Qui donc ?
    — Judith, ma femme ! fit-il avec impatience. On m’a dit qu’elle avait cherché refuge chez Madame, à Montreuil, lorsqu’elle s’était enfuie de ma maison, on m’a dit aussi qu’on vous en avait confié la garde ?
    — À moi ? Votre femme ? Qui a bien pu vous dire un mensonge aussi éhonté ? Il y a des mois que je n’ai vu celle que l’on appelait Mlle de Latour… et

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